×

Analyse

Offensive terrestre à Gaza : quelles contradictions politiques et militaires à l’opération d’Israël ?

L’avancée militaire d’Israël dans la bande de Gaza s’accentue mais demeure laborieuse. Si Tsahal a désormais coupé la bande de Gaza au sud de la ville de Gaza-City, d’importantes contradictions sur les plans militaires et politiques sont à venir. Alors que la guerre pourrait s’enliser, l’incapacité d’Israël à planifier une sortie de crise crédible inquiète ses alliés impérialistes.

Julien Anchaing

10 novembre 2023

Facebook Twitter
Audio
Offensive terrestre à Gaza : quelles contradictions politiques et militaires à l'opération d'Israël ?

L’offensive sur Gaza ressemble de plus en plus à un siège meurtrier sur Gaza-City. Les incursions terrestres de Tsahal se sont soldées par la découpe de la bande de Gaza en deux parties depuis le sud de Gaza-City, afin de permettre la mise en place d’une zone tampon avant l’incursion terrestre de Tsahal dans la ville. Au nord, Israël a complété son opération par les bombardements successifs des camps de réfugiés de Jabalia et Al-Shati, et déclare désormais avoir mis cette partie du territoire sous son contrôle. Alors que « l’éradication du Hamas » reste l’objectif affiché de Tsahal, les contours d’une véritable opération nettoyage ethnique sont de plus en plus évidents. A titre d’illustration, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré que l’armée israélienne avait frappé la ville au moins 10 000 fois depuis que la guerre contre le Hamas a été déclarée le 7 octobre. Pourtant, malgré le massacre en cours, plusieurs dizaines de milliers d’habitants refusent de quitter Gaza par peur de ne plus pouvoir revenir chez eux. Autant d’éléments montrant qu’une nouvelle Nakba est en cours.

Par-delà le massacre en cours avec plus de 10 000 morts Palestiniens, le plus dur est à venir au plan militaire. L’entrée dans la ville de Gaza est un scénario beaucoup plus complexe que la première phase de l’avancée de l’armée israélienne, et implique des affrontements urbains multiples avec des groupes armés très entrainés à ce type de guerre, s’appuyant sur un réseau de tunnels qui pourrait être le plus important du monde, le tout avec une assise sociale et populaire , étant installé depuis maintenant presque deux décennies en tant qu’autorité politique centrale. Face à ces avantages qui permettent au Hamas de réduire l’importante asymétrie entre les deux armées, Israël est ainsi tenté de maximiser son avantage en évitant au maximum les combats de rue. Comme l’explique Mehul Srivastava et John Paul Rathbone pour le FT « L’objectif d’Israël, disent les responsables militaires et les analystes, ne sera pas de combattre rue par rue, comme l’ont fait les forces dirigées par les États-Unis à Falloujah lors de la deuxième guerre en Irak. Son plan est plutôt de nettoyer des poches de territoire et de les utiliser comme bases pour des raids urbains. Le résultat sera une série de petites batailles et d’escarmouches pour des sections du territoire ».

Lire aussi : Offensive terrestre à Gaza : quelques éléments d’analyse à propos du massacre qui s’annonce

Les contradictions militaires sont donc multiples pour Israël. En effet, la multiplication d’objectifs militaires complexifie largement son opération : non seulement, l’expédition contre le Hamas visant à détruire son infrastructure militaire est une tâche ardue voire impossible. De plus, la crise des otages met sous importante pression le gouvernement qui doit œuvrer à la fois à en libérer un maximum et à infliger le maximum de dégâts au Hamas et à ses tunnels. De plus, Netanyahou doit parvenir à éviter un nombre de morts trop importants du côté israélien alors que la coalition d’extrême-droite est très affaiblie.

L’escalade militaire d’Israël inquiète de nombreux responsables politiques israéliens et américains. Certains soulignent depuis le début de la guerre le danger que représente une guerre ayant pour objectif de « supprimer » un ennemi dans son intégralité tout en occupant un territoire urbain dans lequel l’armée est une puissance d’occupation. Cependant, les multiples contradictions politiques autour de cette opération paraissent être la plus grande faiblesse d’Israël.

Qui pour remplacer le Hamas ?

Les objectifs maximalistes fixés par Israël contre le Hamas entrent en contradiction avec la nécessité d’éviter de pertes militaires trop importantes dans les combats urbains. Mais les yeux des représentants américains et de la presse internationale sont aussi rivés sur les non-dits politiques des objectifs de l’opération militaire d’Israël à Gaza. Nombreux sont ceux qui insistent sur le problème d’une guerre menée sans objectifs de sortie de crise clairement définis. Si le ton était plutôt discret au début de la guerre, Biden mettant au centre son soutien inconditionnel au « droit de se défendre » (entendre droit d’appliquer un nettoyage ethnique à Gaza) de son principal allié dans la région, les responsables américains et les puissances impérialistes en général ont changé partiellement de ton. Les appels multiples à des potentielles « pauses humanitaires » courtes afin d’approvisionner Gaza en aide et évacuer les civils, l’avertissement récent de Barak Obama (lui-même criminel de guerre) à Israël et les multiples déclarations d’Anthony Blinken depuis le Moyen-Orient radicalisent une position qui cherche à la fois à atténuer les contradictions qui émergent sur le plan intérieur pour Biden, et à minimiser au maximum le risque d’embrasement de la région qui persiste du fait des conséquences de l’opération israélienne.

Pour garantir une relative stabilité de la région une fois la fin des combats, la mise en place d’une gouvernance viable de la bande de Gaza constitue un élément crucial. De ce point de vue, l’un des problèmes centraux pour Israël est de déterminer un potentiel acteur politique capable de remplacer le Hamas, en cas de réussite de ses objectifs. Parmi les options avancées par les Etats-Unis, la tentative de légitimer une Autorité Palestinienne en profonde crise a fait l’objet de plusieurs interventions d’Anthony Blinken ces derniers jours. En cherchant à relégitimer cet acteur à l’image de son dirigeant, vieux de 88 ans et ayant refusé d’organiser de nouvelles élections depuis 18 ans, les Etats-Unis cherchent à trouver un acteur politique « démocratique ». Une tentative de remettre au premier plan la « solution à deux Etats » qui est non seulement utopique après plusieurs décennies d’échec et au moment où l’influence des Etats-Unis dans la région est très affaiblie et écornée par les échecs militaires en Irak et en Afghanistan, mais également profondément réactionnaire à l’heure où la perspective américaine s’inscrit dans la continuité directe et coloniale de l’Etat d’Israël.

Aussi, cette politique fait l’objet d’un rejet viscéral du gouvernement Netanyahou qui connaît une crise importante depuis le 7 octobre et cherche à s’appuyer sur l’aile droite du régime et de la société israélienne pour avancer dans son offensive militaire et ses politiques autoritaires pour la justifier. S’il est parvenu à construire une unité politique conjoncturelle avec une partie de l’opposition, Netanyahou et le Likoud apparaissent aux yeux d’une majorité des Israéliens comme les principaux responsables de la plus grande offensive militaire menée contre Israël depuis plusieurs décennies. L’actuel Premier Ministre a beau chercher à éviter de se responsabiliser de l’ensemble de la crise du 7 octobre, il est actuellement détesté par une partie conséquente de la population israélienne. Le discours ultra-violent de ses alliés d’extrême-droite comme son ministre Bezalel Smotrich, l’actuel ministre des Finances, les contradictions au sein de l’appareil d’Etat (comme en témoigne la fuite récente des documents du ministère du renseignement) et l’existence d’une partie importante de la société israélienne qui adhère à un discours extrêmement radical et raciste contre les palestiniens témoignent de l’espace que donne le Likoud à la droite et l’extrême-droite pour se maintenir. Si Netanyahou a notamment parlé, avant de reculer, d’un potentiel plan d’occupation militaire de Gaza, c’est avant tout pour se distinguer d’une telle option. Au sein du cabinet de Guerre (et au sein de l’Etat), il existe cependant des acteurs plus modérés qui pourraient considérer cette option, à l’instar de Benny Gantz, qui considèrent que l’Autorité Palestinienne pourrait constituer une alternative au Hamas.

Comme l’explique le journal Haaretz, « le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré qu’après la fin des combats, il y aurait une étape de « création d’un nouveau régime de sécurité dans la bande de Gaza, éliminant la responsabilité d’Israël dans les opérations quotidiennes » dans la bande de Gaza et créer une nouvelle réalité de sécurité pour les citoyens israéliens et les résidents des communautés frontalières ». Une option privilégiée par Yaïr Lapid, dirigeant de l’opposition principale au gouvernement et qui a refusé de se joindre au gouvernement de coalition, qui considère aussi l’Autorité Palestinienne comme la principale option viable afin de stabiliser Gaza.

Le principal problème reste que l’Autorité Palestinienne est profondément affaiblie, et ce notamment du fait de l’échec historique de sa politique envers les agressions d’Israël sur le peuple palestinien. Depuis les accords d’Oslo et tout particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Abbas en 2005, l’Autorité Palestinienne joue un rôle actif de police du mouvement national palestinien, tout particulièrement en Cisjordanie où elle est détestée par la population. Déjà profondément décriée en Cisjordanie, elle est accusée de permettre la colonisation progressive du territoire par sa passivité et sa répression du mouvement palestinien. Depuis le 7 octobre, 120 palestiniens auraient déjà été tués en Cisjordanie, en plus des nombreuses arrestations perpétrées par la police militaire israélienne, comme la militante Ahed Tamimi.

Face à ces attaques, l’Autorité Palestinienne a elle-même réprimé les mobilisations du 19 octobre, à la suite de l’explosion de l’hôpital al-Ahri à Gaza, en allant jusqu’à abattre une jeune palestinienne de 12 ans à Jénine. Une situation qui pousse très souvent à des mobilisations contre l’Autorité Palestinienne dans une zone où elle est encore au pouvoir, alors qu’elle a déjà été déplacée depuis 2006 à Gaza contre le Hamas. En 2021, alors que la jeunesse de Sheikh Jarrah se soulevait contre l’oppression de l’armée israélienne soutenue par les colons, l’Autorité Palestinienne annulait les élections législatives par peur d’une percée du Hamas. Un acteur donc profondément affaibli et pourri de l’intérieur qui risque en plus d’entrer dans une crise dans les années à venir, en cas de décès de Mahmoud Abbas. Comme l’indique le site Stratfor, le scénario d’un décès de Mahmoud Abbas participerait à une transition chaotique et une crise au sein du parti Fattah, et qui pourrait entraîner une déstabilisation de la Cisjordanie déjà chauffée à blanc par la solidarité de la jeunesse palestinienne pour les morts faits par l’armée israélienne chaque jour à Gaza et par les offensives continues et répétées des colons dans la zone.

En effet, dans un secteur conséquent de la jeunesse palestinienne, et tout particulièrement en Cisjordanie, ni le Hamas ni l’Autorité Palestinienne ne sont des alternatives. L’émergence d’une nouvelle génération de palestiniens, de groupes autonomes armés défendant les territoires contre l’arrivée de colons, va totalement à contre-courant de la décadence du Fattah et de sa direction tout comme du projet, de la stratégie et de la méthode théocratique et réactionnaire du Hamas.

Difficile donc d’imaginer le pouvoir de l’Autorité Palestinienne, qui n’a déjà quasiment aucune légitimité sur la Cisjordanie, s’installer sur la bande de Gaza à la remorque d’un char d’assaut israélien après avoir déplacé le Hamas.

D’autres propositions comme une intervention d’une coalition militaire des pays signataires des Accords d’Abraham (Bahreïn, Egypte, Maroc) ainsi que la Jordanie à qui serait transférée au moins temporairement le contrôle de Gaza, ou encore la mise de la zone sous contrôle de l’ONU paraissent être des options paraissent aussi difficilement viables, même temporairement. Difficile d’imaginer que les régimes arabes, déjà dans la tourmente du rejet des accords d’Abraham par leurs populations respectives et revitalisées par la colère contre l’oppression du peuple palestinien, puissent s’imaginer occuper militairement Gaza.

Avec le retour des rues pro-palestiniennes, les alliés d’Israël craignent un embrasement

Pour les Etats-Unis et Israël, l’impossibilité de trouver une option de stabilisation de Gaza à la suite de la guerre est un scénario très dangereux. Dans tous les cas, Israël sera obligé de s’appuyer sur une intervention à caractère militaire pour chercher à stabiliser la bande de Gaza. Si l’Autorité Palestinienne ne parvient pas à devenir une option stable, Israël devrait occuper Gaza militairement et construire une zone tampon pour atténuer les menaces militaires. Une politique non seulement coûteuse mais qui pourrait déstabiliser profondément le gouvernement.

Le fait d’aller trop loin dans les massacres et l’occupation de Gaza pourrait en plus constituer une victoire à la Pyrrhus. Les rues arabes ont déjà été revitalisées suite aux bombardements israéliens. En Egypte, les masses sont de nouveau dans la rue depuis 2014 et pourraient largement s’opposer à la politique de normalisation de Al-Sisi. Cette situation traverse d’autres pays, comme Bahreïn, le Maroc, ou encore l’Arabie Saoudite qui a dû suspendre ses négociations pour des accords avec Israël. De son côté, même si le Hezbollah a préféré tempérer un scénario d’affrontement brutal avec Israël, un massacre trop important à Gaza pourrait aiguiser le risque d’une escalade volontaire ou involontaire alors que continuent les échanges de tirs à la frontière du Sud-Liban. Des décennies de normalisation avec Israël et de couardise des bourgeoisies et des roitelets de la région font face au mur de la solidarité internationale qui touche l’ensemble des populations arabes de la région, profondément sensibilisées à la cause palestinienne. Même des pays comme la Bolivie sont allés plus loin que les bourgeoisies arabes qui ont pour le moment tout fait pour éviter une rupture diplomatique avec Israël, voire tout simplement une rupture des accords d’Abraham, à l’instar de la crise récente qui a traversé Bahreïn à la suite de la déclaration de sa chambre des représentants.

Du côté des alliés occidentaux d’Israël, on peut considérer que l’Etat hébreu a déjà perdu la bataille de l’opinion. Aux Etats-Unis, Joe Biden doit éviter qu’une guerre n’éclate au Proche-Orient alors que la puissance impérialiste cherche à concentrer ses efforts de contention dans l’Indo-Pacifique contre la Chine. Les récentes déclarations de Bernie Sanders en soutien à Israël et rejetant un potentiel cessez-le-feu ont été la claire démonstration pour la jeunesse et les travailleurs aux Etats-Unis, et tout particulièrement une partie des populations arabes-américaines que le Parti démocrate soutient une politique de nettoyage ethnique et génocidaire. Comme le rapporte Stratfor "Dans un sondage mené par l’Arab American Institute le mois dernier, seuls 17 % des Arabes américains ont déclaré qu’ils prévoyaient de voter pour le président Joe Biden si les élections avaient lieu aujourd’hui – une forte baisse par rapport aux 59 % qui l’avaient déclaré en 2020. Le Michigan, où les Arabes américains constituent un bloc électoral important, est crucial pour la campagne de réélection de Biden, le gouvernement est donc incité à faciliter la fin de la guerre entre Israël et le Hamas avant que la saison électorale ne commence sérieusement." Les expressions politiques des travailleurs d’Amazon, les blocages d’usines d’armement et les mobilisations de la jeunesse et des travailleurs américains sont un frein concret à la cooptation d’une génération politique qui voit désormais son gouvernement comme un soutien direct au génocide mené par Israël. Ces expressions de solidarité ouvrière sont parmi les plus intéressantes de la dynamique de remise en question du Parti Démocrate.

Quelle que soit l’option réactionnaire proposée par les puissances impérialistes et Israël, comme l’occupation militaire de Gaza, la mise en place d’une zone tampon ou la revitalisation de l’Autorité Palestinienne, Israël fait face à la crise d’un manque d’option politique viable qui puisse permettre un retour à la normalisation de sa présence au Proche-Orient, avec la collaboration des bourgeoisies arabes. Le retour d’une perspective de construction d’une solution à deux Etats, malgré les accords d’Oslo, cherche à cacher cette crise politique. L’échec de cette politique a déjà été démontré, et elle ne consisterait qu’en la mise en place d’un Etat israélien soutenu par toutes les puissances impérialistes qui opprimerait un petit Etat Palestinien, basé sur la spoliation des terres et des ressources du peuple palestinien.

Avec le retour des guerres au Proche-Orient, la situation internationale est une nouvelle démonstration de la profonde crise de l’hégémonie américaine et de l’entrée dans une période de crises, de guerres et de révolutions. Seule une politique d’unité de la classe ouvrière arabe contre ses bourgeoisies complices à Israël et aux puissances impérialistes peut permettre de constituer une véritable alliance avec les travailleurs et la jeunesse palestinienne qui fait face chaque jour aux chars et au système d’apartheid mis en place par l’Etat sioniste. La construction d’une perspective socialiste, loin de tout projet bourgeois soutenu par les puissances impérialistes et qui consisterait à maintenir le peuple palestinien sous le joug colonial est la seule viable : celle d’une construction d’une Palestine ouvrière et socialiste, où l’ensemble des peuples et des religions pourraient coexister et qui serait un point d’appui à la construction d’une Fédération Socialiste du Proche et Moyen Orient.


Facebook Twitter
Interview d'une étudiante de Columbia : « les campements doivent s'étendre à l'ensemble du pays »

Interview d’une étudiante de Columbia : « les campements doivent s’étendre à l’ensemble du pays »

Invasion de Rafah : une nouvelle étape dans le génocide des Palestiniens

Invasion de Rafah : une nouvelle étape dans le génocide des Palestiniens

Du Vietnam à la Palestine ? En 1968, l'occupation de Columbia enflammait les campus américains

Du Vietnam à la Palestine ? En 1968, l’occupation de Columbia enflammait les campus américains

Netanyahou compare les étudiants américains pro-Palestine aux nazis dans les années 1930

Netanyahou compare les étudiants américains pro-Palestine aux nazis dans les années 1930

Hongrie : 4 antifascistes menacés de jusqu'à 24 ans de prison ferme pour leur lutte contre des néo-nazis

Hongrie : 4 antifascistes menacés de jusqu’à 24 ans de prison ferme pour leur lutte contre des néo-nazis

Etats-Unis : la mobilisation de la jeunesse étudiante attise les difficultés de Biden

Etats-Unis : la mobilisation de la jeunesse étudiante attise les difficultés de Biden

Mumia Abu Jamal, plus vieux prisonnier politique du monde, fête ses 70 ans dans les prisons américaines

Mumia Abu Jamal, plus vieux prisonnier politique du monde, fête ses 70 ans dans les prisons américaines

Surenchère xénophobe : La déportation des migrants vers le Rwanda adoptée au Royaume-Uni

Surenchère xénophobe : La déportation des migrants vers le Rwanda adoptée au Royaume-Uni