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A moins d’un mois de la double explosion du port de Beyrouth, une manifestation à l’appel des proches des victimes a eu lieu ce mardi devant le domicile du ministre de l’Intérieur sortant Mohammad Fahmi, considéré une entrave à l’enquête, qui jusqu’alors n’a pas abouti. Le ministre de l’Intérieur sortant avait refusé d’approuver la comparution devant la justice du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, à l’image d’autres personnalités politiques dont des députés et anciens ministres, également protégés par l’immunité que leur confère leur statut.

Des centaines des manifestants se sont ainsi rassemblés devant le domicile de Fahmi, avec des cercueils en bois et le portrait des victimes. « Nous ne pouvons pas nous taire maintenant, s’ils refusent de comparaître devant la justice, c’est le peuple qui doit les juger », disait un des manifestants. La colère des manifestants face à l’ingérence politique dans l’affaire, trouve ses sources dans la corruption généralisée du régime, a explosé ce mardi. Les manifestants sont parvenus à faire tomber les portes, pénétrer dans l’immeuble et déposer les cercueils et les portraits des victimes devant.

La répression n’a pas tardé à arriver, avec le déploiement des policiers et des militaires. « Ils n’hésitent pas à battre des pères qui ont enterré leurs fils… Honte à eux ! Nous ne bougerons pas d’ici et les immunités tomberont », disait un autre manifestant.

Le Liban est secoué par des mobilisations depuis 2019, avec une aggravation de la crise économique et politique et alors qu’une pression internationale s’abat sur le pays, avec des visites d’Emmanuel Macron et, récemment avec la décision des pays membres de l’Union Européenne de punir les dirigeants libanais à l’origine de la crise avec « un cadre juridique de sanctions » visant à accélérer la réalisation des réformes néolibérales. Le récentes mobilisations anti-pouvoir et pour la levée de l’immunité des hauts responsables politiques montrent le chemin face à la misère et à la corruption, qui s’inscrit dans la longue séquence de lutte de classes au Liban. C’est bien dans le cri des manifestants, ce mardi « Le peuple veut la chute du régime » qu’il existe une voie de sortie et une résolution pour le peuple libanais.