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"Les inadaptés, on les matraque"

Répression dans les quartiers populaires au Paraguay pendant le confinement

Depuis hier soir, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux témoignent de scènes de violences et d'humiliations policières dans le contexte de confinement et de couvre-feu. Des violences qui s'abattent contre les habitants de quartiers populaires où la présence policière a été renforcée.

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Le Paraguay compte jusqu’à aujourd’hui aux alentours de 27 cas de patients contaminés par le Coronavirus, devenant ainsi le pays le moins touché par le CoVid-19 en Amérique du Sud. Les mesures de confinement s’accompagnent de contrôles très stricts effectués par les policiers et les militaires donnant lieu à de nombreuses scènes de violences policières comme en témoignent des vidéos qui tournent sur les réseaux sociaux.

Le 23 mars, le Ministre de l’Intérieur a averti d’un durcissement des contrôles de la part de la police et des militaires, et déclaré : « A los inadaptados se los garrotea » (« aux inadaptés on les matraque »). Avant d’ajouter que ceux qui sortiront de chez eux sans justification auront une amende, voire même, seront susceptibles d’une peine de prison.

Les policiers et militaires n’ont pas tardé à abuser des "pleins pouvoirs" qui leur ont été donnés. On a ainsi vu apparaître depuis hier des vidéos où ceux-ci menacent et humilient les personnes des quartiers populaires. Dans la première vidéo, les militaires obligent le monsieur à répéter "je ne vais plus sortir de chez moi" plusieurs fois tout en l’obligeant à sauter comme forme de punition et en le menaçant avec un pistolet à impulsion électrique. On peut voir dans la deuxième vidéo, les militaires cette fois-ci qui persécutent un jeune homme qui court, terrorisé. Cette scène prend place dans le "Barrio San Francisco" de la capitale.

Le ministre de l’intérieur, Euclides Acevedo, a commenté ces vidéos : « j’ai vu quelques vidéos. Moi je les félicite, je n’ai pas cette créativité. J’essaie de le voir avec de l’humour [...] Soit on le fait bien [le confinement] soit on le fait pas du tout. Et celui qui ne le fait bien, il le sait déjà, il ira en prison ».

La réalité est que respecter le confinement est très difficile pour les personnes qui habitent dans des quartiers populaires. En effet 65% de la population n’a pas un travail formel et doit sortir pour aller travailler. Ainsi, dans le centre-ville d’Asunción, la capitale, suite à l’expulsion de paysans et d’indigènes de leurs terres au profit des gros producteurs fonciers, ces derniers se retrouvent dans la rue à tenir des commerces ambulants et sont extrêmement affectés par le confinement.

Même si le gouvernement propose de donner 25% du salaire minimum (soit 76 euros) aux travailleurs informels ainsi que l’exonération du paiement des factures d’électricité et d’eau pour trois mois, cela reste clairement insuffisant pour vivre décemment. Ce qui est vraiment nécessaire est d’investir dans les hôpitaux publics, faire des tests massifs et gratuits, donner des logements corrects aux personnes sans-abris. Moins de police, et plus de mesures de santé et sociales !


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