Après trois journées de grève massive, la détermination des salariés de Tisséo reste intacte. Alors que la direction méprise les grévistes depuis le début du conflit et que la colère est toujours présente quatre nouveaux jours de grève sont appelés par l’intersyndicale, du 30 mai au 2 juin. Les travailleurs du réseau de transport toulousain se battent pour le maintien de l’indexation de leurs salaires sur l’inflation, un acquis important que la direction cherche à supprimer.

Lors de la dernière journée de mobilisation, Jonathan, conducteur de bus et syndiqué CGT, nous expliquait que cette baisse de pouvoir d’achat qu’entraînerait la perte de la « clause de sauvegarde » met de l’huile sur le feu : « Les gens, ils sont véners. Ils ont bien compris qu’on parle du pain, de leur frigo. Quand on t’arrache la bouffe de tes gosses, là, tu prends les mecs à la gorge. Chez nous, ça commence à gronder sale. (…) Aujourd’hui on travaille on n’a plus d’oseille ! »

« Quid de la sécurité pour les usagers ? » 

Le 11 avril dernier, pour la première fois depuis l’histoire de la construction du métro toulousain en 1992, celui-ci était totalement à l’arrêt. Une situation inédite qui témoigne de l’ampleur de la grève : même les cadres, habituellement utilisés pour faire tourner le métro les jours de grève, étaient également mobilisés. Afin d’éviter de nouveau cette situation, la direction a cherché à maintenir le fonctionnement du métro sur les autres journées de grève.

Mais cette volonté de briser la grève met potentiellement en danger les voyageurs ! En effet, comme nous l’ont expliqué les grévistes, la direction délivre des formations écourtées et incomplètes à des salariés non-grévistes et fait tourner le métro en sous-effectif. Des informations confirmées par le dernier communiqué de l’intersyndicale, qui dénonce : « Dans le cadre des différentes journées d’action nous avons constaté que pour faire tourner le métro, la direction a délivré des habilitations en 72h quand en temps normal les agents Tisséo mettent plus de 40 jours à l’obtenir… Quid de la sécurité pour les usagers ? ».

À l’occasion de la journée de grève du 11 mai, un syndicaliste de la CFDT travaillant au métro allait aussi dans ce sens : « La direction nous remplace par des gens qui sont certes habilités, mais qui n’ont pas notre expérience et notre qualité d’intervention. Donc, en cas d’incidents, ça peut devenir très vite compliqué à gérer ». Un autre agent nous confiait aussi que le métro tournait en sous effectif avec « seulement 4 personnes au lieu de 12 habituellement ». Une manœuvre aussi dénoncée par Nicolas, salarié dans la maintenance chez Tisséo et membre du Réseau pour la grève générale : « Ils essaient à tout prix que ça tourne au détriment de la sécurité des voyageurs. Il y a des règles à respecter qui ne sont pas mises en place ».

L’enjeu du soutien des usagers à la grève de Tisséo

Cette mise en danger de la population n’est que la continuité du mépris de la direction pour les salariés et les usagers. En effet, en même temps que la direction s’attaque aux salaires, elle augmente les prix des tickets de transport. Ainsi le 3 mai, elle a annoncé une nouvelle hausse des prix qui prendra effet le 1er juillet. Concrètement, l’abonnement annuel des étudiants non-boursier augmentera de 18%. Une politique dont Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole et propriétaire d’une partie de Tisséo, est directement complice. Alors que les étudiants subissent déjà de plein fouet la précarité et peinent à joindre les deux bouts, ils devront se serrer la ceinture encore plus fort.

Potentielle mise en danger de la population et attaque envers les plus précaires dans un contexte inflationniste : pour l’ensemble des usagers des transports toulousains, voilà deux bonnes raisons de détester la direction de Tisséo, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, et de soutenir la grève en cours. C’est le sens de la pétition lancée par le Réseau pour la Grève Générale, qui vise non seulement à demander le maintien de l’indexation des salaires sur l’inflation des travailleurs de Tisséo, mais également la gratuité des transports.

Il y a un enjeu central à défendre la gratuité des transports publics pour toutes et tous, non seulement pour lutter face à l’inflation, mais aussi dans une perspective écologique. Une victoire des grévistes de Tisséo serait un exemple pour toutes celles et ceux qui luttent pour leur salaire, dans la continuité des mobilisations historiques contre la réforme des retraites et contre l’autoritarisme du régime. Pour organiser le soutien à la grève de Tisséo, rejoins le comité d’action du Réseau pour la Grève Générale qui se réunit mardi 23 mai, à 18 h 30 au Hangar La Cépière.