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« Nos élèves sont concernés » : des personnels de l’Education se mobilisent contre la loi immigration

Suite au vote de la loi immigration, les personnels de plusieurs établissements scolaires se sont mobilisés pour dénoncer une loi raciste et xénophobe et montrent la voie à suivre !

Tristane Chalaise

22 décembre 2023

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« Nos élèves sont concernés » : des personnels de l'Education se mobilisent contre la loi immigration

Crédits photo : X/Twitter @RevPermanente

Remise en cause du droit du sol pour les enfants nés en France de parents étrangers, exclusion des aides sociales – dont les allocation familiales, aides au logement, assurance maladie – pendant plusieurs années, rétablissement du délit de séjour irrégulier, limitation du droit à l’hébergement d’urgence pour les personnes sans papiers… La loi immigration, votée ce mardi par les députés de la majorité présidentielle, de LR et du RN, marque un durcissement brutal des mesures visant les étrangers en France. Un durcissement qui va impacter durement une partie des élèves, de leurs familles et des personnels de l’éducation en dégradant encore les conditions de vie des étrangers les plus précaires, y compris des mineurs.

Contre une loi raciste et xénophobe, des travailleurs de l’Education et des lycéens se mobilisent

Dès lundi, au lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, des enseignant-e-s étaient en grève contre la loi immigration, tandis qu’à Marseille, une centaine de grévistes ont répondu à l’appel à la grève de Sud Education 13 et la CNT-F lancé à l’occasion du 18 décembre, journée internationale des migrants, mais aussi – il fallait oser – jour d’ouverture des débats concernant la loi immigration à l’Assemblée.

Avec la promulgation de la loi, considérée comme une « victoire idéologique » par l’extrême-droite elle-même, les personnels de plusieurs établissements scolaires se sont ainsi mobilisés pour dénoncer une loi raciste et xénophobe, qui va encore « aggraver la précarité financière, sociale, administrative des personnes visées […] restreindre l’accès aux études, laisser sans protection des mineur-e-s à la rue », comme le pointe le communiqué publié par les personnels du lycée Rosa Parks/Angela Davis de Saint-Denis (93). Ce jeudi, une grève et un rassemblement étaient ainsi organisés au lycée Paul Eluard de Saint-Denis (93), tandis que, dans le même département, les personnels de lycées Utrillo de Stains, Feyder à Epinay-sur-Seine et du collège Rosa Luxemburg Aubervilliers sont à l’origine de plusieurs communiqués appelant l’Education à se mobiliser contre la loi immigration.

En plus des personnels, les lycéen-ne-s de plusieurs établissements se sont mobilisés en réaction à l’adoption de la loi immigration. Les lycées Gabriel Guist’hau à Nantes et Joachim-Du-Bellay à Angers étaient ainsi bloqués ce vendredi, tandis qu’en région parisienne, dans la continuité du blocage du lycée Turgot de jeudi, les lycéens de Claude Monet et de Sophie Germain se sont également mobilisés en « Solidarité avec les sans-papiers ». A Sophie Germain, la police est ainsi violemment intervenue pour réprimer les élèves.

A la veille des congés de fin d’année, il s’agit pour les personnels de ces établissements de « lancer un début de mobilisation collective », comme le pointe Jérôme Martin, professeur de français à Paul Eluard et syndiqué à Sud-Education 93. « S’il n’est pas facile de construire une mobilisation dans l’urgence et à la veille des vacances, nous comptons sur nos organisations syndicales ainsi que sur les parents d’élèves pour nous accompagner dès maintenant dans cette lutte. Nous sommes également prêt-e-s […] à nous organiser avec les autres établissements du bassin ou de Seine-Saint-Denis pour bâtir une mobilisation collective et déterminer ensemble les actions possibles. » écrivent ainsi les personnels d’Utrillo et de Rosa Luxemburg.

Une première mobilisation qui montre la voie à suivre

Pour Emilie, enseignante au Lycée Antonin Artaud de Marseille, gréviste et syndiquée à Sud Education 13 interrogée par Révolution Permanente, la loi immigration, tout en marquant un saut, s’inscrit ainsi dans la continuité des dernières mesures et annonces du gouvernement : « L’Etat nous demande de considérer nos élèves comme des ennemis intérieurs […] On refuse l’instrumentalisation du meurtre de notre collègue Dominique Bernard, on refuse le durcissement de la loi, on refuse de stigmatiser nos élèves. » Depuis la rentrée, l’école est en effet au cœur des offensives menées par le gouvernement, que soit pour le renforcement des mesures islamophobes, sécuritaires et autoritaires, mais aussi réactionnaires, avec le spectre du retour de l’uniforme et de la fin du collège unique.

Un ensemble de mesures face auxquelles les directions syndicales n’ont, jusqu’alors, proposé aucune véritable réponse ni plan de bataille. Si Gabriel Attal a enchaîné les annonces depuis le mois de septembre, il aura fallu trois mois pour que les principales organisations syndicales de l’Education ne lancent un appel à la mobilisation, avec l’annonce d’une grève portant sur les « salaires, postes, conditions de travail, réformes » pour le… 1er février. Un appel qui, s’il a le mérite d’exister, apparait bien en-deçà de la violence des attaques. De même, il aura fallu plusieurs jours pour que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, évoque des initiatives « d’ampleur » contre la loi immigration – sans pour autant donner davantage d’éléments concrets – s’étant contentée, jusqu’alors, d’interpeler le gouvernement de d’appeler à la « désobéissance civile ».

Dans ce contexte, les initiatives portées par les personnels mobilisés contre la loi immigration sont un point d’appui pour la construction de cette mobilisation et de ces initiatives « d’ampleur », contre la loi immigration et contre toutes les mesures racistes et islamophobes du gouvernement qui vise à toujours plus stigmatiser, réprimer, diviser et exclure. Une mobilisation dans laquelle les mots d’ordre pour les salaires, les conditions de travail et la précarité ont eux-aussi toute leur place, les attaques contre les étrangers accompagnant des offensives d’ampleur contre le monde du travail, dans un contexte où l’inflation se poursuit depuis la crise sanitaire.

La lutte des personnels de l’Education qui refusent les mesures racistes du gouvernement montre la voie à suivre. Les organisations syndicales devraient leur donner de la voix et s’en inspirer pour proposer un véritable plan de bataille, à même de faire reculer un gouvernement aujourd’hui à l’attaque sur tous les fronts. Comme le pointent les personnels d’Angela Davis, « L’urgence est de défendre plus de droits, non de les réduire pour certain-e-s. »


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