Moins d’une semaine après l’obtention d’un siège à l’assemblée nationale, Louis Aliot fait déjà usage des privilèges associés à sa nouvelle fonction en refusant, ce jeudi 22 juin, de se rendre à une convocation par la police dans le cadre de l’enquête sur les assistants parlementaires européens du Front national. Il invoque pour cela l’immunité parlementaire qui interdit à la justice de prendre une quelconque mesure coercitive vis-à-vis d’un élu en exercice. Pour un membre d’un parti qui se qualifie d’« anti-système », on constate que Louis Aliot en a vite intégré les avantages.
En mars dernier, c’était la présidente du parti frontiste, Marine Le Pen, qui bénéficiait de son immunité parlementaire européenne afin de se soustraire à la justice, tirant profit du contexte électoral pour appeler à une « trêve judiciaire ». On se rappelle d’ailleurs de la sortie de Philippe Poutou qui avait invectivé Marine Le Pen lors du grand débat à 11. L’échéance des élections étant passée, Louis Aliot prouve à travers ce refus qu’il ne s’agissait que d’une énième tromperie des électeurs et que le FN n’a jamais eu aucune intention de rendre des comptes à la justice. Celle-ci a d’ailleurs demandé à ce que l’immunité parlementaire de Marine Le Pen soit levée, procédure pouvant prendre plusieurs mois et qui n’aura pas pu empêcher Marine Le Pen de décrocher sa victoire à Hénin-Beaumont.
Rappelons que ce sont 17 élus européens FN, dont Marine Le Pen et Louis Aliot, qui sont visés par une enquête judiciaire et soupçonnés d’avoir utilisé des crédits européens pour rémunérer des permanents et cadres du parti. Le Front National aurait ainsi détourné en moyenne pas moins de 1 million d’euros par an entre 2012 et 2017 selon l’estimation du Parlement européen. Suite à l’ouverture de l’enquête, Sophie Montel, l’une des élus FN mis en cause dans cette affaire, avait écrit une lettre de dénonciation au Procureur de la République de Paris pour faire état d’autres partis politiques ayant recours aux mêmes méthodes, attestant ainsi de la généralisation de ces pratiques frauduleuses au sein de la sphère politique. C’est ainsi que François Bayrou, ministre de la justice et instigateur de la loi sur la moralisation de la vie publique s’est lui aussi vu inquiété par une affaire d’emplois fictifs liés au MoDem. Une enquête pour « abus de confiance et recel de ce délit » a d’ailleurs été lancée par le parquet de Paris le 9 juin conduisant à la démission groupée de François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard après seulement quelques semaines d’exercice au gouvernement.
Face aux mises en examen, les réactions des politiques diffèrent : certains boycottent les convocations tandis que d’autres, à l’image de François Fillon, crient à la machination. D’autres encore tentent un retrait discret en s’efforçant tant bien que mal de faire bonne figure. Tous sont symptomatiques d’une caste politicienne pour laquelle la fraude et l’impunité font partie du quotidien et qui est prête à tout pour conserver ses privilèges. Aucun n’aspire à servir les intérêts de ceux qu’ils prétendent représenter car ces intérêts sont en conflit direct avec ceux de leur maître à faire et à penser, le capital. Aucun ne nous ressemble, aucun ne nous protège. Nos intérêts, il ne tient qu’à nous, travailleurs, de les défendre.