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« Hem votat ! »

Catalogne. 2,2 millions de bulletins, 844 blessés et un grand perdant

Le message de la journée de dimanche, en Catalogne, est clair. En dépit, et sans doute y compris à cause de la violente répression qui a radicalisé le camp indépendantiste, c’est bien le « oui » qui l’a remporté lors de la consultation populaire sur l’avenir du pays. La droite espagnole et Madrid se retrouvent en extrême difficulté.

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Cela n’a pas empêché Mariano Rajoy, le chef de l’exécutif espagnol, de marteler, à la télévision, dimanche soir, que l’état de droit s’était imposé en Catalogne… Les résultats, pourtant sont là, et les images ont fait le tour du monde : d’un côté, pendant toute la journée, des dizaines de milliers de personnes voulant exercer leur droit de vote avec, face à eux, des centaines de policiers casqués matraquant les personnes âges comme les enfants ou les manifestants pacifiques défendant les urnes ; de autre, 90% des 2,2 millions de bulletins étant marqués par le « oui » à la question « souhaitez-vous que la Catalogne soit indépendante sous forme d’une république ? ». Avant dimanche, les mobilisations scandaient « votarem ! », « nous voterons ! ». Celles de dimanche soir étaient parcouru par un seul et même slogan, « hem votat !, « nous avons voté ! », en catalan.

Une grave crise pour Bruxelles

Pour Rajoy, qui dit avoir gagné la bataille, c’est une défaite sur toute la ligne. La situation institutionnelle de la Catalogne post-référendum, tant vis-vis de Madrid que vis-à-vis de Bruxelles, reste absolument inextricable dans la mesure où c’est la première fois qu’une portion de territoire d’un Etat de l’UE vote pour sa sécession. La crise qui est en train de s’ouvrir est aussi grave, si ce n’est plus, pour la bourgeoisie européenne, que lors de la crise grecque en 2015. Pour Rajoy, il se retrouve en extrême difficulté. Il a perdu l’appui de ses alliés du Parti Nationaliste Basque (PNV) dont il a besoin pour faire adopter son budget 2018. Les socialistes espagnols, qui continuent à traverser une crise profonde, se sont beaucoup trop alignés sur ses positions, en défendant l’option espagnoliste pour la Catalogne, pour représenter immédiatement une alternative à court terme.

La Catalogne à la veille de la grève générale

En Catalogne, les 17.000 policiers et gardes civils envoyés par Madrid pour interdire le référendum sont rentrés dans leurs casernes mais restent sur place. La situation devrait s’accélérer dans les prochaines heures, notamment à la suite de la grève générale pour le droit de décider et contre la répression, lancée pour mardi 3 octobre. Appelée dans un premier temps par la « gauche syndicale » (CGT et IAC), les fédérations catalanes des deux principales fédérations syndicales espagnoles (CC.OO. et UGT) ainsi que le syndicat majoritaire des agriculteurs de Catalogne et des entités patronales, s’y sont joints. Si la grève, à laquelle participeront les étudiants et les lycéens, est aussi massive que prévu, cela forcera davantage la main de la coalition politique ayant appelé au référendum.

Accélération

Le texte voté par le Parlament, le parlement autonome catalan, début septembre, et instituant la consultation référendaire de dimanche, prévoit qu’en cas de victoire du « oui », l’indépendance soit déclarée et que des élections constituantes soient organisées dans les 6 mois. Tout à une logique de surenchère, en interne, entre PDeCat (centre-droit indépendantiste) et ERC (centre-gauche indépendantiste), le président de la Généralité, Carles Puigdemont (PDeCat) semble ne plus pouvoir reculer devant l’annonce unilatérale de l’indépendance, qui devrait avoir lieu en milieu de semaine. Tout en continuant à maintenir des canaux de discussions officieux avec Madrid et appelant de ses vœux l’Union Européenne à intervenir, il reste pressé par l’ERC, qui souhaite dépasser ses alliés d’aujourd’hui lors d’un prochain scrutin catalan, mais également confronté à l’entrée en scène d’un acteur qui, jusqu’à présent, n’est pas intervenu en tant que tel : le mouvement ouvrier organisé.

En Catalogne, il n’y aurait pas de raison que le monde du travail, comme la jeunesse, ne pose, en parallèle de la question du droit à l’autodétermination, du respect du résultat des urnes et de la répression, également la question de l’austérité, des coupes budgétaires, du chômage et de la précarité, dont sont responsables les politiques catalans actuellement au pouvoir, au service de la bourgeoisie et du patronat, tout autant que le gouvernement centraliste madrilène. Il y a fort à parier, par ailleurs, que dans le reste de l’Etat espagnol, où des manifestations de soutien au droit à l’autodétermination comme des rassemblements espagnolistes d’extrême droite ont été organisés tout au long du week-end, le séisme catalan aura, générera également, y compris pour le mouvement ouvrier, des répliques extrêmement importantes.

Crédit photo : LLUIS GENE / AFP


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