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Inflation, conditions de travail, sous-effectif… vers un été de grèves à Roissy Charles de Gaulle ?

Alors que la grève pour les salaires de l’été dernier est encore dans toutes les têtes, les conditions de vie des salariés se sont empirées depuis un an et la colère n’a pas disparue. A Roissy, les syndicalistes s'organisent pour l'été.

Alexis Taïeb

27 juin 2023

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Inflation, conditions de travail, sous-effectif… vers un été de grèves à Roissy Charles de Gaulle ?

Crédits photos : manifestation en juillet 2022 pour des augmentations de salaires / Révolution Permanente

A Roissy Charles de Gaulle, l’une des zones aéroportuaires les plus grandes au monde, l’été 2023 pourrait être un été des colères. Face à l’inflation, le manque de personnels et des conditions de travail de plus en plus dégradées, les salariés commencent à se mettre en grève. C’est par exemple le cas chez Transdev, entreprise de fret aérien, où les salariés ont débrayé à plusieurs reprises ces dernières semaines pour exiger des augmentations de salaires, l’embauche des intérimaires et de meilleures conditions de travail. Une colère qui reflète un climat général dans tout l’aéroport, à l’approche d’un été qui s’annonce torride.

Pour les syndicalistes de l’Union Locale CGT, le constat est plutôt clair : les problèmes du quotidien ne vont qu’en s’empirant et un délégué assure que « des grèves pour les salaires, il va y’en avoir » cet été. Parmi les nombreux problèmes évoqués, c’est souvent l’inflation et les bas salaires qui sont aux avants postes. Les conséquences de l’inflation sont présentes sur toutes les lèvres, avec notamment celle de l’essence qui représente une dépense très importante pour les plus de 80 000 salariés de l’aéroport, qui doivent effectuer de grande distance en voiture pour venir y travailler.

Des problèmes de salaires qui rappellent les grèves qui ont secoué l’aéroport en juillet 2022 : « Il faut qu’on refasse la même chose. On doit exiger des embauches et 300 euros d’augmentations pour toutes et tous, toutes boites confondues. On doit aller chercher l’unité. On n’avait jamais vu autant trembler les patrons qu’en 2022 ! ». En effet à cette période, un fort mouvement de grève avait mis en branle de nombreuses entreprises de l’aéroport autour de cette revendication unificatrice sur les salaires. Un mouvement qui avait permis quelque chose de difficile sur l’aéroport : contrecarrer la division orchestrée par le patronat qui éparpille les salariés dans plus de 800 entreprises.

Mais les salaires ne sont pas la seule source de préoccupations : c’est aussi le sous-effectif chronique et le nombre d’intérimaires très élevé dans de nombreuses entreprises qui posent problème systématiquement. Un constat qui s’est empiré depuis le COVID. Un délégué travaillant dans la restauration nous explique que « Depuis les licenciements de la période COVID, on tourne en sous-effectif permanent. Et pour combler les trous, les patrons préfèrent embaucher des intérimaires. Mais quand tu n’as pas de CDI, comment tu fais pour t’acheter une voiture ou pour emprunter de l’argent ? ça pose plein de problèmes au quotidien. On doit se battre pour exiger des embauches » rappelant au passage que pourtant « les patrons, eux, se sont font bien payer leur voiture de fonction ».

Autant de facteurs qui pourraient faire de l’été 2023 un été de lutte. « Avec les départs en vacances en juillet, on va atteindre le pic d’activité sur l’aéroport, ce qui veut dire beaucoup de travail. […] Les gens ont une sincère envie de relever la tête » assure un délégué syndical, avant de conclure « L’enjeu maintenant ça va être de coordonner cette colère ». C’est d’ailleurs ce qu’essaye déjà de faire les délégués de Transdev et AGS (entreprise de logistique) avec des agents de pistes d’Air France qui ont prévu de débrayer durant les trois prochains mois. « L’objectif est de taper sur le même clou » explique l’un d’eux.

Mais taper sur le même clou, dans un aéroport divisé en 800 entreprises, nécessitera de multiplier les assemblées générales dans toutes les entreprises, et permettre aux salariés, syndiqué ou non, de décider collectivement des moyens de lutter et autours de quels mots d’ordres. Seule la coordination de ces assemblées générales d’entreprises pourrait permettre, aujourd’hui, un vaste mouvement pour les salaires qui ne se fasse pas diviser et morceler par un patronat qui s’est spécialisé dans la sous-traitance en cascade.

Si pour le moment l’heure est la préparation du combat, c’est vraisemblablement un été qui s’annonce tendu à l’aéroport. Entre l’inflation, les conditions de travail qui vont s’empirer avec la chaleur et la colère accumulée depuis des mois, de fortes perturbations sont sûrement à prévoir.


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