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Victoire !

Promesse d’embauche pour les grévistes, les sans-papiers à Villepinte remportent une première bataille !

Ce mardi, plus de 600 travailleurs sans-papiers de différentes entreprises ont commencé une grève coordonnée sur 35 sites pour exiger leur régularisation. A Villepinte, ils ont obtenu leur CERFA dès le 1er jour, une situation inédite à 3 semaines de l'étude de la loi immigration au Sénat.

Ivan Ferrero

20 octobre 2023

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Promesse d'embauche pour les grévistes, les sans-papiers à Villepinte remportent une première bataille !

Crédit photo : Révolution Permanente

Dans 35 entreprises ce mardi matin, plus de 600 travailleurs sans-papiers de la logistique, du bâtiment, du nettoyage ou encore de la distribution ont simultanément arrêté le travail, dans le cadre d’une action organisée depuis plusieurs mois avec la CGT. Un mouvement d’une ampleur inédite, qui a conduit la majeure partie des entreprises a céder le jour même, voir le lendemain, aux revendications des grévistes, à savoir l’obtention de promesses d’embauche et de certificats de concordance.

Ces deux documents qui sont absolument nécessaires pour déposer un dossier de régularisation à la préfecture, rendent les travailleurs sans-papiers dépendants du bon vouloir de leur employeur. « C’est qu’avec des piquets de grève qu’on peut obtenir ces documents. Quand tu viens tout seul, on ne te le donne jamais » explique ainsi Amadou*, un des grévistes. C’est en ce sens que les grévistes exigent plus largement l’obtention de titre de séjour dès la preuve de la relation de travail, qu’atteste justement le certificat de concordance, afin d’en finir avec cette situation de dépendance et de précarité.

A l’aéroport de Roissy Charles de Gaule, plus d’une centaine de travailleurs, répartis dans trois entreprises d’intérim, ont participé au mouvement et ont obtenu la délivrance des documents souhaités. Afin d’imposer un maximum de pression au patron, 39 d’entre eux ont décidé d’occuper les locaux de leur direction à Villepinte. Sous la pression et face à l’ampleur du mouvement, la direction a cédé à 18h et a délivré les 39 CERFA.

A Villepinte, les travailleurs sans-papiers s’organisent depuis des mois nous explique Lamine*, porte-parole du mouvement et travailleur en intérim depuis 3 ans : « on a commencé à s’organiser il y a 3 mois, en créant un groupe WhatsApp pour se coordonner et réunir les dossiers de tous ceux qui travaillent ici depuis plusieurs années ». Rapidement, les travailleurs se sont tournés vers la CGT explique Amadou*, un autre gréviste qui a déjà participé à la dernière grève en 2021 : « C’était naturel d’aller les voir, la première réunion a eu lieu il y a deux mois, on a désigné des représentants et on a commencé à organiser cette occupation ».

Une grève qui met en lumière la surexploitation et les conditions de vie des sans-papiers

Lamine* dénonce des conditions de travail inhumaines et la surexploitation : « Ici c’est des combattants : tu travailles de 9h à 20h, parfois 22h et à la fin du mois, tu reçois que 800 euros. Il y en a qui pleurent en recevant leurs fiches de paie, tu vois qu’ils te volent des heures et tu ne peux même pas contester, sinon ils te jettent à la porte » explique-t-il.

De plus, la plupart des sans-papiers ne travaillent pas en leur nom et ne bénéficient d’aucune protection sociale : « On paye des impôts en France, on cotise pour la retraite et le chômage mais on n’a le droit à rien. Quand tu es malade, tu n’as pas d’autre choix que de venir au travail. Une fois, je me suis coupé avec un cutter et j’ai quand même dû continuer de travailler. Si tu veux des chaussures de protection par exemple, on te le déduit de ton salaire » explique le gréviste.

Mais avant d’arriver dans ces entreprises, derrière chaque gréviste, il y a une histoire personnelle singulière et douloureuse : « Pour venir en France, certains ont vu la mort dans des prisons en Lybie ou lorsqu’ils ont traversé la Méditerranée. Mais on n’a pas le choix, si on veut aider nos familles qui sont restées là-bas » témoigne Amadou. Tous ont fui la misère, en laissant souvent leur famille sur place : « le premier responsable de la pauvreté en Afrique, c’est la France. Moi j’étais pêcheur au Sénégal, tous les jours on voyait les bateaux européens vider la mer avec leurs immenses filets » dénonce-t-il.

Une première étape : le combat continue !

Si le but premier de l’occupation est d’obtenir le fameux CERFA, un engagement d’embauche de la société qui les emploie, afin de pouvoir déposer une demande de régularisation auprès de la préfecture, les grévistes n’ont remporté qu’une première bataille et désormais l’objectif est de mettre la pression sur la préfecture et le ministère pour obtenir une régularisation pérenne.

Sur les 35 piquets, 28 ont obtenu les CERFA en 24h, une première étape éclair dans le combat pour la régularisation qui montre la force du collectif et de l’organisation, mais également le rôle économique central des travailleurs sans papiers pour faire fonctionner les secteurs essentiels de l’île de France

Cette mobilisation autour des entreprises d’intérim a coïncidé avec le lancement d’une grève de 150 travailleurs sans-papiers qui ont occupé le chantier du futur site olympique de l’Adidas Arena à la Chapelle et qui ont réussi à obtenir 81 CERFA. Aujourd’hui, rien n’est acquis pour eux aussi. A présent, ils doivent encore se battre pour déposer leur dossier à la préfecture qui va examiner leur demande de régularisation. Un combat qu’ils ont tout intérêt à mener de concert avec les 600 sans-papiers qui sont partis en grève avec la CGT.

A l’heure où le gouvernement multiplie les offensives racistes et sécuritaires, notamment avec la préparation de la loi immigration, c’est une démonstration de force majeure qu’ont fait ces travailleurs sans-papiers en s’organisant pour faire plier leur patron. Au-delà des régularisations des salariés grévistes dont la date d’obtention du titre est incertaine, tout comme sa durée, il faut s’appuyer sur ces démonstrations pour se battre plus largement contre la loi Darmanin et pour la régularisation sans conditions de toutes et tous !


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