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Quatre rentrées et la nôtre

Attaques sociales, dialogue social : une autre rentrée est possible

Lundi et mardi, le gouvernement rencontrait le MEDEF, mardi et mercredi, les directions syndicales et la NUPES rencontrent le gouvernement. Et si, pour la rentrée, on arrêtait de devoir choisir entre attaques sociales ou dialogue social ?

Paul Morao

30 août 2023

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Attaques sociales, dialogue social : une autre rentrée est possible

Annonce de futures coupes budgétaires et d’attaques contre la sécurité sociale, interdiction des abayas à l’école, pression en faveur d’une intervention militaire au Niger, loi immigration et organisation d’une rencontre avec l’ensemble des organisations politiques : pas de doutes, pour le gouvernement les affaires reprennent. Depuis le 23 août, les annonces s’enchaînent pour fixer un cap anti-social et xénophobe pour l’année.

Mais pas de rentrée du gouvernement sans rentrée du MEDEF. Le patronat a ainsi eu depuis lundi la primeur des échanges avec la macronie, qui a sorti le grand jeu pour l’occasion : vidéo exclusive de Macron à la demande du président du MEDEF, promesses de Elisabeth Borne que la politique restera « pro-business » comme elle l’est « depuis 2017 », garanties de Bruno Le Maire sur l’absence de hausses d’impôts, etc… Les patrons ont été échaudés par l’annonce que la suppression de la CVAE prendra plus de temps que prévu, les ministres sont donc au petit soin.

Ce mercredi, ce sera au tour des oppositions politiques d’échanger avec le gouvernement dans le cadre de « l’initiative d’ampleur » annoncée par Macron la semaine dernière. Dans les faits, la proposition apparaît comme une resucée du lancement raté du Conseil national de refondation en septembre dernier. L’objectif est le même, tenter d’élargir l’assise politique d’un gouvernement affaibli en proposant de discuter de textes de lois transpartisans ou de l’organisation de référendums.

A la différence de l’année précédente cependant, l’ensemble des forces politiques ayant un groupe au Parlement ont accepté d’échanger avec Macron, espérant profiter de l’événement pour communiquer, à l’image de Jordan Bardella du RN qui a annoncé vouloir défendre l’organisation d’un « référendum sur l’immigration ». De son côté, si la NUPES explique dans un communiqué n’avoir aucune illusion sur l’issue de la rencontre, elle a également choisi de répondre à l’appel de Macron, cautionnant l’opération de communication sous prétexte de défendre « l’intérêt du peuple ».

Du côté des directions syndicales, l’heure est aussi à la conciliation avec le gouvernement. Certes, après une réunion vendredi soir, celles-ci ont annoncé lundi une (lointaine) date de mobilisation le 13 octobre. Mais l’ensemble des dirigeant·e·s, comme Marylise Léon pour la CFDT ou Sophie Binet pour la CGT, ont tenu à y insister : il n’est pas question de prendre sa « revanche » contre Macron. D’ailleurs celui-ci n’est pas mentionné dans l’appel à la mobilisation, qui dresse une liste aussi floue que générale de revendications, pas plus que la longue liste de ses offensives anti-sociales et autoritaires des derniers mois.

Si une partie des syndicats, dont la CGT, la FSU ou Solidaires, participeront entre temps à la mobilisation du 23 septembre « contre la répression », l’heure n’est donc vraiment pas à construire l’affrontement avec Macron. Pire, interrogée ce matin sur l’interdiction de l’abaya à l’école, Sophie Binet a validé la mesure.. Cette année encore « rentrée sociale » rimera surtout avec « dialogue social » du côté des directions syndicales, alors que les dirigeantes de la CFDT et de la CGT étaient reçues à l’Élysée ce mardi, pour une rencontre qui devrait en appeler d’autres, entre les négociations autour de la nouvelle convention sur l’assurance-chômage qui devraient marquer les mois à venir, et le « nouveau pacte de la vie au travail ».

Pourtant, la poursuite de la crise pourrait rapidement bousculer ce paysage feutré. Entre le carburant qui dépasse les 2 euros le litre, l’explosion du prix des fournitures scolaires ou le coût record de la rentrée étudiante, qui devrait dépasser les 3000 euros en moyenne d’après une étude la Fage, la situation économique continue de peser sur une grande partie de la population, et pourrait nourrir rapidement de nouveaux conflits ouvriers. Dans le même temps, les attaques racistes et autoritaires du gouvernement ne peuvent que résonner avec la colère de la jeunesse qui a pris la rue suite à la mort de Nahel, tandis que les éléments de crise politique pourraient donner des idées à des secteurs du monde du travail.

Si l’année précédente a démontré quelque chose, c’est bien la vitalité de la lutte des classes en France. De la grève des raffineurs en octobre 2022 jusqu’aux soulèvements dans les quartiers populaires en passant par l’historique bataille des retraites, l’année écoulée a mis en lumière l’immense force sociale des travailleurs et des classes populaires. Bien que défaite par Macron en raison notamment de la stratégie perdante des directions syndicales, celle-ci est loin d’avoir été écrasée et demeure capable de faire reculer le gouvernement, à condition de se doter d’un programme et d’une stratégie pour unifier l’ensemble de ses secteurs dans un combat dur.

Ce constat a été au cœur des discussions de l’Université de Révolution Permanente, cherchant à dessiner une autre rentrée, sans illusions sur la conciliation avec le régime, mettant au centre l’enjeu de préparer les affrontements de demain, autour d’un programme articulant lutte contre les offensives autoritaires et racistes, pour les salaires et les retraites, contre le régime anti-démocratique de la Vème République, et d’une stratégie visant à unifier l’ensemble des secteurs exploités et opprimés et mettant au coeur la grève et le blocage de l’économie. De quoi dessiner un autre type de rentrée.


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