Hier soir, le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel de la réforme des retraites, tout en refusant la demande de RIP déposée par la gauche. Une décision qui a confirmé de façon éclatante le caractère ultra-anti-démocratique de la Vème République et de ses institutions, donnant lieu à des manifestations et rassemblements partout en France.
Une décision dénoncée par l’intersyndicale, qui y a répondu en interpellant Emmanuel Macron, appelant le « Président de la République [à] prendre ses responsabilités », lui demandant « solennellement de ne pas promulguer la loi » et appelant à une « nouvelle délibération comme le prévoit l’article 10 de la Constitution. » Une demande formulée également par une partie de la gauche institutionnelle.
Cette nuit, Macron s’est empressé de fouler aux pieds ces espoirs vains. Alors que le Président disposait de 15 jours pour promulguer la loi, il a choisi de le faire quelques heures plus tard, démontrant une fois de plus son mépris, dans la stricte continuité de son attitude des derniers mois.
Une décision qui douche une fois de plus la stratégie de pression de l’intersyndicale, qui depuis le 19 janvier, n’a cessé de miser sur la possibilité de « raisonner » le régime, interpellant tour à tour les députés, les sénateurs, les « sages » du Conseil constitutionnel, Elisabeth Borne ou encore Emmanuel Macron. Une logique de conciliation, qui a sous-tendu le choix d’un plan de journées isolées plutôt que la construction d’un rapport de forces par la grève.
Les indignations sont fortes ce matin du côté de la gauche institutionnelle et des dirigeants syndicaux, pourtant ces derniers se montrent toujours incapables de formuler une stratégie alternative pour commencer à construire l’affrontement avec Macron. Celle-ci implique d’en finir avec les démonstrations symboliques pour bâtir un rapport de forces par la grève, en mettant en branle les énormes forces démontrées par les travailleurs et la jeunesse depuis le 19 janvier.
Alors que l’intersyndicale s’est contentée hier d’appeler à la mobilisation le 1er mai, et parie en filigrane sur une nouvelle demande de RIP, il n’y a pas de raccourcis pour s’affronter au gouvernement de Macron, à ses réformes mais aussi au régime dans son ensemble : il faut une stratégie radicalement différente, qu’il est urgent de discuter à la base.