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Offensive contre les Beaux-Arts

Strasbourg. Grève aux Beaux-Arts contre la dégradation des conditions de travail et d’études

À Strasbourg, ce mardi 26 mars, s’est tenue une mobilisation des enseignant.e.s et des personnel·les des trois sites de l’HEAR (Beaux arts de Strasbourg et Mulhouse et l’Académie de musique) rejointe par des étudiant.e.s solidaires.

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Strasbourg. Grève aux Beaux-Arts contre la dégradation des conditions de travail et d'études

Ce mardi 26 mars, dès 9h du matin, une centaine de personnes se sont rassemblées sous le magnolia en fleurs du jardin de la Hear (Haute école des Arts du Rhin) pour échanger et exprimer leur colère. Une cinquantaine d’enseignant·es, personnel·les techniques et administratifs, des étudiant.e.s des trois sites de l’école et des soutiens ont répondu présent à l’appel à la grève lancé par la section syndicale CGT de l’établissement.

Climat anxiogène et conditions de travail dégradées après l’arrivée d’une nouvelle direction

Depuis la rentrée de septembre, la CGT Hear affirme avoir « tiré la sonnette d’alarme à de multiples reprises » en pointant de nombreuses situations de souffrance au travail vécues par leurs collèges. Une situation que les élu·es du syndicat, dont Nasser Khélifi qui travaille sur le site d’Art de Strasbourg depuis 30 ans, « n’ont jamais connue ». En cause, une surcharge de travail pour le personnel·les et des conditions de travail dégradées par un climat anxiogène qui s’est progressivement étendu depuis l’arrivée du nouveau directeur en 2023.

J., agent administratif sur le site de Mulhouse, témoigne : « les agents administratifs et techniques se voient imposer des missions dans des temporalités irréalisables ». Une surcharge due au « non remplacement de collègues partis à la retraite ou qui n’ont pas vu leur contrat renouvelé. Depuis le mois de décembre on est six à être partis ou à être en train de partir. Et on est presque autant à envisager de partir, c’est du jamais vu […] Il y a des situations de stress et une pression énorme sur les équipes qui ne sont plus du tout tolérables ». Un management décrit comme stressant et pressurisant par le personnel, que dénonce également Thomas Voltzenlogel, élu du personnel : « À chaque fois qu’on a mis sur la table la question du management imposé ces derniers mois, la réponse que l’on a eu, c’est que les gens ont d’autres problèmes, que la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique pèsent sur les consciences et le travail. Nous on dit qu’au contraire c’est la réorganisation du travail qui pèse sur les agents et leur travail ».

Mais ce ne sont pas seulement les méthodes employées par la nouvelle direction qui sont en cause. À cette situation s’ajoute, en effet, une incertitude sur l’avenir de nombreux salariés au sein de l’école, avec des probables suppressions de postes – touchant en premier lieu les travailleur·euses les plus précaires et des agents proches de la retraite. La direction invoque, pour justifier ces suppressions à venir, un manque à gagner de 1,5 million d’euros sur l’année 2023 dans le budget de l’école – un déficit budgétaire qui est par ailleurs contesté par les militant.e.s CGT.

Une journée de grève et de mobilisation

Cette journée de grève ne surgit pas de nulle part, il s’agit d’une réponse collective au troisième Conseil Pédagogique Extraordinaire (CPex) organisé par la direction. Ces CPex, réunissant les coordinateurs et coordinatrices des différentes options, auraient pour objectif, selon la direction, de réfléchir « sur des scénarios imaginaires » concernant le « futur de l’école ». Mais ils ne sont qu’« une mascarade de démocratie participative, où l’on nous demande de travailler sur des hypothèses qui ne sont pas les nôtres », pour la CGT qui appelle à « refuser de contribuer à ce jeu-là ».
Bien loin de répondre aux revendications sur les conditions de travail et d’étude ainsi qu’à la question des renouvellements de postes, ces CPex sont une initiative hypocrite de la part de la direction qui invite insidieusement le personnel et les étudiant.e.s à s’adapter au manque de moyens et à ratifier la dégradation de leur conditions de travail et d’études. Tous les propositions qui y sont faites ont en vérité déjà été adoptées en amont par la direction et sont contraires aux intérêts du personnel et des étudiant.e.s. Parmi tous ces scénarios, la « proposition » – comprendre décision probable – de réduire par deux les admissions en première année et de supprimer le cursus de première année sur le site de Strasbourg – alors qu’aujourd’hui chaque site accueille les nouvelles promotions d’étudiant·es – est la plus révélatrice de l’esprit de la direction.

Tout au long de la journée de mobilisation des grévistes, ponctuée de témoignages et d’échanges, les travailleurs se sont donnés pour objectif « d’imposer [leur] méthode » en refusant de participer au dialogue pré-écrit de la direction. Plusieurs revendications ont ainsi été discutées et décidées comme « l’arrêt immédiat des violences managériales sur l’ensemble du personnel ». En outre, suite à l’invocation répétée d’un trou budgétaire d’1,5 million d’euros pour justifier une dégradation des conditions de travail qui serait « inévitable », les salarié.e.s veulent disposer d’une « vision claire du budget et du tableau des effectif » et demande la publicité des comptes budgétaires pour mettre fin à l’opacité des décisions de la présidence.

En résumé, face aux coups de rabot sur les conditions de travail et d’étude justifiées par la nécessité de soi-disant « sauver l’école », cette journée de mobilisation porte un message clair : coupe budgétaire ou non, ce n’est pas aux personnel.les et aux étudiant.e.s de payer la crise !

Face à la dégradation des conditions d’études et au durcissement de la sélection : préparons la riposte !

La rentrée 2024 se fait donc sous le signe d’une probable dégradation des conditions d’études, créant ainsi une nouvelle source de stress à deux mois de la fin de l’année scolaire et quelques semaines avant le concours d’entrée en première année. En effet, si la réduction de la moitié des admissions et la suppression de la première année du cursus sur le site de Strasbourg étaient décidées, cela aggraverait encore davantage la sélection dans une école au concours déjà très sélectif !

Alors que 85% des étudiant·es en France vivent sous le seuil de pauvreté d’après la dernière enquête nationale du Poing Levé, les étudiants admis seraient contraints de suivre leur première année de cours à Mulhouse, ce qui impliquerait de fait des déplacements répétés et coûteux pour les étudiant.e.s. Face à cette situation, cette première journée de mobilisation réussie en appelle d’autres, alors que cette nouvelle dégradation des conditions d’études et de travail s’inscrit dans la continuité d’une offensive plus large contre les écoles d’art publiques et l’ensemble de l’enseignement supérieur.

Ainsi, Rachida Dati affirmait en audition à l’Assemblée Nationale, le 19 mars, qu’elle voulait « fermer certaines [écoles], parmi les écoles territoriales ». Bien que cette décision ne lui revienne pas, le message envoyé est clair : réduire le soutien à ces écoles, qui se verront ensuite forcées à faire payer l’austérité aux étudiant.e.s, voire à fermer leurs portes faute de financement. C’est dans ce sens qu’aux beaux arts de Tours/Angers/Le Mans, la direction a décidé, le 19 février dernier, de compenser le manque de moyen en augmentant de plusieurs centaines d’euros des frais d’inscriptions. Pour riposter contre ces offensives, il est nécessaire de se coordonner nationalement entre écoles d’art et de design et de construire une large mobilisation en lien avec le reste de l’enseignement supérieur, porteuse de revendications ambitieuses !

Pour Lisa, étudiante de la Hear et militante au Poing Levé, présente au rassemblement, « c’est bien la même logique qui est à l’œuvre dans le reste de l’enseignement supérieur ». Elle évoque notamment ce qu’il se passe à l’université Paris 1, où la présidence souhaite supprimer purement et simplement le droit au rattrapage et à la compensation, et mettre fin aux partiels en favorisant la validation via contrôle continu ! Idem à l’Université Paris-Cité, où 30 millions d’euros de coupe budgétaire ont été annoncées en début d’année aux dépends de la qualité de l’enseignement et des conditions de travail du personnel !

Au Poing Levé, nous nous battons pour des universités et des écoles gratuites et ouvertes à toutes et tous. Contre les attaques de Dati et Macron qui veulent enfoncer les universités et les écoles dans la précarité, nous revendiquons une hausse massive des moyens alloués à l’enseignement supérieur et la recherche et pour la titularisation de tous les travailleur·euses précaires. Contre le durcissement et l’extension de la sélection, nous revendiquons l’abrogation des concours d’entrée et des plateformes sélectives que sont MonMaster et Parcoursup !


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