Le reportage réalisé sur place révèle que la détermination des grévistes est loin d’être entamée, malgré la fatigue, le froid et les manœuvres de la direction d’MC Syncro, qui n’a pas tardé à envoyer des travailleurs détachés de différents pays, pour accomplir le travail des grévistes. Ceux-ci entendent bien faire payer à MC Syncro cette atteinte scandaleuse au droit de grève, et ont réagi par le dépôt au tribunal d’une requête en référé, rejetée à deux reprises pour vice de forme. Renforcés par le soutien reçu quotidiennement sur le piquet, les grévistes ne comptent pas en rester là et attendent de pied ferme la réouverture de l’usine, le 2 janvier, pour recourir une troisième fois au tribunal.

Face caméra, les ouvriers racontent leur lutte et témoignent à visage découvert de la précarité et des dures conditions de travail auxquelles ils sont confrontés, tandis que la productivité et les profits ne cessent de croître, au plus grand bonheur du patronat et des actionnaires.


Plus qu’une lutte, le rejet d’une société précarisée

La lutte des salariés d’MC Syncro, dans cette petite usine assemblant les roues pour l’ensemble des véhicules sortant de PSA Poissy, met en exergue ce que le patronat et les gouvernements veulent imposer à l’ensemble de la société : une division et une mise en concurrence toujours plus forte entre les travailleurs, par les différents contrats et conditions d’embauche et de travail. Pourtant, en ripostant par l’unité entre les embauchés et les précaires, les salariés d’MC Syncro ont fait un joli pied de nez à leur direction, et c’est l’intérêt de classe qui l’a emporté sur la division.

Alors que la précarisation des emplois est devenue la règle pour les recrutements, dans le secteur automobile comme dans toutes les entreprises, et que se généralise la peur de se voir licencier sans autre forme de procès et bien souvent dans l’indifférence générale, la lutte des ouvriers d’MC Syncro met au centre le refus de la précarité. Il s’agit d’une vision très clairvoyante sur la stratégie à mener pour faire face à la division de notre camp, qui mériterait d’être popularisée dans tout le mouvement ouvrier.

Leur lutte est la nôtre

Le reportage-vidéo donne une belle image de la politique que l’on devrait déployer dans la période actuelle, pour pouvoir dialoguer avec la frange la plus précarisée et tous les travailleurs qui, souvent, ne croient pas qu’il soit possible de mobiliser les précaires. Pourtant, ils constituent inévitablement le bataillon qui mènera les luttes à venir, car comme le dit si bien Ansoumane Dramé, délégué CGT à MC Syncro, « si on se laisse faire, on va mourir dans la précarité ». Leur bagarre symbolise la résistance de ceux que le patronat veut enfermer dans le silence et exploiter sans limite.

Pour que cela n’arrive pas, il est de la responsabilité des organisations du mouvement ouvrier de mettre en lumière la lutte des MC Syncro, comme une lutte de l’ensemble de notre classe, dans l’automobile et ailleurs, avec un seul mot d’ordre : leur lutte est la nôtre.

Tous les secteurs, des usines aux bancs des universités, sont concernés par la lutte contre la précarité. En ce sens, nous avons tout à gagner à construire l’élan de solidarité le plus large envers le combat des salariés d’MC Syncro, en faisant campagne pour populariser leur grève et recueillir un soutien moral et financier, sur tout le territoire.

Vive la lutte des MC Syncro, ils nous représentent tous !