Azzédine Taïbi, maire de Stains, en Seine-Saint-Denis, a publié ce lundi sur X (ex-twitter) sa convocation, mercredi 24 avril, par le tribunal administratif de Montreuil sur ordre de la préfecture. Le simple tort du maire est d’avoir pris un arrêté visant à interpeller l’Etat sur la nécessité d’un plan d’urgence de l’éducation pour le 93. Onze autres maires, qui avaient adopté un décret similaire, sont eux aussi convoqués.
Avec 11 #Maires de Seine-Saint-Denis, je suis convoqué au Tribunal Administratif de #Montreuil, mercredi matin par le Préfet !
Notre seul tort : Avoir pris un arrêté contre l’État pour défendre l’égalité et la dignité de nos élèves et exiger un plan d’urgence pour l’éducation✊ pic.twitter.com/BJlPwsfptm— Azzédine TAÏBI (@AzzedineTAIBI) April 22, 2024
Ces arrêtés, mis en place à Stains, Bobigny, la Courneuve, l’Île-saint-Denis, Bagnolet, les Lilas, Montreuil, Le Pré-saint-Gervais, Pantin, Noisy-le-Sec, Sevran et Romainville, imposent 500€ d’astreinte au gouvernement par jour tant qu’il n’aura pas satisfait les exigences des maires, différentes selon les villes, au sujet des conditions d’enseignement, de l’embauche de plus de personnel et de l’augmentation de leurs salaires.
En effet, la Seine-saint-Denis est concernée depuis février par une importante mobilisation des travailleurs de l’éducation, qui exigent des conditions de travail et d’enseignement décentes, alors que le 93 est miné par l’insalubrité des infrastructures scolaires et le sous-effectif constant et visé par les offensives racistes du gouvernement. L’intersyndicale locale du 93 milite, dans ce sens, pour un « plan d’urgence » que les maires de ces douze villes ont décidé d’appuyer en adoptant un arrêté condamnant l’Etat pour son non-respect de la dignité humaine des élèves du 93.
Si le lycée Blaise Cendrars, à Sevran, a occupé le devant de la scène, il y a quelques semaines, il est loin d’être un cas isolé. Le 93 n’est, en outre, pas le seul département à souffrir des manques de moyen, du mépris permanent du gouvernement et des politiques austéritaires, comme peuvent en attester les récentes mobilisations à Chambéry, à Toulouse, ou encore dans le Val-d’Oise. Alors que Macron a prévu de nouvelles coupes budgétaires de 692 millions d’euros pour l’éducation nationale, l’initiative des maires conteste ouvertement la politique de démantèlement de l’enseignement que conduit le gouvernement.
Ce motif seul était suffisant pour qu’il lance une offensive inédite contre des élus locaux. C’est l’objet de la convocation d’Azzédine Taïbi et des onze autres maires concernés mercredi 24 avril. Encore une fois, l’Etat n’apporte pour seule réponse des travailleurs que la répression sourde, attaquant sans distinction les lycéens qui s’opposent eux aussi à ces conditions d’enseignement indignes, les soutiens de la Palestine, le mouvement syndical, c les militants écologistes ou les jeunes des quartiers populaires.
Une réponse à l’image du projet éducatif du gouvernement qui entreprend de transformer les écoles en bagnes, de traquer les « fauteurs de trouble » et de criminaliser les parents, tout en accusant les élèves d’être les vrais responsables de l’insalubrité des établissement scolaires. Un vrai bouquet d’attaques répressives qui sont devenues la marque de fabrique du gouvernement Macron.