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Du fric pour la santé pas pour réprimer

Manque de moyens à l’hôpital. Les soignants testés positifs au Covid forcés à travailler

Un avis du Haut Conseil de la santé publique autorise depuis le mois de mai, qu’un soignant puisse exercer en étant positif au Covid. Un scandale absolu de la part des dirigeants politiques, quand on sait que depuis des mois, les soignants réclament plus de moyens matériels et humains dans les hôpitaux pour gérer la crise sanitaire. Un problème qui se réglerait simplement par des embauches massives.

Tyshka Rostov

17 octobre 2020

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Crédits photos : Kenzo Tribouillard / AFP

Le Haut Conseil de la santé publique publie un avis le 23 mai 2020, pour autoriser les soignants à exercer dans les hôpitaux s’ils ont contracté le Covid19 en étant asymptomatique : "Dans le cas où un personnel non remplaçable serait porteur du SARS-CoV-2 et asymptomatique, la possibilité dégradée d’un maintien en poste avec un renforcement des mesures de précaution et d’hygiène est envisageable afin que la balance bénéfice/risque ne soit pas défavorable".

Les effectifs étant insuffisants dans les hôpitaux, et ce bien avant la crise sanitaire, le gouvernement fait le choix de ne pas remplacer les soignants positifs au Covid mais de les envoyer travailler. Un scandale de la part des dirigeants politiques, sur lequel revient Yves Morice, secrétaire de la section Sud au CHU de Rennes, pour France 3 Bretagne : « Les hospitaliers sont considérés comme de la chair à canon. En début d’année, le ministre de la Santé (Olivier Véran, ndlr) assurait que tous les soignants contaminés seraient pris en charge comme maladie professionnelle.[…] Le message, c’est : quand vous tombez malades au travail, vous n’êtes pas reconnus. Mais en plus, si vous êtes asymptomatiques, vous devez aller bosser. C’est ça, le cynisme. » Aujourd’hui, non seulement le Covid n’est pas considéré comme une maladie professionnelle, mais en plus ceux qui le contractent doivent aller travailler.

Une décision insultante quand on sait que le secteur de l’hôpital croule sous les cadences et le manque de moyens, et qu’il revendique depuis des mois plus de soignants, plus de salaire, plus de lits, de matériel, bref, plus de moyens pour faire fonctionner un système de santé viable. Ils se mobilisaient d’ailleurs ce jeudi pour crier leur colère et dénoncer la gestion catastrophique de la crise sanitaire.

Les soignants testés positifs au CHU de Nantes continuent à travailler

A l’heure actuelle, au CHU de Nantes, la situation frôle l’absurdité. Autorisés par l’avis cité plus haut, onze soignants positifs au Covid exercent en réanimation et il y a aussi des cas aux urgences et au Samu, selon France Bleu.

Olivier Terrien, le secrétaire général CGT du CHU de Nantes, s’indigne de cette situation absurde au micro de France Inter : « La sécurité sociale dit aujourd’hui que si vous êtes contact, si vous êtes positif, vous devez être isolés. Nous, c’est tout le contraire ! ».

En plus d’être épuisés physiquement par des cadences intenables, les soignants subissent aussi une pression psychologique forte. Aller travailler dans des conditions sanitaires aussi laxistes, et prendre le risque de contaminer sa famille en rentrant chez soi, ses collègues de travail, ou encore même des patients malades, ajoute un stress et une charge mentale dure à vivre.

Cette mesure montre l’hypocrisie du gouvernement, qui met en place un couvre-feu restrictif, sous-entendant que le virus circule surtout chez les jeunes, dans les fêtes et les rassemblements privés, incitant les gens à aller au travail à l’école. Pourtant on sait que près de la moitié des clusters sont dans les milieux scolaires et les entreprises. Et qu’en attendant, des soignants peuvent être envoyés à l’hôpital alors qu’ils sont positifs au Covid. Peut-être que pour endiguer le virus il faudrait commencer par ne pas faire circuler le virus dans les hôpitaux… Mais cela demanderait des moyens qu’il s’agirait de prendre en imposant massivement les plus riches qui se sont gavés plus que jamais pendant le confinement et continuent en licenciant à tour de bras. Aujourd’hui le gouvernement se cache derrière le temps de formation d’un réanimateur pour dire qu’il est impossible de former plus de personnels. Les hôpitaux ont besoin de bras à tous les étages, et de bras bien payés. Le problème n’est pas une question de formation mais de moyen : si le gouvernement a su trouver des milliards à donner aux patrons qui licencient, il n’a pas su les trouver pour embaucher massivement dans la santé.

Tandis que les soignants revendiquent plus de moyens pour un système de santé efficace, la priorité du gouvernement semble rivée sur d’autres problèmes : par exemple, protéger la police. Cela résume bien le sens des priorités des dirigeants politiques, qui gèrent la crise de manière autoritaire, en délaissant les mesures sanitaires.


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