Silencieux depuis la déroute du second tour qui a ouvert une crise politique majeure, Emmanuel Macron a choisi finalement de s’exprimer ce mercredi soir. Dans son allocution, le Président a commencé par faire mine de prendre acte de la situation de crise, tout en la relativisant fortement. En effet, s’il a reconnu le résultat, c’est pour tenter aussitôt un coup de bluff, en rappelant sa réélection le 24 avril dernier sensée le doter d’une « légitimité claire » et en présentant le raz-de-marée anti-Macron des législatives comme l’expression d’une simple « volonté de changement » de « méthode ».

Dans ce cadre, après avoir dressé un bilan des entrevues menées avec les différents chefs des partis politiques, il en a appelé au rassemblement et à une méthode de gouvernance collective nouvelle qui devra passer par un « élargissement de la majorité (…) soit en bâtissant un contrat de coalition, soit en construisant des majorités texte par texte ». Une perspective de laquelle Macron a cherché à responsabiliser les différentes forces politiques, sommées de « dire en toute transparence jusqu’où [elles] sont prêtes à aller » et menacées d’être rendues responsables d’éventuels blocages.

Macron a au passage a réinsisté sur sa volonté d’appliquer le programme pour lequel il a été élu. Non seulement sur le terrain du « pouvoir d’achat », du « plein-emploi », de « l’écologie » ou de la « santé », mais aussi (et surtout) des contre-« réformes », présentées comme indispensables pour financer ces mesures. Un business as usual aussi ambitieux que déconnecté de la réalité de la crise à laquelle il fait face.

Face à l’impasse politique, le Président très mal élu aura en définitive cherché à dessiner ce mercredi une « sortie par le haut », et l’espoir de la résolution tranquille de la crise ouverte dimanche. Mais les promesses de « dépassement » et les vœux pieux formulés à cette occasion sonnent creux, dans une situation qui semble pour le moment insoluble et qui pourrait très vite s’approfondir face au retour de la lutte de classe.