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Le gouvernement tente de diviser bons et mauvais manifestants

Gérard Collomb : pour garder le droit de manifester, il faut que les manifestants cessent d’être "complices" des "casseurs"

Ce samedi 26 mai, après la manifestation « Marée populaire » qui a rassemblé plus de 200 000 personnes dans toute la France selon les organisateurs, Gérard Collomb a menacé le droit de manifester face aux caméras de BFM TV, prenant pour prétexte une passivité de la foule vis-à-vis des Black Blocs.

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Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a donc déclaré ce samedi devant les caméras de BFM TV : « Ce qui est étonnant, c’est que des Black Blocs puissent intervenir au milieu d’une foule qui finalement ne réagit pas », avant d’ajouter « Si on veut garder demain le droit de manifester […], il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être d’un certain point de vue complices de ce qui se passe ».

C’est donc en toute décomplexion que le ministre de l’Intérieur se permet de menacer publiquement le droit de manifester. Mais surtout, dans les faits, ce droit fondamental est déjà en train d’être rogné voir bafoué. Déjà, sous Hollande, en pleine mobilisation contre la loi Travail, le gouvernement s’était permis d’interdire une manifestation fin juin à Paris, puis était finalement revenu sur cette décision pour imposer un parcours ridicule de quelques centaines de mètres seulement. Surtout, le gouvernement PS avait transformé chaque manifestation de rue en nasse géante militarisée, qui faisait des dizaines de blessés graves à chaque fois. Plus largement, comme l’avait dénoncé à l’époque Amnesty International, au cours des 18 mois qui ont suivi les attentats de novembre 2015, 155 manifestations ou rassemblements ont été interdits partout en France et de nombreux militants ont été assignés à résidences et ont fait l’objet d’interdiction individuelles de manifester (639 interdictions individuelles de manifester).

Ce processus s’est poursuivi sous Macron. Le quinquennat présidentiel a tout d’abord été marqué par l’instauration dans le droit commun de l’Etat d’urgence, et l’escalade répressive ne cesse de s’accentuer au cours du mouvement social du printemps 2018. D’une part, la préfecture a interdit plusieurs rassemblements ou manifestations, à l’image de la manifestation cheminote de Strasbourg qui avait tout bonnement été interdite en avril dernier sous prétexte de la venue de Macron au Parlement européen. De même la façon dont a été traitée la centaine d’occupants du lycée Arago est symptomatique de la systématisation de la criminalisation de l’action politique. En effet, pour une occupation d’un lycée durant 20 minutes, les inculpés ont subi des garde-à-vues extrêmement violentes et humiliantes durant près de 72 heures et, pour certains, devront passer en procès en octobre prochain, pour des charges presque nulles. De même, les tentatives d’intimidation contre les cheminots qui se battent contre la réforme du rail se sont multipliées ces dernières semaines, en témoignent la militarisation de la Gare du Nord en réponse à l’Assemblée Générale Inter-gare qui se tenait début mai ou encore la répression policière extrêmement violente qui s’est abattue contre des manifestations cheminotes. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les déclarations publiques du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb menaçant le maintien du droit de manifester : une escalade répressive contre les opposants politiques qui est de plus en plus assumée et banalisée.

Crédits : Blondet Eliot/ABACA


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