Article initialement publié par La Izquierda Diario

La plus grande grève du secteur de la santé de l’histoire des États-Unis vient de commencer ce mercredi 4 octobre. Suite à l’expiration du précédent contrat syndical, une coalition de huit syndicats de la santé composée des travailleurs de plusieurs États avait annoncé qu’elle entamerait un mouvement si la direction du géant Kaiser Permanente ne cédait pas à leurs revendications. Une mobilisation qui a démarré ce mercredi en Virginie et dans la ville de Washington, et qui va s’étendre dans la journée en Californie, au Colorado, en Oregon et dans l’État de Washington.

Kaiser Permanente est le plus grand consortium privé de gestion d’hôpitaux et des services de soins aux États-Unis. L’entreprise regroupe des travailleurs de la santé de différents secteurs, allant des infirmières aux techniciens en radiologie, en passant par les pharmaciens et les optométristes, entre autres fonctions. Elle dessert 12,7 millions de personnes en Californie, à Washington, en Oregon, en Géorgie, à Hawaï, à Washington DC, dans le Maryland et en Virginie.

L’expiration le week-end dernier du « contrat » entre les organisations syndicales et l’entreprise a été le point de départ du mouvement, poussant les travailleurs à réclamer une forte augmentation du nombre de salariés, la diminution des heures de travail pénibles, des hausses de salaire alignés sur l’inflation, et des prestations médicales pour le personnel retraité du secteur. En effet, alors que la société privée a déclaré plus de trois milliards de dollars de bénéfices au cours du premier semestre de 2023 et a versé des salaires supérieurs à 1 million de dollars par an à au moins 49 cadres supérieurs, les travailleurs dénoncent de leur côté des conditions de travail épuisantes en raison du manque de personnel et des salaires qui ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie.

La coalition syndicale qui a lancé l’appel à la grève pour trois jours représente environ 40 % de l’ensemble du personnel de Kaiser Permanente, selon Renee Saldana, porte-parole du Service Employees International Union-United Healthcare Workers West (SEIU-UHW), le syndicat le plus important de la coalition. Si aucun accord n’est conclu à l’issue des premiers jours de grève, le syndicat SEIU-UHW indique que la coalition sera prête à lancer une grève « plus longue et plus forte » en novembre, à la date de l’expiration du contrat des employés syndiqués dans l’Etat de Washington. La grève s’étendrait alors à un nombre de travailleurs plus important encore.

Le mouvement des travailleurs de la santé s’inscrit dans la vague de grèves qui déferle actuellement aux États-Unis, l’une des plus importantes de ces dernières décennies. Des centaines de milliers de travailleurs participent à des actions industrielles, des piquets de grève et des débrayages dans de nombreux secteurs : des 146 000 travailleurs de l’automobile syndiqués de l’UAW en grève chez Ford, GM et Stellantis aux scénaristes et acteurs d’Hollywood, en passant par les 53 000 travailleurs de l’hôtellerie à Las Vegas qui viennent de voter la grève la semaine dernière.

En plus des luttes pour la hausse des salaires face à l’inflation, pour des prestations médicales ou pour la retraite, et pour la fin de les écarts salariaux entre différents contrats, s’ajoutent des revendications plus radicales : les ouvriers de l’automobile, par exemple, demandent une réduction du temps de travail sans diminution de salaire, ce qui permettrait non seulement de créer de nouveaux emplois, mais aussi de lutter pour le droit fondamental aux loisirs et au temps libre.

Industrie, restauration, santé...les travailleurs américains entrent dans un nouveau mois d’octobre de luttes et de grèves et se préparent à un automne de mécontentement.