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Transdev Coubron : le délégué UNSA signe l’arrêt de la grève contre la majorité des grévistes

Après 11 jours de grève sur le dépôt de Coubron, le délégué UNSA a décidé de signer le protocole de fin de conflit et d’accepter des propositions bien en deçà des revendications des grévistes. Une défaite partielle qui doit être l’occasion de tirer des bilans pour de futurs combats.

Mica Torres


et Alexis Taïeb

4 décembre 2023

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Transdev Coubron : le délégué UNSA signe l'arrêt de la grève contre la majorité des grévistes

Crédit photo : Révolution Permanente

La trahison du délégué syndical UNSA pour des miettes à l’heure d’un potentiel élargissement

Ce vendredi, les chauffeurs de bus du dépôt Transdev de Coubron (93) ont pris une douche froide. Après deux semaines de luttes avec leur collègue de Chelles, le délégué syndical UNSA a décidé unilatéralement d’accepter les propositions de la direction et de signer le protocole de fin de conflit. Celui-ci entérine une augmentation de 0,7% des salaires brut, une prime de 500 euros dégressive en fonction de l’assiduité (0 euro dès 6 absences dans l’année), une prime d’intéressement exceptionnelle sur l’année 2023 de 200 euros et l’augmentation de la prime de tenue, qui passerait de 3€/mois à 18€/mois, rétroactive au 1er janvier 2023.

Une proposition bien en deçà des revendications des grévistes, qui réclamaient 200 euros d’augmentation, une prime d’assiduité de 150 euros et de risque de 100 euros, ainsi que de meilleures conditions de travail. Vendredi matin, avant la signature de l’accord, la majorité des chauffeurs avaient pourtant décidé en assemblée générale de reconduire la grève. Malgré cela et contre l’avis de tous, le délégué syndical UNSA a décidé de retirer le préavis de grève.

Une décision qui résonne comme une véritable trahison alors que, même si leurs collègues du dépôt de Chelles avaient cessé la grève, le mouvement allait connaître une extension importante. En effet, depuis ce lundi, plus de 200 chauffeurs du dépôt de Villepinte, l’un des plus importants de France, ont arrêté le travail pour revendiquer, eux aussi, une augmentation des salaires de 200 euros ainsi que de meilleures conditions de travail. Une occasion de se coordonner et d’amplifier drastiquement le rapport de force réduite à néant par la décision du délégué syndical UNSA de Coubron.

Une trahison rendue possible en raison d’une loi datant de 2007, dont l’objectif est d’encadrer les grèves dans les transports publics. Ainsi, pour être protégés, les salariés doivent se déclarer individuellement gréviste 48h à l’avance, après dépôt d’un préavis par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives (OS), lui-même précédé de négociations entre ces OS et la direction. Sur le dépôt de Coubron, le préavis avait été uniquement déposé par l’UNSA. Le délégué syndical avait donc l’avenir de la grève entre ces mains.

Une grève isolée mais marquée par une détermination exemplaire face à la répression

Tandis que la dernière grève sur le piquet date de 2009 et avait été bien plus courte, ce mouvement a cependant été une expérience importante pour les chauffeurs de bus. Depuis le 20 novembre, plus de 90% des salariés en CDI du dépôt étaient en grève. Face à une situation dégradée, des engins de travail délabrés, des fins de mois difficiles, il était en effet devenu nécessaire pour les salariés de Coubron d’entamer un mouvement de grève dur jusqu’à l’obtention de leurs revendications. Pour nombre d’entre eux, ce fut la première expérience de ce type.

Face à la détermination exemplaire des grévistes, la direction avait décidé de taper fort et vite. Elle a ainsi mis la pression aux intérimaires, jusqu’à la mise à pied de deux d’entre eux, pour qu’ils sortent les bus afin de minimiser les effets de la grève. Elle a également assigné au tribunal le délégué UNSA et son syndicat. Mais ces pressions ont surtout eu pour effet d’accentuer la colère et n’ont pas entamé le moral du collectif.

Face à la répression, le mouvement a même continué à prendre de l’ampleur. Il a été rejoint par d’autres salariés et a reçu chaque jour du soutien des riverains. Jeudi dernier, une délégation de travailleurs des transports (SNCF, RATP, Keolis, Transdev) était venue apporter son soutien aux grévistes. Cette rencontre a posé la première pierre d’un échange d’expériences pour s’affronter aux défis d’une grève longue et envisager l’élargissement du mouvement. Mais la direction n’aura pas eu besoin d’aller plus loin dans la répression, puisqu’elle a bénéficié de l’aide précieuse du délégué UNSA pour mettre définitivement un terme au mouvement.

Face à la colère, tirer les bilans

Vendredi soir au dépôt, déception et colère étaient palpables. Pour la majorité, après 11 jours de lutte acharnée à se relayer sur le piquet jour et nuit dans le froid, la reprise va être difficile. Mais pour les grévistes, il faut penser à l’avenir et prendre cette défaite partielle comme une leçon pour les prochaines batailles.

Pour penser la suite, Nordine, agent de piste et délégué syndical à Transdev Roissy, également mobilisé depuis des semaines avec ses collègues, est venu vendredi soir au dépôt pour discuter avec les grévistes : « On les a contraints à sortir de la grève alors qu’ils ne voulaient pas. Je leur ai proposé de poursuivre leur combat en partageant leur expérience avec les autres dépôts. Ce qu’ils ont vécu peut-être utile à d’autres. Il faut renforcer la coordination entre les dépôts de bus, que ce soit à Transdev, Keolis, Ratp, etc. » confit-il.

Alors que les Jeux Olympiques arrivent et qu’Île-de-France Mobilité (IDFM) est à l’offensive pour poursuivre la casse sociale des transports en commun, notamment avec la mise en concurrence, de nouvelles perspectives pourraient se dessiner pour construire un mouvement d’ensemble. De ce point de vue, l’entrée en grève des dépôts de Villepinte et de Tremblay pourraient être un point d’appui important pour se coordonner.

En effet, alors que régulièrement des dépôts de bus partent en grève isolément, comme à Transdev Coubron et Chelles ces deux dernières semaines, à Lacroix-Savac à Etampes (91) fin novembre, à Keolis Montesson (78) en septembre, à Transdev Villepinte et Tremblay maintenant, il est possible de construire un mouvement fort et dur pour obtenir des revendications à la hauteur de la situation.

Il est urgent que les salariés des transports se rencontrent. Une assemblée générale de l’ensemble des travailleurs des transports d’Île-de-France, toute boîte confondue, permettrait de sortir de l’isolement et de construire un tel mouvement, auto-organisé, où les grévistes décident des actions mais aussi des suites du mouvement, de la reconduction ou non de la grève, où les organisations syndicales soient des outils au service des salariés en grève.


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