Crédit photo : soignants mobilisés au centre hospitalier de Romorantin - La Nouvelle République

Cette semaine, le Canard enchaîné révèle l’existence d’une note confidentielle des services de renseignements généraux intitulée « Etat d’esprit des personnels hospitaliers au regard de la reprise de la pandémie ». On y apprendre que la direction du Service central de renseignement territorial souhaiterait être informé de l’ambiance à l’hôpital. Celle-ci aurait en effet demandé à ses services d’ « établir un bilan succinct concernant l’état d’esprit des personnels soignants » en lien notamment avec les « difficultés rencontrées » et « la persistance du manque de moyens humains et matériels » ainsi que les cas de conscience des personnels qui pourraient craindre d’« avoir à opérer des choix sur les patients ».

Une mission qui ne risque pas de demander beaucoup de travail aux agents des renseignements généraux, car l’état d’esprit des soignants est connu de tous. Frustration face au manque de moyens, épuisement physique, mais aussi beaucoup de colère. Et si, alors que les personnels de l’hôpital se trouvent en situation critique et qu’ils le font savoir par tous les relais disponibles, le gouvernement estime manifestement que la voie policière est la meilleure pour se tenir au courant c’est peut-être qu’il vise d’autres informations…

De fait, alors que la colère contre la gestion catastrophique de la crise sanitaire s’ajoute aux conséquences vécues de la crise économique, une colère sourde traverse le pays. Et il est probable que le gouvernement s’inquiète autant de savoir si les soignants seront capables de tenir face à la deuxième vague que de savoir si leur colère ne pourrait pas finir par mettre le feu aux poudres. Quoi qu’il en soit, cette mission des renseignements rappellent que, pour l’écouter ou la réprimer, entre l’Etat et la société, la seule interface, c’est la police. Quel meilleur symbole pourrait-on trouver sur la manière dont l’Etat bourgeois prétend gouverner la société ?