Le 31 mars dernier, les salariés de Carrefour étaient 50 % à s’être mis en grève et à avoir bloqué les magasins contre le plan de restructuration qui prévoyait de supprimer entre 5.000 et 10.000 emplois dans le groupe : plan de départs volontaires, fermeture de magasins, reprise de ces magasins en location-gérance par des franchisés, gel des salaires, coupure dans les primes de participation... Un mouvement historique dans l’entreprise, qui, en 2017, a réalisé 760 millions de profits, distribué 356 millions d’euros aux actionnaires, et touche 370 millions d’aides de l’État, entre le CICE et les exonérations de charges sociales.

Suite à cette mobilisation, la direction a concédé d’augmenter la prime d’intéressement annuelle de 350 euros, accompagnée... d’un bon d’achat de 150 euros dans les magasins carrefour ! Les directions des fédérations concernées de la CFDT et de FO ont alors estimé avoir obtenu satisfaction, début avril, après les premières propositions de la direction suite à ces négociations.

Un deuxième accord a été signé, relatif au plan de départs volontaires, par FO, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC. Il prévoit un accompagnement des salariés qui souhaiteraient « réaliser un projet personnel (...) sous la forme d’un emploi salarié ou de la création d’une entreprise », ainsi que des départs anticipés à la retraite. Si la CFDT n’a finalement pas signé l’accord définitif sur le PSE, elle a totalement légitimé le processus de suppressions de milliers d’emplois.

La CGT de son côté a réaffirmé les raisons pour lesquelles elle n’était pas signataire dans un communiqué, dénonçant la position des organisations syndicales signataires. Ce dernier souligne que « La volonté de mise en œuvre rapide du projet de PSE a mis en lumière certaines connivences entre la Direction et des syndicats dits « maison » »

Alors que la direction affirme que l’accord relatif au PSE « est destiné à permettre le reclassement, principalement en interne, du plus grand nombre de salariés concernés », la CGT rappelle dans son communiqué que ces « reclassements en interne » ne sont qu’un leurre visant à faire passer la pilule, alors que les postes à pourvoir sont essentiellement des temps partiels, autrement dit des postes qui ne sont en rien une solution pour les salariés qui vont perdre leur emploi.