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Présentés comme une « touche humoristique », les propos de la DRH de l’académie de Montpellier sont d’une extrême violence. La rencontre entre celle-ci et une cinquantaine de professeurs d’administration gestion avait pour but de discuter des reconversions envisageables suite à leurs futurs licenciements, dans le cadre de la réforme Blanquer et des fermetures de postes qu’elle prévoit de généraliser. En plus de perdre leurs postes, ceux-ci ont eu l’honneur de pouvoir se délecter des traits d’esprits cyniques de la DRH, qui en guise de réponse à une des professeure a déclaré : « Je vais me permettre une réponse avec de l’humour, pensez à l’euthanasie si les reconversions ne vous conviennent pas. »

Loin d’être une blague, ces propos en disent long sur le « marche ou crève » et les techniques managériales très dures imposées par les directions à l’ensemble des travailleurs. Et le patronat et ses relais directs ne lésinent pas sur le mépris des drames quotidiens : ceux des licenciements massifs, des conditions de travail intenables qui poussent au suicide des centaines de travailleurs par an – on estime en effet qu’une personne par jour se suicide à cause son travail.

« Par la fenêtre ou par la porte » : en octobre 2006, c’étaient les dirigeants de France Télécom qui expliquaient, sans filtre, aux cadres de l’entreprise réunis en convention comment atteindre l’objectif de 22 000 départs, « Il faut mettre les gens en face de la vie. On ne va pas faire dans la dentelle. ».

Le procès est ré-ouvert aujourd’hui, à l’heure où la lumière autour de la souffrance au travail et des suicides du fait de la course au rendement et des exigences de productivité à la SNCF, dans les hôpitaux, à la Poste, dans l’Éducation nationale, est également faites… Entre bien d’autres secteurs du monde du travail. Au lycée Jean Moulin de Béziers où se déroulaient la réunion, il y avait eu 6 suicides en 11 ans. Ce cynisme glaçant n’est qu’une goutte d’eau de plus à l’heure où les travailleurs se tuent littéralement à la tâche pour le profit de quelques uns.