Plusieurs dizaines de morts seraient d’ores et déjà à déplorer dans et aux abords de l’hôpital Al-Shifa, alors qu’une opération de l’armée israélienne y est en cours depuis ce matin. Cet hôpital est la plus grande institution de soin dans l’enclave gazaouie. Abritant « des dizaines de milliers » de civils, l’hôpital, situé au cœur de Gaza City, avait déjà été pris pour cible pendant le siège de la ville, en novembre dernier.
🚨The vicinity of Al-Shifa Medical complex now !
3/18/2024 pic.twitter.com/RYEdvqXVfl— Falasteen (@falastineisme) March 18, 2024
Après d’intenses bombardements dans le quartier d’Al-Rimal, dans lequel se situe l’hôpital, « plus de 45 chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens » y seraient entrés d’après des habitants témoins de l’attaque. Israël a justifié ses opérations en déclarant que des « haut gradés du Hamas » s’étaient réfugiés dans l’hôpital.
According to local sources at Al-Shifa Hospital : Journalist Ismail Al-Ghoul, correspondent for Al Jazeera, was brutally beaten and assaulted by the israeli occupation army, and then taken to an unknown location ! pic.twitter.com/cQIbjiyNql
— Eye on Palestine (@EyeonPalestine) March 18, 2024
Un journaliste d’Al Jazeera, Ismail Al-Ghoul, aurait par ailleurs été arrêté, tabassé et emmené de force par l’armée israélienne dans un lieu inconnu, alors qu’il tentait de couvrir l’assaut de Tsahal contre l’hôpital. Une répression contre les journalistes dont Tsahal s’est fait une spécialité, alors qu’elle en a déjà assassiné plus d’une centaine.
Il ne s’agit pas de la première attaque visant des hôpitaux gazaouis, que l’armée israélienne considère comme des cibles prioritaires depuis le début de son offensive. Al-Shifa, assiégé par Tsahal le 15 novembre, a subi de nombreuses attaques depuis le début de la guerre coloniale à Gaza.
L’armée israélienne prétendait à l’époque que l’hôpital servait de dépôt d’armes au Hamas, que des otages y étaient enfermés et qu’il était utilisé comme une base par le mouvement palestinien, voire même qu’il accueillait le siège du gouvernement de l’organisation. À l’issue de l’assaut massif lancé contre l’hôpital en novembre, l’armée israélienne n’avait trouvé ni otages ni centre de commandement. Tsahal n’avait pu y saisir, pour seul butin de guerre, qu’une poignée de matériel militaire : quelques gilets par balle et des armes de poing. Cet assaut, justifié par une propagande mensongère, avait coûté la vié à plusieurs dizaines de civils, dont plusieurs nourrissons.
L’hôpital, qui abrite encore des dizaines de milliers de personnes, parmi lesquels de très nombreux enfants victimes des bombardements, est donc à nouveau pris pour cible au nom des mêmes objectifs qui avaient justifié sa mise à sac en novembre. Alors que l’armée israélienne prétend avoir « sécurisé » le nord de l’enclave, où se situe l’hôpital, cette opération représente soit une nouvelle répression coloniale de la population gazaouie justifiée par une propagande mensongère ; soit une preuve de l’incapacité du gouvernement israélien à réaliser ses objectifs de guerre les plus élémentaires, face à un Hamas qui n’aurait jamais été totalement chassé du nord de l’enclave ou serait parvenu à s’y réimplanter.
L’attaque contre l’hôpital Al-Shifa témoigne en tous cas une nouvelle fois de l’extrême brutalité des opérations militaires israéliennes et de la nature génocidaire de la guerre en cours. Affamant volontairement la population de l’enclave, tirant sur la foule pendant les distributions humanitaires, multipliant les exécutions arbitraires des habitants de l’enclave, Israël poursuit l’anéantissement de la population gazaouie et pourchasse les rescapés des bombardements jusqu’à leur lit de mort.
