Nous relayons ci-dessous le communiqué des chercheurs argentins en France contre les coupes budgétaires dans la recherche en Argentine. Un rassemblement a été prévu pour l’occasion mercredi 14 décembre à 18h30 en face de l’Ambassade d’Argentine.

NON AUX COUPES BUDGETAIRES DANS LA RECHERCHE EN ARGENTINE. NON AUX PERTES D’EMPLOIS AU CONICET (CONSEIL NATIONAL DE LA RECHERCHE EN SCIENCE ET TECHNIQUE).

Aujourd’hui en Argentine on fait face aux premières conséquences de la forte réduction budgétaire dans la recherche (ST) annoncée pour le budget national de 2017 et qui vient d’être approuvé. Celui-ci annonce une coupe budgétaire de près de 30 % pour le secteur de la recherche.

D’après des informations non officielles - pour le moment -, certaines autorités du Conseil national de la recherche scientifique et technique (CONICET) et du Ministère de Science et Technologie argentin ont annoncé dans les médias qu’en 2017, le nombre d’admis aux postes de chercheurs scientifiques ne serait que de 385, à savoir 60% de travailleurs en moins que l’année dernière, un taux d’admission 40% plus bas qu’en 2014 et le taux le plus bas des dix dernières années.

Par ailleurs, l’appel annuel aux postes de chercheurs scientifiques, qui a lieu tous les ans en fin d’année, n’a pas été confirmé par le CONICET, et la date précise de l’appel n’a pas été annoncée non plus. Cette situation est d’autant plus grave que de nombreuses irrégularités ont eu pour conséquences qu’un bon nombre de chercheurs admis au concours en 2015 n’aient toujours pas pu prendre leurs fonctions ni percevoir leurs salaires.

Loin des promesses électorales qui proposaient de destiner 1,5 % du Produit intérieur brut (PIB) à la Science et la Technique, ces mesures aggravent le sous-financement des projets de recherche publique et se traduisent par la perte d’emplois pour des centaines de travailleurs dans le domaine scientifique.

Nous sommes donc dans une situation où, en raison du manque de budget, des centaines de candidats, qui en fonction de leur performance et de leur expérience professionnelle, ont déjà reçu une évaluation favorable pour devenir chercheurs scientifiques, et qui ont travaillé pour le système scientifique national au moins 7 ans en tant que doctorants ou post-doctorants allocataires sans pouvoir bénéficier des droits fondamentaux du travail (comme les cotisations pour la retraite ou les primes, entre autres), se retrouvent désormais expulsés de leurs postes de travail et du système scientifique argentin.

En tant que chercheurs argentins à l’étranger, nous tenons à exprimer notre inquiétude face à une situation qui met en danger la continuité des projets de recherche dans lesquels nous sommes investis ou pour lesquels nous collaborons dans notre pays. Nous sommes tout aussi inquiets quant aux possibilités de continuer nos recherches en Argentine à notre retour, ainsi que pour le travail de centaines de collègues qui ont cru et ont choisi de faire de la recherche en Argentine. Nous craignons que les perspectives qui se dessinent suite à ces mesures finissent par frustrer et décourager les futures générations de chercheurs argentins.

Nous croyons que les déplacements à l’étranger des chercheurs devraient contribuer à l’échange et à l’enrichissement de notre travail, tout comme au renforcement du développement scientifique, du système universitaire et du débat public dans notre pays. Nous refusons que partir à l’étranger devienne un choix contraint face aux pertes d’emplois et de ressources dans nos villes natales.

Nous appelons à renforcer nos liens d’organisation et de solidarité avec nos collègues en Argentine pour faire face à cette coupe budgétaire et pour réussir à ce qu’aucun travailleur de la recherche ne soit expulsé.