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C’est pour 2 semaines au moins que la préfecture de Paris interdit à partir de ce mardi 23 février la consommation d’alcool entre 11h et 18h, place de la Contrescarpe – où Alexandre Benalla avait été filmé en train de tabasser des manifestant en 2018 – et rue de Buci dans le Vème et le VIème arrondissement de Paris. Dans la même lignée que la mise en place du confinement le week-end sur le littoral de Nice, le gouvernement tente d’endiguer l’épidémie par des mesures restrictives, plus répressives qu’efficaces sur le plan sanitaire. Ces mesures suivent la même logique politique que lors de la deuxième vague, celle d’une gestion de la crise sanitaire made in MEDEF qui consiste à maintenir à tout prix l’activité économique et les profits du grand patronat quitte à sacrifier notre santé, en préférant restreindre la vie sociale plutôt qu’investir massivement dans le secteur public de la santé.

En préférant des mesures locales plutôt que nationales, le gouvernement tente aujourd’hui de répondre à deux préoccupations : d’une part maintenir l’illusion d’une situation sanitaire sous contrôle, d’autre part donner l’image d’une rupture avec la verticalité qui préside à la prise des décisions. Mais entre les confinements successifs, l’état d’urgence sanitaire, le couvre-feu, depuis bientôt un an la population est confrontée à la gestion erratique de la crise sanitaire par le gouvernement, et la défiance s’accentue dans l’opinion vis-à-vis de ces mesures répressives doublées d’une crise économique sans précédent. D’autant que d’un point de vue sanitaire l’explosion des cas de contaminations et la vague de variants dans les Alpes-Maritimes, en Moselle ou encore à Dunkerque dans le Nord montrent l’inefficacité de ces mesures.

En plus du couvre-feu policier dont on ne compte plus le nombre de spécialistes de santé publique qui remettent son efficacité sanitaire en cause, le nouvel arrêté préfectoral du préfet Lallement qui vise à interdire la consommation d’alcool à partir de 11h dans certaines rues de Paris va accroître les contrôles policiers et les amendes sans régler la situation sanitaire. C’est encore une fois sur la responsabilité individuelle que le gouvernement repose la faute, se dédouanant de l’absence d’une stratégie sanitaire à la hauteur de la pandémie. Pour autant, la macronie marche sur des œufs car l’annonce d’un troisième confinement comme dernier recours contre la saturation des hôpitaux pourrait contribuer à accentuer les contradictions d’une situation d’ores et déjà propices à de subites explosions de colère. Alors que les bars et restaurants sont fermés depuis 4 mois, que la vie sociale se réduit, que le chômage et la misère frappent violemment les classes populaires et notamment la jeunesse, il s’agit pour notre camp social d’imposer une stratégie sanitaire sous contrôle des soignants et de la population, qui réponde aux besoins sanitaires et sociaux de la majorité plutôt qu’à la sauvegarde des profits du grand patronat.