Crédits : Aurel / Le Monde

Le projet de loi asile-immigration, porté par Gérard Collomb, celui-là même qui accuse les migrants de faire du « benchmarking » sur les pays européens, adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale en avril dernier, n’avait pas reçu les faveurs de la droite des Républicains au Sénat. Dans une surenchère réactionnaire, consécutive au tournant à droite toute que Wauquiez a initié contre la ligne de Calmels et qui s’inspire de la politique de Matteo Salvini en Italie, les sénateurs avaient amendé le texte dans le sens d’une plus grande répression des migrants, d’un allongement de la durée de détention et de la limitation du regroupement familial pour éviter le fameux « appel d’air » que la rhétorique d’extrême-droite agite à tout bout de champ.

Ce 25 juillet, la commission mixte paritaire qui rassemble les sénateurs et les députés n’a pas réussi à déboucher sur un accord à propos de la loi asile-immigration. Florent Boudié, chef de file de LREM, dénonce une « droite sénatoriale caporalisée par Laurent Wauquiez » tandis que Philippe Bas des Républicains soutient les amendements réactionnaires du Sénat au titre que « les Français attendent des mesures de fermeté  » et que Guillaume Larrivé, partisan de Wauqiez, affirme que « l’échec de la CMP démontre l’incapacité et l’absence de volonté des macronistes à adopter de vraies mesures de diminution de l’immigration ». Ces positions, outre qu’elles traduisent le tournant vers la droite la plus dure qu’a initié le nouveau chef de LR, servent à déstabiliser le groupe parlementaire marcroniste qui a connu sa première division sérieuse justement sur la loi asile-immigration. Au début du moi de mai, on assistait en effet à la première rupture au sein du groupe parlementaire LREM avec le député Jean-Michel Clément qui s’est mis en « congès » de la majorité parlementaire et que quatorze députés macronistes se sont abstenus et que quatre-vingt-dix-neuf marcheurs qui ne se sont pas déplacés pour voter.

Au point mort, le projet de loi repassera en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale à partir du 25 juillet et devant le Sénat à la rentrée en septembre. Tout laisse à penser que la polarisation à droite sur la question migratoire, palpable depuis l’affaire de l’Aquarius et la reprise par Macron des propos de Matteo Salvini sur les ONG qui viennent en aide aux migrants, va profiter au durcissement d’un projet de loi porté à l’origine par un Gérard Collomb plus que jamais remonté contre les migrants.