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Jean Luc, l’éboueur guyanais, répond à Macron et l’interpelle au sujet de la prime de 1000 euros

Jean Luc, l'éboueur guyanais qui avait été cité comme travailleur héroïque du confinement par Macron lors de son discours du 31 décembre, a répondu au président. Il dénonce le non versement de la prime de 1000 euros qui avait été annoncé par le gouvernement et réclame qu'elle soit versée pour lui et son équipe.

Rafael Cherfy

4 janvier 2021

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Les vœux hypocrites de Macron le 31 décembre avait été pensés pour réécrire l’histoire de l’année 2020 en masquant le désastre sanitaire. Pour cela, le président s’était lancé dans une tirade de remerciements, dressant une liste de quelques noms d’anonymes pour les ériger en héros du confinement. Parmi eux était cité Jean Luc, éboueur guyanais qui a continué de travailler pendant toute la période des différents confinements.

Jean Luc et son équipe avait été filmés pour un reportage le 23 mars 2020. Mis en avant comme les héros du confinement, Macron a affirmé dans son discours qu’ils ont « permis au pays de continuer à vivre et à la vie de continuer ». Pourtant, Jean Luc a tenu a répondre au président pour lui rappeler qu’au-delà des mots, la reconnaissance n’a pas été pas au rendez vous : « Les primes de 1 000 euros que vous avez mises en ligne et qu’on devait toucher, je n’ai jamais touché ça. J’ai toujours assuré le service minimum. J’estime que mon équipe et moi, on devrait avoir ces primes-là. Je ne pense pas que ce soit une montagne pour vous ! »

Plus largement, l’hypocrisie de l’hommage de Macron aux 3 éboueurs guyanais est à l’image de l’hypocrisie générale du gouvernement envers les secteurs de la première et seconde ligne du confinement. Le ministre de l’économie, Bruno Lemaire, qui naviguait d’un micro à un autre pour vanter le coup de communication de la prime, a clairement arnaqué les travailleurs qui ont pris des risques. En regardant plus précisément les chiffres, on se rend compte que la « prime Covid » n’a été versée qu’à seulement 2 millions de travailleurs avec une moyenne ridicule de 450 euros, selon une enquête du Parisien en mars 2020

Face à ce mépris, beaucoup de salariés se sont organisés pour réclamer la prime. C’est le cas dans la santé, à l’image de la grève à la blanchisserie de l’hopital Haut-Lévêque de Bordeaux, mais aussi chez les transporteurs, comme le montrent les débrayages chez FedEx. La grande distribution n’y a pas échappé, avec de nombreux étudiants salariés en temps partiel qui ont continué à travailler mais ont vu leur prime pro-ratisée, ce qui a crée des dynamiques d’organisation à l’image de Chronodrive ou encore chez Auchan où les salariés affirment avoir été trahis, avec certains qui se sont mobilisés par la grève sur différents magasins comme au Auchan Val d’Europe. Le groupe Casino a connu une forte mobilisation aussi avec les salariés de Monoprix qui ont dénoncé l’arnaque de la prime durant de nombreuses semaines pour être finalement réprimés avec l’assignation en justice de 18 salariés de la CGT Monoprix.

Si la crise sanitaire a mis encore plus en évidence l’hypocrisie du gouvernement Macron, elle a aussi révélé a quel point ce sont les travailleurs essentiels à la société qui sont aussi les moins reconnus et les moins rémunérés. L’arnaque de la prime n’est qu’une des multiples expressions du manque de considération des millions de salariés dont le travail est nécessaire pour faire tourner la société. Au-delà d’une prime qui reste dérisoire comparée aux risques qu’ont pris les travailleurs, l’enjeu est celui d’une augmentation de salaire pour tous les métiers essentiels. Concrètement, il s’agit d’augmenter le salaire minimum à 1800 euros net par mois, tout en appliquant réellement l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. C’est la seule voie pour que chaque travailleur puisse avoir un niveau de vie décent et qu’ils soient un minimum reconnus.


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