Il est quatre heures du matin quand les grévistes se retrouvent devant la salle de pause du site de Neuhauser à Fürst, une boulangerie industrielle où travaillent à la chaine plus de deux cents salariés. Après une première journée de grève très largement suivie, l’équipe du matin a repris le flambeau ce mercredi et, encore une fois, quasiment tout le monde a débrayé.

Au cœur des discussions, « l’ambiance de mort » dans laquelle la direction a plongé le site après qu’elle a signifié, mercredi 7 février, à Christian Porta, délégué syndical CGT, sa mise à pied conservatoire avec interdiction d’accéder au site. Une offensive hors norme de la direction qui n’a d’ailleurs pas hésité à envoyer la gendarmerie jeudi dernier pour empêcher le syndicaliste d’entrer dans l’usine.

Alors qu’une grève était prévue pour exiger des augmentations de salaire, après des NAO où la direction n’a proposé que des miettes, la sanction contre Christian a mis le feu aux poudres. C’est ce dont témoigne une des grévistes : « On est en colère. Là c’est principalement pour Christian. Je débrayerai jusqu’à sa réintégration. Il y en a pas mal qui n’allait pas sortir pour les NAO, mais depuis Christian tout le monde sort ».

Une colère exacerbée par une lettre de la direction distribuée aux salariées en début de semaine. Intitulée « Point sur le dossier disciplinaire de C. Porta », celle-ci vise clairement à menacer les salariés qui soutiendraient le syndicaliste. La lettre se conclut en effet en appelant les salariés solidaires à se signaler afin d’« envisager avec eux leur sortie de l’entreprise dans les meilleurs délais ».

Depuis la semaine dernière, des équipes de gendarmes tournent autour du site pour garder l’usine et la direction a fait embaucher des vigiles pour surveiller les salariés. « Il y a toujours eu un vigile la nuit. Depuis Christian, il y en a beaucoup plus, ils sont partout. Ils nous surveillent » explique l’un d’eux. Aujourd’hui, deux huissiers sont venus à la rencontre des grévistes alors qu’ils échangeaient avec Christian Porta.

« La direction essaye d’imposer un climat policier sur le site, pour nous faire peur » explique ainsi le syndicaliste. En plus des vigiles, de la police et des huissiers, la direction elle-même fait preuve d’une activité renouvelée : « D’habitude on ne les voit jamais, explique un des grévistes, aujourd’hui ils sont venus nous prendre à part individuellement ».

Cette situation, loin de calmer les grévistes, exaspère tout le monde. « Au lieu de nous augmenter, ils s’accordent des primes, augmentent leurs salaires, ils dépensent du fric pour des vigiles, engagent des huissiers » confie Luc*. Pour les salariés, le déroulement des prochaines heures est tout tracé. « Je suis prêt à aller jusqu’au bout » lance l’un d’eux quand un autre ajoute : « ils avaient jeté un froid, mais maintenant on est bien réchauffé ».

Dans la soirée, l’équipe de l’après-midi va débrayer à nouveau. Si la direction espérait briser la détermination des salariés en réprimant Christian Porta, l’opération a plus qu’échoué. Au contraire, la répression a resserré les rangs. Vendredi, la CGT Neuhauser appelle à un rassemblement à 9h au 18 avenue Foch à Folschviller devant le siège de l’entreprise. Dans un contexte de répression anti-syndicale inédit, soyons nombreux.ses à soutenir l’exemplarité de leur combat.

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