A l’aéroport de Roissy Charles De Gaule, où plus de 80 000 personnes travaillent, les sociétés donneur d’ordres, comme Air France ou ADP, ont pour habitude de sous-traiter au maximum leurs activités auprès de centaines d’entreprises. Une manière de se dédouaner de la responsabilité des conditions de travail des salariés, mais aussi de les niveler par le bas en faisant jouer la concurrence entre les différents prestataires.

C’est le cas de la multinationale Avis qui sous-traitait une de ses activités, la préparation de véhicule, à l’entreprise Assured Service France et qui a récemment décidé de lancer un appel d’offre remporté par une nouvelle société nommée FCS. Seulement, lors de la passation de contrat, sur la quinzaine de salariés qui travaillaient chez Assured Service France, onze d’entre eux ont été laissé sur le carreau et sont donc menacés de perdre leur emploi. A cela s’ajoute le fait qu’ils n’ont pas encore été payés pour un certain nombre d’heures supplémentaires.

La semaine dernière tous les salariés, qui sont pour la grande majorité d’origine irakienne et réfugiés de guerre, sont allés voir leur nouvel employeur, accompagné de Nordine, délégué syndicale et membre de l’union locale CGT de Roissy, afin d’exiger qu’aucun salarié ne soit laissé sur le carreau. Pour ce dernier, ce type de brouille est habituelle sur l’aéroport : « On a l’habitude que les patrons fassent ça, pour casser les conditions de travail, faire du dumping social, faire repartir la carrière des salariés à zéro, supprimer leur ancienneté, niveler par le bas les salaires ».

Au final, le nouvel employeur est prêt à reprendre l’ensemble des salariés, mais à condition que le prestataire sortant paye les heures supplémentaires dues aux salariés. Mais Assured Service France reste injoignable jusqu’ici et pour le moment, le sort des salariés n’est aucunement garantit. C’est pourquoi ces derniers se sont présentés mardi à leur poste de travail pour réclamer leur droits, sans succès pour le moment. De son côté, Avis refuse de s’impliquer dans l’affaire, prétextant ne pas vouloir « faire d’ingérence » entre les prestataires.

De toute évidence, c’est une guerre entre patron et ce sont les salariés qui sont en train d’en payer les frais. Une situation qui montre encore à quel point les capitalistes sont prêts à tout pour faire un maximum de profit et s’enrichir, quitte à sacrifier à la marge des salariés. Dans ce cas précis, il est urgent que les salariés soient tous embauchés en CDI. Personne ne doit faire les frais de l’avidité du patronat.