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Education nationale

« Pas de rentrée » : 70% de grévistes au lycée Utrillo contre l’attaque islamophobe et le manque de moyens

Les personnels en grève du lycée Maurice Utrillo à Stains organisaient ce mercredi un rassemblement contre l’offensive islamophobe du gouvernement et la casse des moyens dans l’éducation. Une initiative qui montre la voie à suivre dans l’éducation.

Salomé Leïla

6 septembre 2023

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« Pas de rentrée » : 70% de grévistes au lycée Utrillo contre l'attaque islamophobe et le manque de moyens

Crédit photo : Révolution Permanente

Ce mercredi 6 septembre, 70% des personnels du lycée Maurice Utrillo de Stains étaient en grève pour s’opposer à la politique islamophobe du gouvernement contre le port des abayas à l’école, mais aussi à la casse des moyens dans l’éducation. Un taux de grévistes qui témoigne d’une mobilisation fortement suivie dans l’établissement, où la grève initiée dès vendredi dernier par une partie des personnels se poursuivra encore demain.

A l’appel des personnels du lycée, un rassemblement s’est tenu devant l’établissement à partir de 12h et a réuni une centaine de personnes. Travailleuses et travailleurs de l’éducation, parent.e.s d’élèves, élèves et habitant.e.s de Stains, étaient présent.e.s pour apporter leur soutien à cette mobilisation. Les collègues d’autres établissements de Seine-Saint-Denis tels que le collège Henri Barbusse à Saint-Denis, le collège Barbara à Stains, et les collèges Pablo Neruda et Gustave Courbet à Pierrefitte-sur-Seine étaient présent.e.s pour montrer leur solidarité avec les personnels du lycée Utrillo.

Les services du rectorat avaient également fait le déplacement au moment du rassemblement pour rencontrer une délégation des personnels mobilisés, une stratégie d’intimidation bien rodée alors même que des « équipes valeurs de la République » et les services de police sont déployés dans certains établissements.

Une centaine de personnes réunies pour dénoncer l’offensive islamophobe et le manque de moyens

A midi, les personnels du lycée Maurice Utrillo ont pris la parole devant leurs soutiens pour lire leur communiqué dans lequel ils dénoncent « des politiques qui organisent le manque de moyens, de financement et de personnels et s’accompagnent de politiques racistes qui portent un regard de suspicion sur nos élèves », une « double violence pour les élèves » des quartiers populaires.

Pauline*, professeure au lycée Utrillo explique ainsi : « A la rentrée on a appris qu’on perdait 60h de cours par semaine devant élèves, qu’on perd un CPE, qu’on perd un tiers des postes d’AED, que les effectifs en voie professionnelle passent de 24 à 30, et qu’il n’y a toujours pas d’infirmière nommée, ni de technicien de laboratoire. Et dans le même temps on apprend qu’on va devoir discriminer nos élèves selon leur habillement ». Une collègue du collège Henri Barbusse de Saint-Denis, dont une partie des personnels s’est également mise en grève reconductible, déplore aussi une rentrée catastrophique : « Elle est belle l’école de la République quand on a des cafards dans les salles de classe et de l’eau qui s’infiltre par les plafonds lorsqu’il pleut ».

Parmi les soutiens présents, nombreux sont ceux qui dénoncent le caractère raciste de l’interdiction des abayas par Gabriel Attal. Halima*, parente d’élève à Stains, dénonce une offensive islamophobe de plus : « Chaque année il y a un sujet : le burkini dans les piscines, la cantine où des directeurs demandaient aux parents des certificats pour permettre à leurs enfants de ne pas manger de porc, et là les abayas. On me parle de laïcité mais là ce qu’on voit surtout c’est que l’islam ne doit pas exister, qu’il faut effacer l’islam de tous les espaces publics ».

Omar Slaouti, militant des quartiers populaires et professeur dans le Val d’Oise présent lors du rassemblement, souligne aussi le caractère systémique de ces offensives : « Le gouvernement a décidé de faire sa rentrée en visant certaines élèves, celles qui portent l’abaya, et ça, ça relève de l’islamophobie d’État. C’est important de dire que la sortie d’Attal n’est pas une diversion : il y a une islamophobie structurelle dans ce pays. Ce n’est pas la première attaque : il y a eu d’abord la loi de 2004, entre les deux la loi séparatisme, c’est un ensemble de lois qui stigmatisent ceux et celles qui sont de confession ou de culture musulmane ».

Une initiative qui montre la voie à suivre dans l’éducation

Dans le paysage de cette rentrée scolaire marquée par l’absence de stratégie des organisations syndicales de l’éducation sur cette attaque islamophobe, au risque de laisser les établissements mobilisés isolés, exposés à la répression et fragilisés par le manque de personnels et de moyens, la mobilisation des personnels du lycée Utrillo montre la voie à suivre dans l’éducation pour s’organiser contre les attaques d’Attal et de Macron.

De ce point de vue, au contraire de certains syndicats de l’éducation qui qualifient l’interdiction du port de l’abaya à l’école de « diversion », les grévistes du lycée Utrillo ne se contentent pas de cet euphémisme et dénoncent explicitement le caractère islamophobe de cette mesure. Une mobilisation exemplaire qui montre que les travailleurs et travailleuses de l’éducation doivent être en première ligne pour combattre la stigmatisation de leurs élèves, mais aussi la nécessité de lier la lutte contre l’offensive islamophobe et autoritaire en cours au combat pour les moyens et contre la casse du service public d’enseignement.

Le rassemblement de ce mercredi a également montré que le combat doit s’élargir en coordonnant les luttes des établissements mobilisés et en unissant les travailleuses et travailleurs de l’éducation à la jeunesse, aux parent.e.s d’élèves et à tous les habitant.e.s des quartiers populaires qui sont les premières cibles de la contre-offensive autoritaire du gouvernement après les mobilisations ces derniers mois et en particulier les révoltes de juillet à la suite du meurtre policier de Nahel.

C’est pour discuter de cette situation politique et s’organiser contre l’offensive raciste et islamophobe d’Attal et de Macron que les travailleuses et travailleurs de l’éducation de Révolution Permanente et le Collectif d’Action Judiciaire organisent une nouvelle réunion publique ce jeudi 14 septembre à 19h à Paris. Venez nombreuses et nombreux.


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