Alors que la répression syndicale et militante prend une ampleur inédite depuis le mouvement contre la réforme des retraites, un ensemble de syndicats concernés par la répression ont décidé d’appeler à une première réunion de coordination pour s’organiser face à la répression patronale.

En décembre, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, alertait sur une répression d’ampleur avec plus de 1 000 syndicalistes poursuivis en justice, dont au moins 400 énergéticiens et 17 secrétaires généraux. Ces derniers mois, la répression occupe une grande partie de l’actualité dans le mouvement syndical et ouvrier. Ainsi, jeudi dernier, un an de prison avec sursis était requis à l’encontre du secrétaire de l’UD CGT 59, jugé pour « apologie du terrorisme » à la suite d’un tract en soutien à la Palestine. Quelques jours auparavant, suite à la convocation de Nicolas, travailleur chez Safran au Havre, accusé de « harcèlement » envers sa direction, près de 300 personnes se sont rassemblées sur le site de Safran pour dénoncer la répression patronale.

Les cas de répression syndicale et politique à l’encontre de syndicalistes et de travailleurs se multiplient, en réponse à la mobilisation récente de différents secteurs du mouvement ouvrier contre l’inflation, ou contre la réforme des retraites. Alors que le 6 mars de l’année dernière, un français sur deux se disait prêt à soutenir une grève reconductible contre la réforme des retraites, le patronat profite de l’accalmie imposée par la force par le gouvernement l’été dernier, accompagné du retour au dialogue social avec les centrales syndicales, pour passer à l’offensive contre celles et ceux qui ont osé relever la tête ou pourraient se mettre à la tête de prochaines grèves, locales ou nationales.

Face à cette situation, la CGT Neuhauser, une entreprise de boulangerie et pâtisserie industrielle, dont le délégué syndical central, Christian Porta, est menacé de licenciement par le géant de l’agro-business InVivo, a impulsé un appel à se coordonner pour mettre un coup d’arrêt à la répression. Dans cet appel, le syndicat revient sur la répression anti-syndicale qui « dans un temps très court » a frappé « Nicolas Pereira, Secrétaire de l’union locale CGT de Roissy et Christian Porta, Secrétaire de l’union locale CGT de Saint-Avold et délégué syndical central chez Neuhauser, [qui] ont tous les deux été violemment attaqués par leur direction. Le premier, salarié chez Transdev à l’aéroport de Roissy, a été licencié. Le second, ouvrier en boulangerie industrielle pour le groupe InVivo, est en cours de procédure de licenciement. A la SNCF, une cheminote victime d’agression sexuelle dans l’entreprise et le délégué SUD-Rail l’ayant défendu sont tous les deux menacés de licenciement à Strasbourg. »

Pour riposter « face à cette véritable dictature patronale qui cherche à museler toute contestation », plus d’une dizaine de syndicats dont la CGT Roissy, Sud Rail Alsace, la CGT Total Energies Normandie, FO Fnac Paris, ou encore Sud Aérien, tous concernés par la répression, appellent à une première réunion de coordination pour ne pas « se contenter d’une défense individuelle et isolée ».

Cette première réunion de coordination ce dimanche 7 avril devrait en appeler d’autres dans l’objectif de mettre sur pied un plan de bataille et des initiatives coordonnées pour inverser le rapport de force. Pour s’y inscrire et connaître les modalités de participation, ils invitent tous les militant-e-s et secteurs concernés à envoyer un mail avec le secteur, le syndicat, ville, ainsi qu’un numéro de contact à stoprepressionsyndicale@gmail.com