Communiqué sur la situation sanitaire dans les établissements scolaires, voté par 33 enseignantes et enseignants du lycée Honoré de Balzac.
Mitry-Mory, Seine-et-Marne, le 1er octobre 2020.
Un mois après la rentrée, dans de nombreux établissements scolaires, nous faisons un constat commun : rien n’a été prévu pour faire face à l’ampleur de la crise sanitaire et à la reprise attendue de l’épidémie.
Dans notre établissement comme ailleurs, un protocole sanitaire digne de ce nom est inapplicable du fait du manque de moyens humains et matériels :
Dans notre établissement comme ailleurs, des cas de Covid-19 se succèdent parmi les élèves : à ce jour deux étudiants en BTS, deux élèves de Terminale, un élève de Première, un élève de Seconde sont concernés – ainsi que, souvent, des membres de leurs familles.
Pourtant, les décisions de l’ARS et du Rectorat permettent à peu de personnes de s’isoler à d’effectuer un test. En effet, les seuls « cas contacts » que les autorités reconnaissent au sein du lycée sont les personnes ayant déjeuné à la cantine avec un élève atteint par le virus. Elles excluent d’emblée les camarades et les personnels qui les ont côtoyés hors du réfectoire, y compris plusieurs heures consécutives en classe. L’argument invoqué est que le port du masque empêcherait la contagion... Mais comment comprendre alors que les cours d’EPS, où les élèves effectuent une activité physique sans masque, ne soient pas non plus pris en compte ?
De plus, avec cette définition restrictive des cas contacts, l’Etat semble considérer que notre contamination au travail est impossible. Faut-il comprendre que les personnels ne pourront jamais faire reconnaître l’imputabilité au service de cette maladie et de ses conséquences ?
Par ailleurs, le travail de recherche des cas contacts, théoriquement pris en charge par l’ARS (notamment pour ce qui concerne les fréquentations hors du lycée) repose en fait largement sur l’administration du lycée, en plus de ses tâches habituelles. Ou sur la bonne volonté des élèves qui sont parfois amenés à se déclarer eux-mêmes en voyant que l’ARS ne les contacte pas.
Dans ce contexte, la réduction de la liste des personnels vulnérables, annoncée par le gouvernement juste avant la rentrée, apparaît d’autant plus scandaleuse et irresponsable. Des collègues placés avant l’été en télétravail ou en autorisation spéciale d’absence, en raison de leur vulnérabilité, sont désormais privés de toute protection, ou contraints de solliciter un arrêt maladie.
Les conditions d’incurie de cette rentrée constituent une maltraitance institutionnelle à l’égard des élèves, des personnels, et des familles. Cette maltraitance est redoublée par la communication gouvernementale, entre un discours de déni alors que tous les indicateurs sanitaires se dégradent, en particulier en Ile-de-France, et un discours culpabilisateur qui renvoie les contaminations à des responsabilités individuelles.
Face au décalage entre nos constats sur le terrain et le discours officiel des autorités, nous estimons avoir un devoir d’alerte. Ne rien dire, ce serait être complices.
Des mesures élémentaires pourraient encore nous laisser une chance d’éviter une catastrophe sanitaire, des fermetures généralisées et durables d’établissements, et un nouveau confinement :
Cette année n’est pas et ne sera pas normale : vouloir tout faire fonctionner comme si de rien n’était, c’est faire courir à toute la société des risques immenses.
C’est pourquoi nous rejoignons l’appel lancés par nos collègues de plusieurs établissements de Seine-Saint-Denis,