Photo : CGT

« Nos salaires sont comme la fusée Ariane 6, ils ne décollent pas ! ». Sur un rond-point de Lanvéoc (Finistère), une banderole des salariés d’ArianeGroup annonce le ton. Mercredi 8 février, ils sont une trentaine à avoir entamé une grève inédite dans l’histoire du site de Brest, installé il y a une quarantaine d’années, pour demander des augmentations de salaire.

En cause le refus de la direction de rediscuter des rémunérations malgré une augmentation de l’inflation, comme elle l’avait pourtant promis via une clause de revoyure, lors des négociations annuelles passées. Mais depuis les discussions sont restées « lettres mortes », témoigne Pierre-Marie Belhomme, syndicaliste CGT, seule organisation à avoir appelé à la grève.

« On pense qu’on ne peut négocier sans rapport de force. Alors on a souhaité montrer à la direction que nous étions capable de nous mobiliser », explique le cégétiste.Mercredi matin, 10% du personnel était en grève, en grande majorité chez les opérateurs d’atelier, métiers ouvriers. « Pour une première, c’est satisfaisant ! » se félicite Pierre-Marie Belhomme. Les salariés ont aussi tenu un piquet dans la matinée, accompagné de prises de paroles.

Une trentaine de grévistes étaient mobilisés mercredi matin pour réclamer des augmentations de salaire. Crédits : CGT

« Le pouvoir d’achat s’effrite »

La principale revendication : que leurs salaires rattrapent l’inflation. Avec 2% d’augmentation générale l’année passée, contre une inflation à 5,9% en moyenne en 2022, le compte n’y est pas, et « le pouvoir d’achat s’effrite », rappelle Pierre-Marie Belhomme.

L’objectif est aussi de se préparer à mobiliser dans le cadre des négociations annuelles obligatoires d’avril, et contre la mise en place progressive de la nouvelle convention collective de la méttalurgie, qui va revoir à la baisse les statuts et rémunérations des personnels. Tout ceci dans un contexte marqué par la bataille contre la réforme des retraites : les syndiqués « n’ont pas loupé une journée de manifestation ».

Dans ce site peu habitué aux conflits sociaux, « on est beaucoup à avoir compris que malheureusement le dialogue social est une illusion », explique Pierre-Marie Belhomme. Alors, « aujourd’hui nous essayons, petit à petit, de tenter de repolitiser l’usine ».