Dans la nuit de lundi à mardi, au cœur de la cité du Village à Persan, des gendarmes « sécurisent » la place de Verdun. Des enquêteurs de la section de recherches de Versailles ont procédé, en début de matinée, à une série d’interpellations à Persan et à Beaumont-sur-Oise. Les gendarmes agissaient sur commission rogatoire d’un juge d’instruction de Pontoise. En attente du « dépaysement » de l’affaire demandé par la famille Traoré, la juridiction du Val-d’Oise est toujours en charge de l’enquête, de même que Yves Jannier, auteur de communications mensongères à propos de la mort d’Adama Traoré.

Trois personnes interpellées pour des blessés. Adama, lui, est mort.

C’est dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour « tentatives d’homicides sur les policiers et les gendarmes » que ces trois personnes ont été interpellées dans le secteur de Boyenval. Elles ont été placées mardi soir en garde à vue au pôle judiciaire de la gendarmerie à Pontoise. Ce ne sont pas moins de 38 gendarmes qui ont déposé plainte pour « tentative d’homicide » suite à des « violences » qu’ils auraient subies pendant les quatre nuits de révolte à Persan et à Beaumont-sur-Oise qui ont fait suite à la mort d’Adama Traoré, tué des mains de la gendarmerie.

Très fortement réprimées par les forces de police, ces manifestations de colère auraient été le lieu d’affrontements et de coups de feu tirés au fusil de chasse par la jeunesse en colère. Les trois personnes interpellées seraient « soupçonnées d’avoir ouvert le feu sur les forces de l’ordre » au cours des révoltes ou « d’avoir été les complices de tireurs ». Au total, ce serait onze gendarmes et un policier qui auraient été blessés par les tirs. C’est dans le cadre de cette enquête qu’un proche de la famille d’Adama Traoré avait été interpellé le 4 septembre puis mis en détention provisoire.

Vous avez dit justice à deux vitesses ?

Alors que les différentes plaintes de la famille d’Adama sont toujours sans suite, alors même que de nombreux témoignages, dont celui d’un pompier, contredisent les versions policières, la justice est plus encline à interpeller des jeunes révoltés par les violences policières, qu’à juger ceux qui ont tué Adama. On peut notamment noter la terrible mutation-sanction du procureur de la République de Pontoise, pris en flagrant délit de mensonge caractérisé. Le voici nommé avocat général à Paris. Un statut équivalent hiérarchiquement à celui qu’il occupait dans le Val-d’Oise.

Depuis la mort d’Adama, il est clair que l’acharnement judiciaire, policier et médiatique ne cesse de s’amplifier. De même que les mensonges du procureur de la République de Pontoise, ainsi que les interpellations, comme la mise en garde à vue du rappeur Jo Le Pheno, qui dans un clip a dénoncé les violences policières. Et les médias participent grandement à cette opération. Eux qui censurent tout ce qui pourrait souffler un vent de révolte contre les violences policières, comme l’a illustré la censure par W9 de Black M qui portait le Tshirt de soutien à Adama.

Empêcher toute jonction ?
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Les médias au service des dominants, comme Le Parisien, tentent de réintroduire l’histoire de la « maladie du muscle cardiaque », pourtant largement démentie par les autopsies. Le gouvernement souhaite, lui, à tout prix étouffer une révolte qui pourrait gronder, dans les quartiers populaires, dont il attise pourtant la colère, sur fond de racisme d’État, de chômage de masse et de précarité. Il s’agit à la fois de mettre sous silence les jeunes des quartiers, alors que ses forces de police ne cessent de les réprimer, à travers notamment des contrôles aux faciès.

Alors que la répression syndicale, les matraqués et inculpés de la loi travail, ont créé les conditions d’une jonction possible avec la répression plus structurelle et quotidienne des jeunes des quartiers populaire, l’affaire de l’agression de Guillaume Vadot, doctorant à la Sorbonne, est en train de révéler le caractère potentiellement dangereux pour le gouvernement que pourrait avoir la construction d’un large mouvement contre les violences policières, le racisme, l’islamophobie, et la répression.

Un meeting pour faire front contre les violences, l’islamophobie, le racisme et la répression !

Cela, le gouvernement l’a bien compris. Avec le renforcement de la répression dans les quartiers populaires, bien aidé par les médias, il tente aujourd’hui d’approfondir le fossé, qu’il a, par ses politiques, créé entre le peuple de gauche, en passe de rompre largement avec le PS et les populations racisées, qu’il stigmatise à travers le racisme d’État. Face à cette stratégie du diviser pour mieux régner, il s’agit aujourd’hui de faire front tous ensemble, quartiers, professeurs, étudiants et salariés.

Un front pour faire reculer la police, ses brutalités, son arbitraire et son impunité. Aujourd’hui, un front pour lutter pour nos droits démocratiques pour mieux préparer la riposte de demain. C’est dans ce sens que se tiendra ce jeudi un meeting contre la répression à l’université Paris 1 réunissant Romain Altmann, d’INFO’COM CGT, Sihame Assbague, militante antiraciste, Amal Bentounsi, du Collectif Urgence Notre Police Assassine, Assa Traoré, soeur d’Adama Traoré, Guillaume Vadot, enseignant victime des violences policières, Mickael Wamen, de la CGT Goodyear et un membre du collectif de soutien d’Abdoulaye.

Faisons front contre le Racisme, l’islamophobie et les violences policières !

Adresse : 90 rue de Tolbiac 75 013. Amphithéâtre K. Métro Olympiades ligne 14 ou RER C, ligne 14 Bibliothèque François Mitterand. Bus Tolbiac Baudricourt (62,64,83).