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Réforme

L. Pietraszewski, nouveau haut-commissaire aux retraites : le CV d’un ennemi des travailleurs

Remplaçant de Delevoye l’amnésique, « Lolo » a un sacré pedigree : responsable RH à Auchan, rapporteur de la loi travail XXL et porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée. « Carriériste », « hypocrite », l’homme qui « licenciait à tout va » a envoyé une salariée en garde-à-vue pour une erreur de 80 cts et un pain au chocolat donné.

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Delevoye s’est arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence. Jean-Paul a fini par quitter l’habitacle emportant dans son baluchon une collection de casseroles : cumul de 13 mandats et conflits d’intérêt, entre autres avec le monde des assurances. Un coup dur pour le gouvernement. Macron contraint d’accepter « avec regret » sa démission quelques heures avant le 17 décembre, Laurent Pietraszewski est nommé à la hâte mercredi soir secrétaire d’Etat en charge de la réforme des retraites auprès de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn.

Ce mercredi après une rapide passation, celui qui était le porte-parole du groupe des députés LRM depuis septembre a enchaîné conseil des ministres, puis rencontres avec les directions syndicales aux côtés du Premier Ministre. La route de la réforme s’annonce des plus sinueuses pour « Lolo » alors que mardi, 1,8 millions de travailleurs étaient en grève et dans la rue, pour réclamer le retrait pur et simple du projet.

Le gouvernement a choisi Pietraszewski, 53 ans, principalement pour deux raisons. Premièrement, Delevoye sorti, il est l’un des seuls à maîtriser la réforme. Ce dernier coordonnait en effet les « ambassadeurs retraites », un groupe de députés de la majorité chargés par M. Delevoye d’aller convaincre du bien-fondé de la réforme. D’ailleurs, le député de la 11ème circonscription du Nord était pressenti pour devenir rapporteur du projet de réforme des retraites lors de son examen en février prochain au Parlement. Ensuite, alors que le bras de fer bat son plein avec les travailleurs en lutte qui entameront leur quinzième jour de grève ce jeudi, l’exécutif ne peut plus se permettre de dissensions internes et doit resserrer les rangs. Pour tenir une ligne homogène face au vent de révolte, le profil de « Lolo », réputé pour être un « macroniste de la première heure », est un atout précieux.

« Chasse aux sorcières » aux ressources humaines, 72 000€ pour services rendus à Auchan

Laurent Pietraszewski a fait toute sa carrière dans le privé. Chez Auchan, où il entre en novembre 1990, il occupe un poste dans le management opérationnel du groupe de la famille Mulliez pendant dix ans, puis se trouve dans les ressources humaines sur divers sites du groupe dans le Nord du pays. L’entourage de l’Elysée met en avant sa « solide expérience professionnelle dans le domaine des relations sociales et ressources humaines ». Traduisez en langage capitaliste qu’il n’a pas la main qui tremble face aux salariés.

A ce titre, un article de L’Humanité daté de 2017 a refait surface sur les réseaux sociaux. Il en dit long sur le personnage : « Un conflit social a marqué ses débuts, se souvient le quotidien. En 2002, alors responsable des ressources humaines de l’hypermarché de Béthune (Pas-de-Calais), une salariée syndiquée CFDT est mise à pied à titre conservatoire par la direction, pour une “erreur de commande de 80 centimes d’euro et un pain au chocolat cramé donné à une personne”, se rappelle Guy Palatine, délégué syndical central CFDT. “Une décision violente et démesurée, même en admettant que la faute a été commise, ce qui n’a jamais été prouvé”, développe-t‑il, avant d’ajouter : “C’est parti loin, ma collègue avait été convoquée au commissariat et placée en garde à vue.” »

Pour Guy Laplatine, délégué syndical CFDT pour le groupe Auchan Retail France, il s’agit d’un épisode de « chasse aux sorcières particulièrement violent ». La salariée en question, était en effet « très active » sur le plan syndical. Pour lui pas de doute, la sanction qui amènera sa collègue en geôle est « clairement une discrimination syndicale, il voulait se séparer de la collègue ». Et de poursuivre, « c’était complètement disproportionné. Il n’a jamais pu prouver que c’était vrai et, de fait, ça ne l’était pas ».

L’épisode Béthune n’est pas un cas isolé. D’autres salariés d’Auchan interrogés par L’Obs se souviennent. « Quand il est arrivé, c’était un cadeau empoisonné », lance Luc Fourrier, 57 ans dont 37 au sein du groupe, lui aussi délégué syndical CFDT. « C’est des mauvais souvenirs, il n’a jamais été sincère. Le rôle des ressources humaines, c’est d’être à l’écoute, mais lui, c’était tout le contraire ».

« Manque de bol ou pourriture généralisée ? voilà le discret expert parfaitement au fait de toutes les ficelles du dossier des retraites rattrapé par son histoire. Selon une révélation de Mediapart, Il a en effet déclaré « avoir occupé le poste de responsable départemental des ressources humaines au sein de l’entreprise Auchan France pendant près de deux mois : une mission pour laquelle il a touché plus de 71 000 euros, alors qu’il était député ». Joli cumul, Non ? » résume ainsi Claude Manor. Un bon pécule, pour avoir distillé pendant deux mois des conseils pour mieux mater les salariés d’une entreprise qui touche la bagatelle de 500 millions d’euros de crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), et menaçait, en avril dernier de licencier 723 salariés.

Rapporteur de la loi travail XXL, réforme des retraites : l’ennemi des travailleurs

Candidat macroniste élu aux législatives de 2017, Pietraszewski ne s’est pas trompé de parti. Tout sauf une girouette, le cinquantenaire poursuit avec Macron, la carrière professionnelle qu’il a menée : au service du patronat et contre les travailleurs. Ce « carriériste », qui « licenciait à tout-va » (tel que le décrit le syndicaliste Luc Fourrier) a donc décidé de poursuivre sa marche aux côtés de la bourgeoisie. A l’automne 2017, il devient rapporteur de la loi travail XXL qui, dans la lignée de la loi El Kohmri, est une nouvelle attaque en règle envers les travailleurs, avec entre autres l’inversion de la hiérarchie des normes.

Cet « homme hypocrite et méchant », par ailleurs membre du conseil d’administration de l’Institut du marketing et du management de la distribution (IMMD) à Roubaix s’apprête désormais à porter corps et âmes un projet de réforme des retraites qui est une nouvelle attaque sans précédent sur le dos de ceux qui triment toute leur vie. Le plus beau des cadeaux serait de le voir prendre une claque monumentale face à la force des travailleurs en grève ! Qu’il ravale définitivement la contre-réforme des retraites, paralysant par le même coup toute la Macronie et ses attaques incessantes, en PLS sur la bande d’arrêt d’urgence !


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