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Répression syndicale

Grenoble : 15 postiers et postières menacées de licenciement pour avoir fait grève pour leurs salaires

Depuis le 22 mars plusieurs facteurs.trices de Grenoble mènent une grève pour dénoncer des conditions de travail de plus en plus dégradées et le recours systématique de La Poste aux contrats précaires. Cette lutte impulsée par les intérimaires s’est étendue à plusieurs centres de tri de la ville et s'est suivie d’une sévère répression patronale puisque 15 agent.e.s sont actuellement en procédure disciplinaire.

Pierre Chavatte

19 avril 2023

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Grenoble : 15 postiers et postières menacées de licenciement pour avoir fait grève pour leurs salaires

Crédits photos : Révolution Permanente

Les facteurs et factrices de Grenoble sont mobilisé.e.s et restent déterminé.e.s à faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites. Nous sommes allés les rencontrer sur leur piquet de grève, devant le bureau de Lionel Terray, ce jeudi 13 mars. Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées de bon matin devant l’entrée du centre de tri. Isabelle, factrice à Moirans (Isère) et syndiquée à Sud PTT, nous raconte comment la mobilisation a débuté.

Tout a commencé au mois de mars au centre courrier de Grenoble Chavant : « Ce qui a motivés les collègues à sortir et à se mettre en grève c’est qu’une de leur collègue qui était intérimaire arrivait en fin de contrat. Ça faisait 18 mois qu’elle travaillait, elle était sur une tournée où il n’y avait pas de titulaire dessus, et elle ne comprenait pas pourquoi La Poste ne prolongeait pas son contrat ou ne lui proposait de CDI ». Comme elle, ils ne sont pas moins de huit intérimaires du bureau de Chavant en grève depuis le 22 mars afin d’obtenir des contrats à durée indéterminée.

Nombreux.ses étaient celles et ceux qui pointent du doigt la multiplication des différents types de contrats entre les facteurs.trices, parfois pour des postes équivalents. Cette logique de casse des conditions de travail, couplée au turn-over incessant des intérimaires, se fait au détriment du service à l’usager et des conditions de vie des agents. « Avec 1300 euros on ne s’en sort plus » déclarait un facteur sur le piquet de grève, une colère d’autant plus légitime dans ce contexte de forte inflation des prix. Nathalie, factrice à Lionel Perret et représentante syndicale CGT témoigne de cette situation qui n’est plus supportable : « il y a des personnes qui sont intérimaires et qui travaillent parfois depuis 5 ans à La Poste, sans sécurité de l’emploi, et sans garantie de pouvoir rester dans ce métier, c’est lamentable ! ». Elle dénonce la responsabilité et l’hypocrisie du gouvernement et de la direction de La Poste dans la mise à sac du service public : « On dépense des milliards pour armer des soldats, des milliards que La Poste empoche aussi, soit disant pour pérenniser l’emploi, et on s’aperçoit qu’ils entretiennent la précarité en maintenant entre 8 à 12% de vacances d’emploi dans les bureaux de poste pour embaucher des intérimaires ». Un recours abusif à l’intérim illégal selon l’inspection du travail qui a diligenté une enquête contre le groupe La Poste.

L’autre cible de la colère du collectif des facteurs.trices sont les « tournés sacoches » et les multiples réorganisations qui visent à augmenter la rentabilité du trafic en « bourrant un peu plus les sacoches ». Des réorganisations qui se font toujours en augmentant la charge de travail à moyens humains constants, ou en divisant les opérations de tri et de distribution des plis, entraînent une baisse de la qualité du service.

Face à la contestation qui s’étendait peu à peu à d’autres bureaux de poste, la directrice Mme Beaujard, a pris prétexte d’un débrayage de 59 min pour attaquer la mobilisation. Actuellement, 15 agent.e.s sont ainsi visé.e.s par une procédure disciplinaire. Le piquet de grève a été l’occasion pour d’autres secteurs en lutte de venir exprimer leur solidarité avec les camarades réprimés. Travailleurs du social, énergéticien de la CGT hydraulique, étudiant.e.s, retraités de la Poste et travailleurs.ses des autres bureaux se sont succédé aux prises de paroles. A la caisse de grève, s’ajoutent les actions de protestation qui se poursuivent avec des coupures de courant, ainsi que des blocages du principal centre de tri postal de la ville organisé mardi matin.

Pour Nathalie le lien entre la retraite et les conditions de travail est évident : « Les retraites ça se financent par le plein emploi. Derrière les retraites, il y a la notion de travail bien fait et bien rémunéré ». Malgré la multiplication des grèves sur les salaires d’un côté, et les innombrables pancartes, banderoles et slogans en manifestation qui demandent des augmentations salariales, l’intersyndicale nationale s’est toujours refusée à étendre les revendications du mouvement en cours. Chez les plus précaires, comme le montre cette grève, c’est souvent les conditions de travail et les salaires qui sont les plus à même de mobiliser largement, montrant l’urgence d’intégrer dans la lutte contre la réforme des retraites des revendications nationales sur les salaires.

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