Des départs d’incendie ont été signalés dans la nuit du mardi au mercredi. Nnoman, photographe reporter sur place ces derniers jours, a partagé dans l’après-midi des vidéos impressionnantes de ces dits incendies qui se sont déclenchés également dans la journée. De nombreuses images sont venues témoigner des queues interminables, des violences sur les migrants, des pleurs. De nombreuses femmes ont manifesté en milieu d’après-midi suite à la gestion chaotique du « démantèlement » en appelant au respect des droits de l’homme, à la dignité. Ces incendies « violents » qui se sont déclarés on été décrits, dans plusieurs médias, comme des « actes de violence » commis par les migrants. Mais la violence depuis trois jours n’est pas là. La violence de ce « démantèlement » résulte dans le déploiement des forces de répression, dans la déportation et la dispersion de ces milliers de migrants aux quatre coins de la France dont l’avenir reste éminemment précaire et incertain, dans le tri au faciès qui s’est opéré pour distinguer les migrants « mineurs », des migrants « majeurs », s’est illustrée par le fait que de nombreux migrants ont préféré fuir que de rester à Calais et qu’ils seront bientôt chassés, délogés, feront l’objet de rafles, ou encore dans les OQTF (obligation de quitter le territoire français) et les placements en CRA (centre de rétention administratif) qui vont pleuvoir dans les semaines à venir. La liste des horreurs est longue. Les griefs à l’encontre de nos responsables politiques aussi, eux qui utilisent « Calais » pour faire une démonstration publique et médiatique – tout en tenant à l’écart toute une partie de la presse - de « rétablissement de l’ordre » et de la prise en charge « humanitaire » de cette « jungle » qu’ils ont créée de toute pièce. Eux qui font aujourd’hui le terreau du racisme ambiant qui s’abat sur les migrants : déclaration d’incendies dans plusieurs CAO, tirs à l’arme blanche contre des réfugiés.

« La fin de Calais » ou plutôt le début ou la poursuite de politiques réactionnaires, racistes, et de la déshumanisation des migrants. Dès demain, la destruction de ce qu’il reste du camp va se poursuivre. Il est à imaginer que ceux qui restent et ceux aux alentours seront expulsés manu militari. Certains résisteront et on ne leur fera pas de cadeau. Comme après chaque démantèlement, d’autres campements de fortune se crééront, certains reviendront peut-être et comme « l’opération humanitaire », ce qui relève du « volontariat » aura pris fin, tout ce qui subsistera après ne relèvera plus de « l’humanitaire » mais du « militaire », ne relèvera plus du « volontariat » mais de la « résistance ».

La « fin de Calais » nous dit-on, qu’en est-il du « début » de réponse, du « début » d’humanité apportée à toutes ces personnes en quête d’un avenir meilleur, qui ont fuit des pays où les pays impérialistes comme la France sèment la zizanie. Nous resterons attentifs, solidaires, en lutte avec ces milliers de personnes que les politiques réactionnaires, racistes, impérialistes frappent de plein fouet.

Crédits @NnoMan Cadoret