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Edito

Le 13 avril ne doit pas être un baroud d’honneur : il nous faut une stratégie alternative !

Cette semaine sera décisive pour la bataille des retraites et la lutte contre Macron. Alors qu’il n’y a rien à attendre du Conseil Constitutionnel et que le RIP apparaît comme une impasse pour faire retirer la réforme, il y a urgence à poser la question d’une stratégie pour gagner.

Nathan Deas

12 avril 2023

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Le 13 avril ne doit pas être un baroud d'honneur : il nous faut une stratégie alternative !

Crédit photo : Dorian M

En faisant adopter leur réforme à l’Assemblée nationale, à coup de 49-3, Macron et Borne espéraient sans doute que l’affaire était entendue et qu’il leur suffirait de quelques jours pour passer à autre chose.

La colère est toujours là : le 13 avril ne doit pas être un baroud d’honneur

Quelques semaines plus tard, mobilisation après mobilisation, force est de constater que le mouvement se maintient. Le 6 avril, à l’occasion de la 11ème journée de manifestation interprofessionnelle et près de trois mois après le début de la bataille des retraites, ce sont encore près de 2 millions de manifestants qui ont battu le pavé.

Certes, on observe un reflux du côté des grèves reconductibles, y compris du côté de bastions du mouvement comme les raffineurs qui ont mis fin à leur mouvement entamé le 7 mars en raison de leur isolement. Mais, dans ce secteur, comme dans de larges couches du monde du travail et de la jeunesse, la colère et la détermination à faire reculer l’exécutif sont toujours là.

Dans ce contexte, Laurent Berger qui dirige l’intersyndicale a laissé entendre que la journée du 13 avril pourrait être la dernière appelée par la CFDT, en affirmant, notamment, que « la CFDT ne fera[it] pas des manifestations pendant six mois ». Aussi, alors que certains dirigeants cherchent à dessiner une fin de mouvement, il s’agira ce jeudi d’être massivement en grève et dans la rue pour rappeler que le 13 avril ne peut constituer un baroud d’honneur, et que nous ne lâcherons rien jusqu’au retrait.

Un moment charnière pour le mouvement

Dans le bras de fer qui oppose le monde du travail à Emmanuel Macron, les prochains jours promettent d’être décisifs. Le gouvernement compte sur les « sages » pour clore définitivement le mouvement et le suspense est faible quant à la décision de cette institution bonapartiste. Composé de personnalités du régime venant du même sérail que Macron, Larcher et consorts, et nommés par eux pour une durée de neuf ans, le plus probable est que le Conseil constitutionnel décide vendredi d’une censure partielle, qui tout en ne remettant pas en cause le cœur de la réforme sera utilisée par Macron pour donner un semblant de légitimité à sa mesure phare : le recul de l’âge de départ à 64 ans.

Une décision qui va poser la question de la suite du mouvement de façon brûlante. Si Macron reste affaibli, l’exécutif entend en effet profiter d’une possible censure partielle des mesures liées au travail de sa réforme pour relancer le « dialogue social » et tenter de renouer rapidement avec la CFDT. « La censure des articles à visée sociale (index senior, CDI senior, compte pénibilité…) donnerait du grain à moudre à ces nouvelles négociations, (…) il conviendra alors de renouer rapidement le fil entre l’exécutif et les syndicats » explique L’Opinion, rapportant les propos de macronistes.

Des négociations qui pourraient s’inscrire dans le cadre de la préparation d’une future loi sur l’emploi et le travail, qui veut donner la part belle à certaines revendications historiques de la CFDT tout en poursuivant les attaques contre le code du Travail, notamment contre le RSA. Laurent Berger, qui dénonce une « crise démocratique » mais insiste sur « l’essoufflement de la capacité des salariés à se mobiliser » a déjà laissé entendre qu’il était prêt à reprendre le dialogue…

Dans le même temps, le dirigeant de la CFDT, de même que certaines composantes de la NUPES, voient dans le Référendum d’initiative partagé (RIP) une issue pour le mouvement. Le Conseil constitutionnel devrait donner vendredi son feu vert sur la demande de lancement d’une telle procédure, inscrite dans la Constitution par Sarkozy, concernant l’âge légal de départ à 62 ans. Le processus n’a cependant de référendum que le nom et est très loin de dessiner de véritables perspectives pour faire reculer Macron.

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Retraites, explosion des prix : il faut une stratégie pour gagner

Une nouvelle fois, la situation pose la question de la stratégie pour gagner. De ce point de vue, il n’est plus possible de faire l’économie d’un bilan sérieux de l’orientation menée par l’intersyndicale depuis le début du mouvement. En refusant d’affronter la question de la généralisation de la grève et de ses obstacles, en isolant les grévistes qui se proposaient de partir en reconductible, celle-ci a en effet épuisé, les uns après les autres, les secteurs les plus combatifs de notre classe. Ces derniers le dénoncent d’ailleurs ouvertement, à l’image des raffineurs de Normandie dans un communiqué publié ce mercredi :

« Si la mobilisation peine aujourd’hui, ce n’est pas par manque de détermination de la base, mais parce que l’intersyndicale s’est refusée à construire un rapport de force à la hauteur des ambitions de nos adversaires. Plutôt que d’appeler à 7 journées d’actions depuis le 7 mars, elle aurait dû appeler à enchaîner ces journées de grève pour arrêter l’économie. »

Alors que certaines grèves reconductibles s’arrêtent, Laurent Berger n’hésite à l’inverse pas à porter la responsabilité sur un prétendu « essoufflement » du mouvement à la base pour mieux préparer sa sortie. C’est inacceptable, et les travailleurs à la base doivent le dénoncer ! De son côté, si la direction de la CGT et sa nouvelle patronne, Sophie Binet, cherche davantage à dialoguer avec la colère qui continue de s’exprimer par en bas, en se rendant sur des piquets de grève ou en affichant des postures radicales, elle ne propose aucune alternative qui lui permette de s’organiser.

Ue fois de plus, c’est d’un plan de bataille cherchant à coordonner l’ensemble des secteurs et travailleurs qui comprennent l’urgence d’une autre stratégie pour pouvoir frapper ensemble et véritablement bloquer le pays dont on manque désespérément. Un plan de bataille qui pourrait trouver de nouvelles ressources pour le combat contre le gouvernement en élargissant enfin les revendications alors que ces derniers jours, la lutte victorieuse des travailleurs de Samsic, la grève reconductible des éboueurs du SIVOM ou encore la mobilisation historique des travailleurs du transporteur Tisséo à Toulouse qui ont bloqué pour la première fois depuis 1992 le réseau de métro de la ville rose, ont mis sous le feu des projecteurs l’urgence à lier bataille pour les retraites et luttes pour les salaires.

L’inflation explose, la colère reste immense, et si le gouvernement prépare de nouvelles attaques, il est affaibli. Dans ce contexte, la victoire est encore possible, à condition de prendre notre lutte entre nos mains pour imposer une autre stratégie. Il faudra être le plus nombreux possible dans la rue et en grève le 13 avril, mais aussi le 14 où de nombreux rassemblements et manifestations commencent à être appelés, pour discuter largement ces questions.


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