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Extrême-droite

Gifle pour Milei en Argentine : l’extrême-droite recule sur sa loi Omnibus

En Argentine, l'examen de la Loi Omnibus, violente attaque contre les travailleurs, a connu un coup d'arrêt. Face au rejet de certains articles, le gouvernement a choisi de la renvoyer en commission. Une première crise politique pour le président d'extrême-droite Milei.

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Gifle pour Milei en Argentine : l'extrême-droite recule sur sa loi Omnibus

Ce mardi soir en Argentine, la plupart des députés du nouveau président ultra-libéral et d’extrême droite argentine essayaient encore de comprendre le naufrage de la loi Omnibus, renvoyée en commission et à la case départ. Quelques mètres plus loin, les casserolades et klaxons des manifestants venus braver la répression (comme les jours qui ont précédé) et se rassembler sur la place du Congrès se faisaient entendre. « Maintenant : on va faire retirer le DNU » scandaient-ils.

Hier, le gouvernement a en effet fait face à une première défaite et crise politique d’ampleur. La journée devait être consacrée au vote, article par article, du méga projet de loi Omnibus. Alors qu’en début de journée, le gouvernement avait commencé par obtenir de premières victoires, en faisant voter le principe de la délégation des pouvoirs (dans six domaines : économique, financier, administratif, énergétique, tarifaire et sécuritaire) dans le cadre d’un état d’urgence d’un an renouvelable, des premières fractures se sont faites jour dans le bloc des députés « dialoguistes » (PRO, UCR, HCF), indispensables pour voter la loi.

Par la suite, l’examen s’est progressivement transformé en cauchemar pour La Libertad Avanza (le parti de Milei). Chaque vote s’est en effet accompagné de la perte croissante de voix. Notamment, le vote sur le contenu des domaines concernés par la délégation de pouvoirs a finalement conduit à écarter l’énergie, l’administration et la sécurité. Face à la crainte d’un camouflet sur la suite du texte, qui compte plus de 300 articles, le parti gouvernemental a demandé une suspension de séance juste avant le vote sur les privatisations puis annoncé le renvoi de la loi en commission en mobilisant l’article 155 du réglement du Parlement.

Cette décision constitue une tentative d’arrêter les frais, alors que malgré les semaines de négociations avec l’opposition dialoguiste, des sujets de discorde se maintiennent sur des questions liées au partage de revenus fiscaux et sur les privatisations. Des désaccords amplifiés par la politique erratique de Milei, à l’image de la décision lundi de remplacer par décret les dirigeants des médias publics nationaux, mais aussi par la contestation de ces derniers jours devant le Congrès et sa violente répression, en application du « protocole de sécurité, critiqué par les Nations Unies.

Ce renvoi de la loi en commission constitue une énorme défaite pour Milei, et une démonstration supplémentaire d’amateurisme pour le gouvernement. En relançant le processus législatif de zéro, Milei acte l’échec de sa tentative de blitzkrieg avec l’appui de forces du régime. Au passage, des personnalités clés du cabinet présidentiel sortent affaiblies : Guillermo Francos, ministre de l’Intérieur désavoué à de nombreuses reprises par la pouvoir exécutif lors des négociations de la loi ; Patricia Bullrich, dont le protocole répressif a été sévèrement remis en cause, jusque dans les rangs « collaborationnistes » ; Luis Caputo, ministre de l’Économie, qui s’est effacé des négociations et n’est intervenu qu’une seule fois pour annoncer le retrait du chapitre fiscal du texte puis le retrait du texte.

La décision a été célébrée à l’extérieur du Parlement par les manifestants réunis, insistant sur le rôle de la pression des mobilisations des derniers jours, qui ont appuyé sur les contradictions du gouvernement et révélé ses faiblesses. Face au revers, le gouvernement et Milei ont dénoncé violemment l’attitude de l’opposition dialoguiste, expliquant que « la caste s’opposait au changement pour lequel les Argentins ont voté », que « les gouverneurs ont pris la décision de détruire la [loi Omnibus] article par article, quelques heures après avoir accepté de l’accompagner » et promettant «  de continuer à appliquer notre programme avec ou sans le soutien des dirigeants politiques qui ont détruit notre pays. » Les marges de manœuvre de Milei restent cependant limitées, alors que le scénario d’un référendum est affiché comme une possibilité par certains représentants de la La Libertad Avanza. Une option qui serait l’occasion pour le parti d’extrême droite de chercher à opposer la « caste contre le peuple », mais qui serait aussi très risquée.

Alors que les conditions de vie continuent de se détériorer et qu’une mobilisation massive aux offensives de Milei a pris la rue le 24 janvier dernier, tandis que des manifestations d’avant-garde déterminées se sont tenues devant Congrès à l’initiative de l’extrême gauche argentine et des assemblées de quartier, le nouveau président d’argentin pourrait connaître une nouvelle déroute. En ce sens, le PTS argentin insiste sur la nécessité de tirer profit de la brèche ouverte par la crise politique pour lancer la riposte. Comme l’a exprimé la députée Myriam Bregman : « aujourd’hui commence la lutte pour mettre fin à tout vestige de la loi et pour vaincre le DNU ». Un gouvernement affaibli par sa première défaite au Congrès, une inflation qui n’en finit pas de grimper (bientôt +250% selon des estimations de l’OCDE) et de premières ripostes dans la rue : voilà un cocktail qui pourrait se révéler explosif dans les mois à venir.


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