Ce vendredi 8 septembre se jouait le match d’ouverture de la Coupe du monde de Rugby à Paris. La RATP s’est faite à cette occasion Supporter Officiel de la Coupe du monde et a lancé une campagne publicitaire « Vivez l’intensité du rugby avec le groupe RATP », pour surfer sur un événement pour lequel les transports de la région Île-de-France représenteront un enjeu central.

C’est donc ce 8 septembre que les agents de station de la RATP ont choisi pour leur première journée de grève, afin de commencer à instaurer un rapport de force contre la direction du groupe. Suite à l’appel de plusieurs syndicats dont la CGT, La Base, et Force Ouvrière (qui a déposé un préavis pour toute la période de la compétition), les grévistes de la RATP exigent de meilleures conditions de travail, des augmentations de salaires et dénoncent le manque d’effectifs.

Alors que cette première période clé de l’année s’ouvre pour la RATP, la deuxième étant les Jeux Olympiques en juillet 2024, Jean Castex, ex-premier ministre aujourd’hui à la tête de l’entreprise, adopte pour l’instant une posture d’apparence ferme et sereine. Il a ainsi déclaré à la presse « La RATP est prête. Je veux rassurer tout le monde. Oui, il y a eu un mouvement social concernant les agents de station. On a aujourd’hui les chiffres, c’est moins de 10 % de taux de participation. La RATP sera au rendez-vous. »

Une posture pour l’ex-ministre qui cache mal l’inquiétude que suscite cette première journée de grève. On se rappelle de la proposition de Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilité, qui en janvier dernier proposait de s’attaquer au droit de grève dans les transports pour la période des jeux olympiques. De quoi montrer la préoccupation dans les hautes sphères autours des évènements sportifs en France, alors que l’épisode de la finale de la ligue des champions au stade de France occupe encore les esprits.

Ainsi, en pleine période d’inflation et alors que les conditions de travail dans l’entreprise se dégradent depuis plusieurs années, pour les agents c’est le moment d’obtenir plus : « On veut leur faire comprendre qu’avec ces gros évènements il va falloir nous estimer ! » nous explique une agente de station sur la ligne 13, dans l’entreprise depuis 20 ans.

Face à l’inflation et aux bas salaires, les agents RATP veulent se faire entendre

Car la période qui s’ouvre pourrait être plus tendue que ne l’annonce le PDG. Après plusieurs années de colère et de mobilisations successives dans le secteur, l’occasion d’un tel événement pourrait être saisie comme moyen de pression par les travailleurs. Si la journée n’a compté qu’environ 10 % de grévistes, pour les travailleurs mobilisés qui se sont rendus au siège de la RATP ce vendredi, ce n’était là qu’une première action dans un combat contre la direction qui pourrait s’ouvrir pour la période de cette Coupe du Monde. Face à la sérénité affichée de Jean Castex qui déclare que « Nous sommes très confiants sur la parfaite réussite de cet événement », la même agente de la ligne 13 répond que « les agents de station sont indispensables à la gestion de la sécurité et de la clientèle : si on n’est plus là, ça va être compliqué pour assurer la sécurité des voyageurs de la RATP ! »

Pour une branche de l’entreprise dont les salaires à l’embauche sont au niveau du SMIC, les maigres primes qui ont été concédées sont loin de suffire. Ainsi, même si des primes ont été accordées en prévision de l’évènement, seulement pour les agents travaillant sur les stations les plus proches de la compétition, les travailleurs revendiquent aujourd’hui une réelle revalorisation des salaires et des conditions de travail décentes pour tous. Une conductrice de bus venue en appui aux grévistes nous dit dans ce sens « c’est comme toujours, ils créent des discriminations entre collègues. Comme si les touristes allaient juste rester au stade et ne pas bouger. Nous, au bus, on a rien eu du tout, alors que les gens vont évidemment aller à l’hôtel, visiter Paris, prendre les métros et les bus, et que ça fera plus de travail pour tout le monde » avant de conclure « pour un vrai rapport de force, il faut qu’on soit tous au courant de nos situations, et qu’on se batte tous ensemble. »

Bien que la mobilisation ne soit pas encore massive, des préavis sont déposés et la colère à la base est bien présente. La période intense qui s’annonce pour les travailleurs de la RATP porte le potentiel de soulèvements dans le secteur, alors que la direction de la RATP et d’Île de France Mobilités ne peut pas se permettre un service réduit.

De la même manière, dans le sud de la France à Toulouse, les travailleurs de Tisséo, l’entreprise qui gère les transports en commun dans la ville, sont également entrée en grève en cette période de coupe du monde. Une période qui, ont le voit déjà, va servir de tour de chauffe au gouvernement qui prépare les jeux olympiques de 2024. C’est en ce sens qu’il a déployé un dispositif policier très important pour l’échéance, en guise de répétition générale d’un évènement qui sera scruté dans le monde entier.