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Avec une trajectoire temporellement inverse à celle d’Elisabeth Borne, à la tête de la RATP il y a cinq ans et qui lui a succédé à la tête du gouvernement, Jean Castex, ex Premier Ministre vient d’être nommé… PDG de la RATP.

Blanquer ou Lemoyne annoncés à Versailles, Castaner à la tête du port de Marseille, Emmanuelle Wargon à la présidence de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) ou encore Brigitte Bourguignon à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et donc Jean Castex à la RTAP : pour les anciens ministres de Macron, reconversion professionnelle rime décidément souvent avec bras long et recasage en règle.

Dans le cas de Castex, pour Macron, il s’agit à l’évidence de s’assurer que la RATP soit tenue d’une main de fer dans un moment où celle-ci se trouve au cœur d’enjeux cruciaux pour ce second quinquennat.

La question des transports en région parisienne va prendre une importance toute particulière du fait de l’accueil de deux évènements d’ampleur : d’abord avec la Coupe du monde de Rugby en 2023, puis, et surtout, avec les Jeux Olympiques de 2024. « Le chef de l’Etat s’assure aussi de mettre la RATP et ses 69 000 salariés entre des mains de confiance, à un moment particulièrement délicat. » peut-on lire dans Le Monde. « Les deux grands événements sportifs de 2023 et 2024 vont se dérouler à un moment où les relations sociales sont particulièrement tendues à la Régie. Pour plusieurs raisons. Le corps social de l’entreprise a encore du mal à accepter les réformes à marche forcée engagées par Catherine Guillouard avant son départ, le 30 septembre. »

Interviewé dans le journal sportif L’Equipe au cours de l’été, Macron évoquait déjà sans fard les inquiétudes du gouvernement sur des mobilisations sociales dans les transports pendant les JO, expliquant que « tout sera fait afin que l’on ne soit pas tributaire et exposé à un risque de mobilisation sociale ».

Le gouvernement n’est ainsi pas sans oublier l’explosivité du secteur qui a constitué la pointe avancée de la grève contre les retraites de l’hiver 2019-2020. Or, des raisons de se mobiliser, les travailleurs et travailleuses de la RATP ne vont pas en manquer au cours du prochain quinquennat, dans un contexte général d’inflation, de grèves pour les salaires et alors que Macron prévoit de faire passer la réforme des retraites en force avant la fin du mois de janvier 2023.

Après avoir piloté la casse sociale à la tête du gouvernement, Castex a pour mission de poursuivre la grande entreprise néolibérale de destruction du transport public à la direction de la RATP. Destruction des conditions de travail, privatisation et continuation de l’ouverture à la concurrence sont au programme.