Le secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord était l’invité de l’émission « Question politiques » sur France Inter, France Télévisions et le Monde, dimanche 2 avril. Questionné sur le climat social et le caractère éruptif des contestations depuis l’adoption du 49-3, le « communiste » a condamné les « violences » qui ont émaillé les manifestations. Avant de conclure : « Je souhaiterais néanmoins qu’il n’y ait pas d’amalgames entre ce qui s’est passé à Sainte-Soline et les manifestations puissantes et pacifiques contre la réforme des retraites ».

Qu’un député « communiste » s’attache à discréditer la mobilisation de ceux qui ont compté dans leurs rangs près de 200 blessés (dont un est toujours entre la vie et la mort) et ont subi les assauts des forces de répressions équipées d’armes de guerres pendant deux jours est scandaleux. Mais surtout, cette sortie de Roussel rentre pleinement dans la rhétorique du gouvernement et de Darmanin qui depuis plusieurs semaines, cherchent à diviser le mouvement et à polariser les débats sur le terrain des prétendues « violences » des manifestants. Alors que l’objectif pour le gouvernement est d’incarner le parti de l’ordre, de discréditer la mobilisation en cours, invisibiliser les violences, cette fois bien réelles, de la police et de préparer le terrain à une nouvelle offensive autoritaire, le numéro 1 du PCF lui sert la soupe.

En opposant manifestations pour les retraites et mobilisation pour le climat à Sainte-Soline, Fabien Roussel ne fait rien d’autre en effet que de reprendre à son compte la petite musique jouée en boucle par le gouvernement (et ses soutiens médiatiques) depuis plusieurs semaines. Le leader du PCF se fait ainsi le relais de la criminalisation du mouvement en cours et légitime directement le discours du gouvernement sur les « violences des manifestants » et les « factieux ». Par effet ricochet, Roussel participe à légitimer aussi la brutalité policière qui s’est abattue à Sainte-Soline, mais aussi dans les manifestations du mouvement des retraites.

Dans le contexte de répression et d’offensive autoritaire latente, l’urgence devrait être de faire bloc dès maintenant contre les violences policières dans les manifestations et sur les piquets de grève, mais aussi contre les réquisitions et les dissolutions. Un enjeu stratégique important et une condition pour maintenir et durcir le rapport de force pour faire reculer Macron.

Mais le patron du PCF préfère quant à lui diviser les manifestants et faire le jeu du gouvernement. Dans le Monde, Roussel a même été jusqu’à adresser des louanges au premier flic de France Gérald Darmanin, principal architecte de la répression du mouvement : « Je lui reconnais cette capacité à écouter les habitants populaires, il sait entendre la colère, la difficulté d’un ouvrier, il est comme moi » a-t-il déclaré.