Depuis ce matin, les chauffeurs de VTC, présents à la Bastille, continuent de lutter dans la rue, faisant part de leur revendications : acquérir une vraie reconnaissance de leur travail et s’assurer d’obtenir un salaire décent. L’ubérisation de l’économie marque en effet un nouveau palier dans la dislocation des droits des travailleurs, et les chauffeurs de VTC qui utilisent ce genre de plateforme sont les premiers à en faire les frais. Uber le sait fort bien puisque aux États-Unis, le patron de cette entreprisea décidé de payer 100 millions d’euros pour trouver un arrangement avec la justice américaine et ainsi obtenir la non-contractualisation des chauffeurs, qui impliquerait pour l’entreprise, si cet arrangement est annulé, une meilleure protection et plus de droits pour les salariés.

Les candidats à la présidentielle et Macron dans le viseur

Depuis la loi Macron, les entreprises de l’économie collaborative ont la possibilités de simplifier les démarches permettant de ne pas embaucher de salariés travaillant grâce aux plateformes de "partages". Uber en est l’exemple emblématique, car, du point de vue de l’entreprise, son rôle est simplement de mettre en lien un chauffeur VTC et des clients. Mais la plateforme n’oublie pas, par ailleurs, de récupérer des commissions atteignant 20 à 25 % du prix de la course sur le dos des chauffeurs et impose les tarifs sans concertation avec ces derniers. Face à la précarité extrême de ces emplois, les chauffeurs et syndicats ont décidés de répliquer et d’appeler les candidats à se positionner pour obtenir des protections face aux mange-touts de la finance, représentants du capitalisme vorace qui n’exige que le développement de leurs propres intérêts, de l’augmentation croissante du profit en dépit des travailleurs.

Uber et Macron même combat

Dans les médias, les porte-paroles d’Uber, au même titre que Emmanuel Macron, présentent ces nouveaux emplois comme un Eldorado pour aider les quartiers populaires à retrouver une dynamique vers le chemin du travail. Mais, à quelles conditions ?! Macron s’est défendu, durant une interview à Médiapart, que l’ubérisation permet l’employabilité chez les jeunes de quartier populaires n’ayant aucun travail. Ainsi, au lieu de trouver une réponse réelle face aux manques de travail, comme la division du temps de travail pour obtenir un emploi pour tous, Macron et Uber préfèrent le développement archaïque et l’esclavage moderne. Ainsi, Emmanuel Macron explique que c’est le seul moyen de proposer des emplois aujourd’hui dans une situation où le chômage de masse ne fait qu’augmenter. Il faut savoir qu’une grande partie de ces nouveaux auto-entrepreneurs, statut qui-plus-est défendu et promu par le gouvernement, n’apporte en général que désespoir et conditions de travail extrêmement difficiles. Très souvent, les chauffeurs VTC travaillent 60 à 70 heures par semaines pour obtenir un salaire équivalent au SMIC. Et il n’y a pas que le temps de travail qui explose : les protections sociales sont presque inexistantes et les chauffeurs ne peuvent quasiment pas financer leurs retraites. Qui plus est, ils doivent souvent contracter des crédits pour acheter ou louer une voiture que leurs salaires ne permettent pas de rembourser. Cette nouvelle économie collaborative n’est en réalité que la pointe avancée d’un capitalisme exacerbé, délétère pour ceux qui ne sont que de la chair à patron. Face à ces entreprises sauvages, l’uberisation et la loi travail maintenant en vigueur, il faut continuer à lutter, et exiger des vraies réponses face au chômage de masse, comme le partage du temps de travail et un emploi pour toutes et tous !