C’est une victoire pour le droit de manifester. Alors que de nombreuses manifestations ont été interdites par les différentes préfectures depuis le début des bombardements israéliens sur Gaza, le ministère de l’intérieur et le garde des Sceaux avaient tout fait pour qu’aucune personne ne puisse montrer sa solidarité envers le peuple palestinien. Des interdictions à la chaîne qui avaient toute été confirmées par la justice, en invoquant le plus souvent des motifs fallacieux comme le « risque de propos antisémites », ou encore des « risques de débordements ».

Alors qu’un nouveau rassemblement était appelé ce soir par les collectifs Urgence Palestine et Inter-orga Palestine, au sein desquels on retrouve des organisations comme Révolution Permanente, ATTAC, Solidaires, Boussole Palestine, Europalestine ou le NPA, l’interdiction du rassemblement avait une fois de plus été prononcée par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.

Cependant, à la suite du dépôt de référés par deux organisations ayant déposé le rassemblement, Europalestine et le NPA, la justice a finalement cassé cette interdiction. Une ordonnance déboutant le préfet signée alors que le rassemblement avait déjà commencé, et alors que les forces de l’ordre déjà verbalisés des passant portant des keffiehs ou des drapeaux palestiniens.

Dans son ordonnance, les juges des référés reviennent notamment sur un des arguments centraux de la préfecture de Paris, les « risques de propos antisémites ». « Il ne résulte pas de l’instruction que la probabilité de réalisation de ce risque [de discours incitant à la haine] serait particulièrement élevée au sein du rassemblement projeté » notent-ils, précisant que « la note établie par la Direction de l’Ordre public et de la Circulation le 19 octobre 2023 dressant un bilan des précédentes manifestations, qui se sont tenues en dépit de leur interdiction, fait certes état de slogans critiquant la politique israélienne et celle du gouvernement français en des termes très virulents, mais qui ne paraissent pas, pour autant, pouvoir être qualifiés d’antisémites et n’ont d’ailleurs pas fait l’objet de poursuites à ce titre. »

En d’autres termes, la juge constate que les manifestations qui ont eu lieu n’étaient pas antisémites, contrairement à ce qu’a voulu faire croire le gouvernement ! Une victoire qui est avant tout le résultat du rapport de forces déployé dans les manifestations partout en France ces derniers jours.

Alors que l’Etat d’Israël massacre des populations civiles, il devient de plus en plus difficile pour le gouvernement d’imposer son discours selon lequel soutenir le peuple palestinien dans sa lutte équivaudrait à soutenir le terrorisme ou à être antisémite. S’il faudra continuer à lutter contre les interdictions qui ne manqueront pas de tomber depuis les préfectures, cette première victoire en appelle d’autres.