Des négociations stériles qui jouent le jeu du gouvernement

Dans le contexte d’une inflation galopante et de profits record des plus riches, la question de la rémunération est au cœur des débats depuis des mois. Dans ce cadre, le gouvernement avait tenté de détourner la colère qui s’exprimait dans de nombreuses grèves pour l’augmentation des salaires, à l’instar de la grève des raffineurs, en proposant l’ouverture de « concertations » sur le « partage de la valeur ».

Ce vendredi, les représentants du patronat et les organisations syndicales se réunissaient donc pour la onzième fois, après avoir démarré les discussions en novembre. Des « concertations » dont le cadre a été pensé par le gouvernement pour éluder la question de l’augmentation des salaires au profit de la mise en avant de ses nouvelles trouvailles que sont les arnaques du « dividende salarié » et de la « super participation ».

Derrière leurs noms édulcorés, ces dispositifs ont pour logique d’associer les salariés à l’objectif d’accumulation de profit de ceux qui les exploitent. Un moyen d’évacuer la perspective de l’augmentation des salaires et celle de leur indexation sur l’inflation, remplacés par une forme d’augmentation aléatoire, momentanée et surtout très hypothétique des revenus.

Ainsi, la nouvelle concertation de ce vendredi s’annonce donc tout aussi inutile pour le monde du travail que les précédentes. Seulement, les directions syndicales continuent de s’y rendre, participant ainsi à alimenter un dialogue social totalement stérile, d’autant plus en pleine mobilisation contre la réforme des retraites.

Les directions syndicales doivent refuser le dialogue social et élargir le mouvement contre les retraites à la question des salaires

En participant à ces négociations, le rôle joué par les directions syndicales est d’autant plus grave dans le contexte d’offensive antisociale menée par le gouvernement et le MEDEF. À l’heure où Macron et le patronat cherchent à nous faire travailler plus longtemps, il est encore moins concevable de discuter cordialement avec ces derniers.

De plus, la participation à de tels cadres de discussions ne fait que cautionner la manœuvre du gouvernement pour renvoyer la question des salaires au dialogue social. Si les directions syndicales affirment qu’aujourd’hui le combat contre la réforme des retraites se passe dans la rue, elles sont cependant toujours prêtes à s’asseoir à la table du patronat pour discuter du « partage de la valeur ». Une adaptation au jeu du « dialogue social », alors que sur le plan des salaires comme pour les retraites, ce n’est que par l’instauration d’un rapport de force qu’il sera possible d’arracher des revendications au patronat et à Macron. Ces derniers n’ont pas manqué de le démontrer ces dernières années.

Ainsi, à la veille de la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les directions syndicales doivent non seulement quitter la table des négociations, mais aussi élargir les revendications de la mobilisation contre la réforme des retraites. Dans ce sens, il faut défendre non seulement le retrait de la réforme et une retraite à 60 ans avec 37,5 annuités, mais aussi porter l’augmentation de 400 € de tous les salaires et leur indexation sur l’inflation.

Un tel élargissement des revendications rendrait possible l’entrée dans le mouvement de nombreux secteurs du monde du travail qui doivent aujourd’hui se préoccuper d’abord de la fin du mois avant de penser à la fin de carrière, et qui se battent actuellement dans le cadre de NAO (négociations annuelles obligatoires) spécifiques à leurs entreprises. Mais il permettrait également d’imposer les revendications des salaires comme une lutte directement politique qui dépasse le cadre « entreprise par entreprise » imposé par le patronat, pour arracher de nouvelles conquêtes pour l’ensemble du monde du travail.