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Seine-et-Marne

« La directrice m’accuse de faire couler la boîte » : un syndicaliste CFTC Transdev réprimé à Chelles

Au dépôt de bus de l’entreprise Transdev à Chelles, les salariés s’affrontent à un énième cas de répression syndicale de l’entreprise de transport privée. Zreouil, chauffeur de bus syndiqué à la CFTC, a été convoqué en conseil disciplinaire par la direction pour avoir déposé un préavis de grève, dénoncé des « bugs » sur les fiches de paie et les mauvaises conditions de travail.

Noah Rapa

19 octobre 2023

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« La directrice m'accuse de faire couler la boîte » : un syndicaliste CFTC Transdev réprimé à Chelles

Des « bugs » sur les fiches de paie ou un vol organisé ?

En octobre 2022, Zreouil, chauffeur de bus depuis 2008 et syndiqué à la CFTC depuis trois ans, dénonce des irrégularités sur les fiches de paie de salariés. « On nous a dit que c’étaient des « bugs », que les fiches de paie allaient être régularisées » explique le syndicaliste. Une promesse partiellement tenue, jusqu’au jour où un salarié constate un nouveau trou sur son salaire. « Un an plus tard, on a découvert qu’un salarié ne percevait pas de primes depuis près de trois ans. On a creusé cette histoire et on a remarqué que ce n’était pas un cas isolé, cela concernait des dizaines de salariés. Ce ne sont pas des bugs, mais un véritable vol » raconte le militant syndical.

À la suite de ce constat et de nombreuses plaintes, la semaine dernière le syndicat du dépôt de Chelles a déposé un préavis de grève. Pour cela, les salariés ont subi les foudres de la directrice du dépôt qui a notamment intimidé et menacé Zreouil. Il raconte « qu’elle s’est mise à me crier dessus et m’accuser de faire couler la boîte » et a ensuite « rajouté qu’en cas de grève, cela nuirait à l’appel d’offre ». Le salarié ajoute à juste titre : « ce n’est pas notre problème, nous, on doit remplir notre frigo à la fin du mois ».

Le 5 octobre 2023, à l’appel de la CFTC et de l’UNSA quelques salariés se sont mis en grève, accompagnés du soutien de certains usagers. « On ne lutte pas seulement pour nos conditions, mais aussi pour celles et ceux qui prennent les transports, pour qui la situation devient très tendue aussi. Les gens commencent à craquer, et des scènes de violence éclatent aux abords des arrêts de bus, faute de place pour rentrer dans le bus » rapporte Zreouil, qui ajoute que certains usagers disent qu’il est plus rapide de marcher que de prendre le bus désormais.

Économie sur les salaires, casse des conditions de travail et répression syndicale… Transdev fidèle à elle-même

Selon Zréouil, ce qui a lancé la grève ce sont aussi les mauvaises conditions d’entretien du matériel et l’augmentation des cadences. Certains chauffeurs de bus doivent enchaîner deux services de sept heures avec seulement six heures de repos, ce qui met en péril la sécurité de l’ensemble des usagers et des travailleurs. « L’année dernière, un collègue s’est endormi au volant et a percuté le bus en face de lui. Il s’est fait licencier » raconte le syndicaliste. Dans le même sens, il ajoute que la direction ne prend même plus le temps de former les intérimaires qui arrivent sur de nouvelles lignes, « ils arrivent le matin, on leur donne un GPS qu’on colle sur le pare-brise, ce qui est dangereux, et ils doivent se débrouiller pour assurer le service. »

Une inquiétude de plus en plus pesante, alors que les salaires dans la boîte sont juste au-dessus du smic. « On a voulu se mettre en grève, mais la direction à tout fait pour nous en empêcher » défend Zreouil. D’après le chauffeur, la directrice a ordonné à l’agent d’exploitation de ne pas délivrer les bulletins permettant aux salariés de pouvoir se mettre en grève légalement. Pire encore, il rajoute que pour contrer le blocage du dépôt, la directrice a déplacé les bus dans le parking d’un gymnase de la ville, en complicité avec le maire de la ville.

Les collègues de Zreouil appellent à un rassemblement en solidarité

Cette situation de conflit social dans l’entreprise s’est soldée par la convocation de Zreouil en conseil disciplinaire, clairement visé pour son engagement syndical et son rôle dans le lancement de la grève et la dénonciation des mauvaises conditions de travail et de salaires. « Ils veulent me menacer, mais je ne me laisserai pas faire. J’ai entamé une procédure aux prud’hommes. Ils s’attaquent à moi alors que je fais simplement mon travail de syndicat, à savoir défendre les travailleurs » déclare Zreouil. En plus de cette défense juridique, le syndicat organise également un rassemblement pour le soutenir le lundi 23 octobre à 11h30 sur le dépôt de bus, au moment de la convocation.

Alors que ce sont des travailleurs essentiels, les salariés des transports sont toujours plus attaqués par l’ouverture à la concurrence et la privatisation des services. Pour Zréouil cela explique que « plus personne ne souhaite devenir chauffeur de bus ». En effet, selon lui, « les salaires sont revus au rabais, on fait des économies sur la masse salariale et les conditions de travail se dégradent constamment, c’est de l’esclavagisme déguisé ».

Ce n’est pas la première fois que Transdev utilise ce type de méthodes de répression syndicale contre des syndicalistes ou des salariés engagés. On se rappelle du cas de Laurent, contrôleur de bus à Transdev, licencié pour avoir fait grève et défendu le service de transport.


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