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Union de la xénophobie

Europe forteresse : l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne veulent sous traiter les demandes d’asiles

En s'appuyant sur le modèle de l’Angleterre, de nombreux pays de l’UE ont depuis début novembre décidé de lancer divers accords afin d'externaliser les demandes d’asile vers des pays tiers. Une mesure qui aura des conséquences terribles pour les migrants qui se retrouveront dans des camps de misère hors de l’Union Européenne.

Léo Stella

30 novembre 2023

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Europe forteresse : l'Italie, l'Autriche et l'Allemagne veulent sous traiter les demandes d'asiles

Une externalisation de la gestion des demandes d’asiles : un nouveau cap dans la politique européenne

Depuis début novembre, ce sont plusieurs pays européens qui ont décidé comme l’Italie ou l’Allemagne de mettre en place une externalisation de la gestion des demandes d’asiles dans des pays hors de l’UE comme l’Albanie. L’Autriche envisage de suivre ses voisins européens. Les procédures ont pour but de décharger la gestion de l’immigration et des procédures d’asiles des pays européens à des pays tiers. Dès leur arrivée en Europe, les migrants seraient donc directement envoyés dans des camps hors Union-européenne pour déroger à la législation. Cette pratique revient à pratiquer une forme de « push-back » et d’expulsion systématique des migrants, dès leur arrivée.

Giorgia Meloni en Italie a par exemple signé avec son homologue albanais, le social-libéral Edi Rama, un accord prévoyant l’ouverture prochaine, dans le pays balkanique, de centres de « gestion des migrants illégaux » placés sous la juridiction de Rome. Le gouvernement d’extrême-droite devra ainsi financer et superviser l’installation d’une structure d’accueil dans le port de Shëngjin, où pourront être traitées des demandes d’asile de migrants qui seront débarqués directement par les navires italiens.

En plus de cela, un centre de rétention administrative devra aussi être construit sur les nouveaux modèles installés en Italie. Selon Le Monde ces deux structures « pourraient prendre en charge 36 000 personnes par an, un chiffre qui correspond au quart du nombre de migrants débarqués sur les côtes de la Péninsule en 2023 ». Un grand flou juridique subsiste autour de ce projet vis-à-vis du droit européen et international, mais ce qui est sûr c’est que les conditions des migrants dans ces camps hors de l’UE seront encore plus désastreuses qu’elles ne peuvent déjà l’être.

En Allemagne, le 7 octobre, le gouvernement socialiste-vert-libéral a pris une série de mesures xénophobes contre l’immigration comme la fin des avantages sociaux réguliers pendant les trois années suivant leur arrivée pour les demandeurs d’asiles ainsi que l’accès à des logements sociaux dans les Länders. Parmi ces lois réactionnaires, l’Allemagne réfléchit à externaliser la gestion de l’immigration à des pays tiers mais cette fois en Afrique. Le but serait de pouvoir expulser directement à leur entrées les migrants dans des pays-tiers afin d’éviter de devoir s’occuper de leurs demandes et de les accueillir sur le territoire. Le gouvernement d’Olaf Scholz serait en train de plancher sur une proposition législative afin de mettre en place d’ici 2025 cette annonce qui prévoit, comme en Italie, une offensive d’ampleur contre les migrants. L’Autriche à la suite de cette annonce a félicité ses voisins souhaitant les imiter.

Des mesures qui s’inspirent du modèle qu’a voulu mettre en place le gouvernement conservateur anglais avec le Rwanda. Cependant, cette mesure a été battue en brèche par la Cour suprême britannique qui a rappelé le caractère illégal de cet accord. Comme le rappelle Le Monde « les juges britanniques ont fondé leur décision sur le principe du « non-refoulement » qui, en droit international, interdit à un pays de renvoyer un demandeur d’asile vers un pays où sa protection pourrait ne pas être assurée. ». Un motif qui n’a pas découragé les pays de l’Union Européenne. D’autant plus que cette externalisation de la gestion de l’immigration en Italie et en Allemagne n’est en réalité qu’une déclinaison nationale d’une politique européenne qui s’incarne dans le futur Pacte Asile et Immigration prévu courant 202. Une politique sécuritaire et réactionnaire qui est loin de s’arrêter à la seule question de l’externalisation de la gestion des demandes d’asiles.

Une externalisation qui s’accompagne d’autres attaques envers les sans-papiers

Le Pacte de l’Union Européen prévoit un saut dans la sécurisation de l’Europe et dans la gestion xénophobe des migrants. Il signe également un renforcement plus agressif des puissances impérialistes dans l’utilisation des pays qu’ils dominent pour faire leur sale besogne. Les différents gouvernements mettent en place des séries de mesures xénophobes et sécuritaires qui ne font que s’accentuer au fil des mois. A l’image de l’accord d’externalisation des frontières entre l’UE et la Tunisie, la France a conclu un accord avec la dictature égyptienne, son gendarme favori dans la région. Les entreprises françaises Civipol, Défense Conseil International et Couach vont fournir à la marine du Caire trois navires de recherche et sauvetage dont elles formeront les équipages, révèle Orient XXI. Le Caire en échange de ses navires et de ses équipements dernier cri de surveillance (caméra thermique, système de positionnement satellite), de la formation de ses garde-côtes par la France devra empêcher dans ses eaux territoriales le passage de migrants vers l’Europe. Une externalisation des frontières qui est à l’origine chaque année de centaines de morts et de violences envers les migrants, mais aussi des conditions de détention inhumaines comme c’est le cas en Libye depuis des années.

Une militarisation des frontières qui se fait aussi en interne des frontières de l’UE. Depuis la dernière « crise » de Lampedusa, qui avait donné lieu à une séquence des plus réactionnaires, de nombreux pays ont sécurisé leurs frontières à l’aide de l’armée. Finlande, Allemagne, Espagne, Italie, France… La plupart des pays européens ont renforcé leurs traques aux migrants.

Enfin, le dernier axe de la politique anti-migrants de l’Union Européenne est l’harmonisation des législations nationales pour s’en prendre directement aux conditions de vie des migrants et accélérer les expulsions. La loi Immigration qui va bientôt passer à l’Assemblée en est le parfait exemple. La loi sortie du Sénat prévoit de nombreuses attaques sur le plan social : exclusion des personnes en cours demande d’asile du droit à l’hébergement d’urgence et des réductions tarifaires des transports, interdiction d’accès au RSA et aux APL pour les personnes étrangères présentes depuis moins de cinq ans en France... L’attaque la plus remarquée est la suppression de l’aide médicale d’État (AME), permettant l’accès aux soins pour les sans-papiers. A cela, se combine une simplification des procédures afin de pouvoir traiter les demandes de manière express et d’expulser les migrants dans la foulée d’un refus d’obtention de visa, avant toute possibilité d’appel.

Dans ce contexte, et face à l’attaque d’ampleur que représente la loi immigration, le mouvement ouvrier doit réagir en investissant pleinement la lutte contre la politique répressive et xénophobe du gouvernement et de l’Union Européenne. Il doit accompagner ces luttes avec toute sa force, en défendant un plan de bataille qui porte haut et fort la revendication de la régularisation sans condition de tous les sans-papiers et le retrait des lois racistes et l’ouverture des frontières.


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