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Etat d'urgence sanitaire

A Neuhauser, la loi d’urgence déjà appliquée : fini les 35 heures !

Alors que le texte du « projet de loi d’urgence » devrait être voté dans le week-end et étend le pouvoir des employeurs pour déroger au droit du travail et attaquer les acquis des salariés, certaines entreprises commencent déjà à s’appuyer sur le projet pour imposer des changements arbitraires de l’organisation du travail. A Neuhauser, dans l’agro-alimentaire, Christian Porta, délégué CGT, revient sur une situation qui annonce ce qui attend de nombreux salariés.

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Crédit photo : Neuhauser

A Neuhauser, entreprise de boulangerie industrielle, la semaine dernière a été consacrée par les salariés à une lutte pour des conditions sanitaires dignes, face au manque total des mesures d’hygiène et de sécurité de la part de l’entreprise, alors qu’un salarié était hospitalisé suite à une potentielle infection au Covid-19. Des droits de retrait qui ont permis d’arrêter la production.

Mais, alors que le travail est sensé reprendre lundi, c’est à un nouveau type d’attaque que doivent faire face les ouvriers de l’entreprise agro-alimentaire. « Comme dans beaucoup de boîtes privés, on a des accords qui imposent toute une procédure si on veut apporter des changements dans l’organisation du travail. On ne peut pas changer les plannings des salariés sans respecter un délai de prévenance par exemple. Or là, la direction a décidé de procéder à des changements vendredi pour lundi, sans se soucier des situations personnelles des salariés. » rapporte ainsi Christian Porta, délégué CGT Neuhauser.

« On est en 5/8 et on travaille 32 heures, et la direction nous a fait passer aux 37 heures. Certes, ce sont 37 heures payées 37 heures, notamment parce que le rapport de force de la semaine dernière doit l’effrayer, mais il s’agit d’un non-respect d’accord et d’un mépris total des travailleuses et travailleurs de la boîte ! » explique le syndicaliste. Or si l’entreprise semble s’être sentie pousser des ailes face aux salariés c’est pour une raison simple. « Maintenant on peut, on applique la nouvelle loi du gouvernement sur le coronavirus » a ainsi opposé l’entreprise au syndicaliste.

Alors même que le projet de loi d’urgence n’est pas encore voté, les directions d’entreprise semblent ainsi avoir bien compris les prérogatives dont les dote cette loi d’exception, qui s’inscrit dans la gestion pro-patronale du gouvernement en étendant sans limite les droits des employeurs. « Pour le moment ils ne parlent pas des congés payés, mais on sait à quoi s’attendre. Déjà l’entreprise utilise le fait de pouvoir changer l’organisation du travail sans prévenir alors que la loi n’est pas passée. Mais ça montre ce qui nous attend : une flexibilité des travailleurs et travailleuses, sans délai de prévenance, sans rien. » Une situation face à laquelle les travailleurs n’entendent cependant pas abdiquer. « On est une boulangerie industrielle, on a conscience de l’importance du boulot qu’on fait, mais cela ne peut pas être au détriment de notre sécurité, de nos conditions de travail. » conclue Christian Porta.

De fait, si logique du gouvernement consiste à étendre le pouvoir des patrons et réduire celui des salariés, c’est plutôt à l’inverse qu’il faudrait procéder. En effet, comme l’ont signalé de nombreux salariés cette semaine, les patrons semblent plus soucieux de la continuité des profits que de celle de la production, et sont prêts à mettre en danger les travailleurs dans une logique de rentabilité à courte vue. Or, ce sont précisément les travailleurs des secteurs essentiels comme l’agro-alimentaire qui sont les mieux à mêmes de savoir comment organiser la production tout en préservant leur santé et celle des autres. En ce sens, dans cette période où leur activité est centrale, ce sont eux qui devraient avoir le dernier mot sur l’organisation du travail et pouvoir imposer les conditions qui leur semblent adaptées pour répondre aux besoins de la situation.


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