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Scandale. L’usine Smart mise en vente après des années de chantage à l’emploi

L’annonce a été faite ce vendredi : l’usine Smart de Moselle va être mise en vente par Mercedes. Pour les 1.500 salariés qui travaillent sur le site de Hambach, la nouvelle est tombée comme une véritable trahison après des années de chantage à l’emploi de la part de la direction.

Léon Sidhoum

24 juillet 2020

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JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Après avoir promis 500 millions d’euros d’investissement pour produire en Moselle trois nouveaux SUV Mercedes thermiques et électriques, la direction du groupe fait volte-face et annonce ce vendredi 3 juillet 2020 à 11h que les véhicules ne seront plus produits à Smartville. Elle cherche un repreneur.

Suite aux annonces de Mercedes, la production a été arrêtée ce vendredi, à l’appel de l’intersyndicale. Entre 800 et 1.000 salariées, soutiens et déléguées syndicaux ont manifesté ce vendredi matin à Sarreguemines pour dénoncer la trahison du groupe derrière le mot d’ordre de maintien des emplois. Le cortège a largement été soutenu par la population qui a applaudi depuis leurs fenêtres et leurs balcons.

Les salariés de l’usine se sentent d’autant plus trahis qu’ils subissaient un chantage à l’emploi inacceptable qui leur avait imposé des baisses de salaires depuis cinq ans. En effet, en 2015 avait été conclu un plan de compétitivité baptisé "Pacte 2020" qui prévoyait le retour à 39 heures de travail hebdomadaires, payées 37, « pour permettre de sauver l’usine », signé par tous les syndicats ; mais signer avec le patron, c’est, en définitive, se tirer une balle dans le pied.

Cette affaire constitue un exemple tragique des limites du dialogue social, avec les syndicats qui rentrent bien souvent dans le piège du chantage à l’emploi. Ces dernières années nous ont démontré que le chantage à l’emploi est devenu la première étape vers une liquidation de l’usine, et qu"elles sont une manière pour les groupes industriels de rentabiliser au maximum leurs dernières années d’exploitation.

Les grands groupes industriels tentent de justifier ces fermetures et chantages à l’emploi sous prétexte de non-rentabilité, notamment due à la crise économique engendrée par la situation sanitaire. Face à ces « justifications », il est nécessaire que les salariés et sections syndicales exigent l’ouverture du livre des comptes de l’entreprise afin que les salariés puissent eux-mêmes constater l’état des finances de l’usine. Et quand bien même le livre des comptes de la société lui serait défavorable, il est nécessaire d’exiger la levée du secret commercial de la branche entière afin que les salariés puissent analyser d’eux même, où sont réalisés les profits, le montant des dividendes reversés aux actionnaires, les rémunérations des dirigeants, et la nature des investissements réalisés par la société. Ces exigences sont d’autant plus nécessaires que les logiques de chantages à l’emploi sous menace de fermeture se multiplient ces dernières semaines.

Les dirigeants de la section syndicale de la CGT disent "tomber des nues" après avoir accordé une confiance totale à la direction de Smart sur la base de « promesses » dont l’actualité nous rappelle que trop souvent ce qu’elles valent. La vente de l’usine Smart démontre la nécessité de refuser en bloc et de combattre immédiatement toute logique de chantage à l’emploi lorsqu’elles sont avancées dans les CSE. Mais cela n’est pas une fatalité, puisque se battre pour le maintien de tous les emplois, c’est une lutte de tout le mouvement ouvrier. C’est pourquoi la mobilisation doit s’élargir sans concession avec des appels de tous les secteurs automobiles et de la sous-traitance du pays.

La construction des Smart électriques devrait continuer jusqu’en 2022-24 afin d’honorer les commandes, mais il est fort probable que la direction tente par tous les moyens de fermer le site avant 2024. Les salariés sont d’autant plus inquiets pour leur emploi, de par le contexte économique actuel et les conséquences indirectes d’une fermeture entraîneraient de très nombreux licenciements chez les sous-traitants.

Les directions des grandes centrales syndicales doivent donc impérativement proposer un plan de bataille sérieux de l’ensemble du monde du travail face aux volontés du patronat de faire payer la crise aux travailleurs. Et commencer déjà par imposer la grève dans l’usine et en faire un emblème de résistance nationale contre les fermetures d’usines et des licenciements.


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