Crédit photo : photo illustration couvre-feu à Perpignan / AFP

Depuis le début du confinement, Christian Estrosi, maire Les Républicains de Nice, a renforcé le régime coercitif et autoritaire de la ville : la présence d’un drone contrôlant les rues, l’instauration d’un couvre-feu interdit les sorties de 22h à 5h, la pratique de sport limitée à certains espaces et créneaux…la main de fer du maire est prêt à tout afin de faire respecter le confinement.

Suite à « un relâchement le week-end » du 4 avril, le maire de Nice accompagné du Préfet des Alpes-Maritimes décide de modifier les modalités du couvre-feu dès le 7 avril : il s’agira, dorénavant, d’un couvre-feu différencié selon les quartiers. Il n’est pas étonnant de constater que ce sera dans les quartiers populaires (Trachel, Jean-Vigo, Notre-Dame, Saint-Charles, Bon-Voyage, Maurice-Maccario, Pasteur, Las Planas, Les Moulins : 9 au total) où le couvre-feu s’allongera de deux heures (20h-5h) par rapport au reste de la ville (22h-5h).

La Ligue des Droits de l’Homme a contesté en justice un arrêté qu’elle considérait, comme rapportait Libération, « une manœuvre politicienne [qui] vise à stigmatiser et à faire montre d’autoritarisme envers les populations des quartiers populaires, ainsi collectivement punies. »

Au contraire, le maire argumente cette décision en montrant une hausse sensible des PV dans une très faible partie du territoire communal (1,3 % précisément). Le tribunal administratif de Nice lui a donné raison, en n’y voyant qu’un autre moyen pour « limiter la circulation et les déplacements, dans certains quartiers et à certaines heures, dans le but de prévenir une maladie épidémique et contagieuse. »

Le fait est que c’est dans ces mêmes territoires où la densité de la population atteint des chiffres « hallucinants », selon l’avocate de la LDH. En réalité, le rapport des PV ne prend aucunement en compte la réelle densité de ces territoires, et se limite à une considération uniquement géographique. Ce n’est qu’un pas de plus dans la gestion répressive des quartiers, où « la guerre » contre le virus est utilisée pour légitimer le racisme et la violence d’État.

Dans la stratégie catastrophique du gouvernement pour faire face à la crise épidémique, il n’y a de la place que pour l’exacerbation de l’exclusion, de la stigmatisation, de la répression et de la violence dans les quartiers populaires. Toutefois ces derniers ne se résignent pas à être, une fois de plus, le bouc émissaire d’un pouvoir incapable : les récentes nuits de révolte montrent que la colère gronde dans ces quartiers condamnés à la précarité et à la stigmatisation.